Un varón

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Un varón

Fabián Hernández
(Destiny Films)

« Il y a des codes : ne pas être un mouchard, ni maniéré, ni pédé. » Voici les règles de survie dans les rues de Bogotá, édictées dès la scène d’ouverture d’Un Varón (Un Mâle). Le jeune Carlos, qui vit en foyer alors que sa mère est en prison, n’a pas le physique d’un caïd. Petit, les traits fins, il tente de compenser sa carrure en portant de larges vestes de baseball. Autour de lui, tout n’est que virilité et agressivité.
« Dans ce milieu, il existe des injonctions qui déterminent ce que doit être un homme, rappelle le réalisateur, Fabián Hernández. Carlos emprunte d’abord cette voie, avant de se rendre compte de toutes les failles de ces stéréotypes. »
Son héros, qui doit donc en imposer par la parole et l’attitude, deale pour survivre et envoyer de l’argent à sa mère. La seule personne à qui il peut se fier est sa sœur, qui fait, quant à elle, commerce de son corps.

Autour du jeune homme, les rues offrent un spectacle de désolation et d’insalubrité. Hernández les connaît bien, puisqu’il a fait partie d’un gang avec son frère, dans le quartier de Santa Fe, au centre de Bogotá. « On répondait à tous les critères d’une masculinité très codée : à travers notre démarche, nos expressions, notre façon de serrer la main… Même dans la manière dont on mettait nos vestes. » C’est donc fort logiquement à Santa Fe, mais aussi dans le secteur de Los Martires, que le réalisateur a posé sa caméra. Et alors que Carlos traverse régulièrement des chantiers, des terrains vagues et des champs de gravats, on comprend que la ville est en train d’opérer une mue profonde : « Ce sont des quartiers qui sont en train de disparaître. Il y a de plus en plus de nouveaux bâtiments et les rues
commencent à ne plus du tout ressembler à celles de ma jeunesse. »

Carlos, lui aussi, tente de se reconstruire. Mais doit-il le faire en niant sa nature profonde ? Car on comprend peu à peu qu’il n’est pas attiré par les femmes… Ce qu’il doit taire à tout prix. Il lui faut cependant s’escrimer à donner l’illusion qu’il est un homme selon les critères de la rue. Mais comment ? En liquidant carrément quelqu’un ? C’est beaucoup demander à un jeune garçon qui ne demande qu’à passer Noël auprès de sa mère.

Rodolphe Casso

 

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