Une histoire photographique des femmes au XXe siècle

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Une histoire photographique des femmes au XXe siècle

Agnès Gross­mann
(Gründ, 2022, 256 pages, 300 pho­tos, 37,95 euros)

« On t’espère meilleure au lit qu’au minis­tère ! » C’est par ces mots fort ave­nants, ins­crits sur des pan­cartes bran­dies par des agri­cul­teurs, qu’était accueillie au siècle der­nier (1981) la ministre de l’Agriculture lors de ses dépla­ce­ments. Édith Cres­son en enten­dra (hélas !) bien d’autres quand elle sera nom­mée Pre­mière ministre du gou­ver­ne­ment Mit­ter­rand dix ans plus tard. On note­ra au pas­sage que l’adjectif « public·que » n’a étran­ge­ment pas la même signi­fi­ca­tion selon qu’il est ados­sé au terme « homme » ou « femme ». Dont acte.

Si la femme est l’avenir de l’homme, comme le chan­tait le poète qui a tou­jours rai­son, il n’est pas vain de citer son pas­sé. Car elle revient de loin, comme le rap­pelle la jour­na­liste Agnès Gross­mann dans le très bel ouvrage publié par les édi­tions Gründ, Une his­toire pho­to­gra­phique des femmes au XXe siècle. En huit cha­pitres chro­no­lo­giques, l’autrice pose les étapes char­nières de cette éman­ci­pa­tion fran­çaise, sou­te­nues par la richesse du fonds pho­to­gra­phique Roger-Viol­let et émaillées de repères his­to­riques documentés.

Ce XXe siècle fut syno­nyme de luttes mul­tiples pour celles, incon­nues ou célèbres, qui, dans tous les aspects du quo­ti­dien (métiers, socié­té, arts…) durent affron­ter, au mieux, les rires condes­cen­dants, au pire, le mépris violent de leurs congé­nères mas­cu­lins. Mais de l’indifférence, point.
Depuis l’éducation, enfin ouverte aux filles de la Belle Époque, en pas­sant par deux guerres mon­diales où elles furent appe­lées à rem­pla­cer les hommes par­tis au front, jusqu’aux mou­ve­ments de libé­ra­tion, il fal­lut bien cent ans pour qu’elles puissent s’affirmer en tant que telles : des citoyennes à part entière.

Pre­mière femme conduc­trice de taxi (Madame Decour­celle, 1908) ; pion­nière de la chi­rur­gie esthé­tique, répa­ra­trice des « gueules cas­sées » (Suzanne Noël, 1915) ; pre­mière spa­tio­naute (Clau­die Hai­gne­ré, 1996) ; pre­mière ministre de la Jus­tice, por­te­feuille réga­lien (Éli­sa­beth Gui­gou, 1999) : la liste est longue de ces com­bats âpre­ment gagnés et, pour cer­tains encore, à défendre. On garde aus­si en mémoire les résis­tantes, ces mil­liers de Lucie Aubrac de l’ombre, où seules 10 % d’entre elles reçurent la Légion d’honneur. Trop belles pour ça ?

À la devise « Liber­té, éga­li­té, fra­ter­ni­té », Beau­voir, Badin­ter, Groult, Hali­mi, Sey­rig, Var­da et tant d’autres n’ont eu de cesse de se battre pour y ajou­ter « pari­té ». Pen­dant le XXIe siècle, le débat reste ouvert.

Fré­dé­rique Chatain

 

 

 

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