Regards du Grand Paris. Commande photographique nationale 2016–2021
Ouvrage collectif
(Textuel, CNAP, Ateliers Médicis, 2022, 272 pages, 45 euros)
Pour ceux qui ont raté (ou veulent revivre) la grande exposition « Regards du Grand Paris » qui s’est achevée le 23 octobre 2022 (répartie sur 40 lieux d’Ile-de-France avec 337 œuvres de 38 artistes), voici aujourd’hui le beau livre qui lui est consacré, coédité par Textuel, le Centre national des arts plastiques et les Ateliers Médicis. Répondant à une commande du ministère de la Culture, fortement inspirée des travaux de la Datar dans les années 1980, six photographes par an ont pour mission de nourrir « les nouvelles représentations urbaines et sociales de la métropole parisienne ».
L’opération devant s’étendre en tout sur dix ans, cet ouvrage recense les travaux à mi-parcours sur la période 2016–2021, avec pas moins de 35 projets réalisés sur cinq ans. Au programme : Aurore Bagarry suit les trajets de l’eau du bassin parisien et recense les traces laissées par les anciens océans ; Raphaël Dallaporta survole le Grand Paris du haut des tours de contrôle et de télécommunication ; Karim Kal fige les paysages nocturnes délaissés le long du RER D ; Lucie Jean partage les derniers moments de loisirs des baigneurs d’un lac destiné à devenir un site des Jeux olympiques ; Marion Poussier va à la rencontre des personnes qui « habitent » les quais du canal Saint-Denis ; Anne-Lise Seusse suit le mouvement des objets dans le sillage des biffins… et bien d’autres encore.
Hormis les propos liminaires d’Anne de Mondenard, historienne de la photographie, qui resitue Regards du Grand Paris dans l’histoire des commandes photographiques publiques, les textes accompagnant chaque projet sont signés de la spécialiste des cultures visuelles Magali Nachtergael. En fin d’ouvrage, d’autres autrices et auteurs sont invités à s’exprimer sous la forme d’une carte blanche : Romain Bertrand (directeur de recherche au Centre de recherches internationales) ; Meriem Chabani (architecte-urbaniste) ; Emanuele Coccia (philosophe) ; Kaoutar Harchi (chercheuse en sociologie) ; Frédérique Aït-Touati (metteuse en scène et chercheuse) ; Alexandra Arènes (architecte) et Axelle Grégoire (architecte). Cette œuvre-somme d’intérêt public laisse entrevoir les facettes des multiplies univers franciliens, dans toutes leurs banalités, leurs marginalités et leurs identités.
Rodolphe Casso