Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki
KMBO, actuellement en salle
En l’an 2123, la Terre est stérile et toute existence animale et végétale a disparu. Toute, sauf l’homme qui, grâce à son ingéniosité, est parvenu à se maintenir en vie, mais à des conditions drastiques. C’est le cas à Budapest, ville recouverte d’un dôme de verre, où chaque habitant a le droit de vivre jusqu’à 50 ans. Ensuite, il devra faire sacrifice de lui-même pour devenir, par un procédé scientifique étrange, un arbre qui fournira oxygène et nourriture au reste de la communauté. Personne ne peut déroger à cette règle, sauf ceux qui souhaitent se faire « implanter » le végétal avant l’âge fatidique, ce qui revient à une forme de « suicide utile ».
C’est le choix que fait Nora, qui a perdu goût à la vie depuis la mort de son fils. Après s’être fait « implanter » sans en parler à Stefan, son mari, celui-ci va tout faire pour inverser le processus. Commence alors un périple qui le conduira au Générateur, là où les corps humains sont « cultivés » pour devenir des arbres, et se poursuivra au-delà des frontières connues, dans un monde désolé, jusqu’à atteindre le « Granum », où vit celui qui a permis à l’humanité de survivre. Mais à quel prix ? Plantée dans un décor urbain futuriste, entouré d’un environnement post-apocalyptique, cette fable écologique est l’œuvre de deux Hongrois, Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki. Sky Dome 2123 est leur premier long métrage d’animation. Leur univers n’est pas sans rappeler celui de Mars Express, du Français Jérémie Périn, sorti en novembre 2023 (lire notre recension dans le n° 434, nov.-déc. 2023) et qui se déroule sur la Planète rouge.
Mais la comparaison s’arrête ici. Car si le film de Périn développait, à travers une enquête cyberpunk, rythmée par d’impressionnantes séquences d’action, des réflexions sur l’intelligence artificielle, Szabó et Bánóczki embarquent le spectateur dans un road trip métaphysique et esthétique qui interroge plutôt l’avenir de l’humanité et met en valeur une touchante histoire d’amour. Plus Solaris que Blade Runner, les deux Hongrois assument ainsi le caractère contemplatif et poétique de leur proposition, propice à la réflexion sur le destin de notre planète.
Rodolphe Casso