Trilogie BQ+A Bernard Quirot architecte et associés – Trois architectures à Grachaux
Olivier Namias
(Avenir Radieux, 2023, 176 pages, 35 euros)
Après une première livraison consacrée, en 2021, au travail de Jean-Patrick Fortin à Caprino Veronese, ce second volume autour d’une Trilogie d’interventions de Bernard Quirot à Grachaux (de 2000 à 2019, en Haute-Saône) commence à « faire collection », comme on dit, au sein des jeunes éditions Avenir Radieux.
Le format est généreux, luxueux même. Les images remplissent impeccablement les pages. Un cahier de plans, détails constructifs et croquis, vient soigneusement clore l’ensemble. L’équipe est maintenue, Olivier Namias écrit, tout en nuances et très documenté, inspiré notamment par l’architecte méconnu Urbain Vitry, Luc Boegly photographie, et Danielle Guigui met en forme.
Persister, c’est le terme qui semble le mieux approprié pour qualifier le projet. Pas moins de 25 déclinaisons furent tout de même nécessaires à la dernière extension du hameau de Grachaux, où sont aujourd’hui regroupés deux maisons (la première, dessinée pour un ami paysagiste originaire de la région) et des bureaux, dans un environnement encore rural.
Acier et bois à Grachaux 1 : derrière la claustra et les retraits vitrés se cachent les réminiscences des maisons de l’architecte australien Glenn Murcutt que l’on commençait à redécouvrir en France au début des années 2000.
Tellurique, la maison en béton archaïque, en strates, et proche du pisé, de Grachaux 2, rappelle la « chapelle de campagne » de Peter Zumthor (2007). Au bord de sa piscine, on se prend soudain à rêver de confinement, c’est dire !
Pierre sur pierre, les bureaux de Grachaux 3 suivent l’ordre de la matière et font suite à la venue, en 2015, de Gilles Perraudin au séminaire de Pesmes, organisé chaque été par Bernard Quirot : une famille de pensée, penser par ressemblances de famille.
Sur la bordure, une longue-vue, sur le rivage et face à la campagne – l’allusion à Paul Virilio est bienvenue –, le hameau de Grachaux revêt aujourd’hui des allures de sentinelle éclairée. Olivier Namias retrouve la métaphore inspirée de « l’établi » pour qualifier l’attitude de Bernard Quirot (Équerre d’argent 2015, à Vézelay), installé dans ces terres de l’Est, à mi-chemin entre Dijon et Besançon. Elle résume à merveille un parcours, sinon une vie d’architecte.
Jean-Louis Violeau