Welfare

Titre:

Description :

Fre­de­rick Wiseman
(Météore Films)

Auteur de qua­rante-trois docu­men­taires com­po­sant un por­trait de la socié­té amé­ri­caine contem­po­raine, Fre­de­rick Wise­man entame aujourd’hui avec Wel­fare un cycle de res­tau­ra­tion de son œuvre démar­rée à la fin des années 1960. Pro­po­sé en ver­sion 4K, ce film de 1973 a été tour­né à New York, au Centre d’aide sociale de Waver­ly, dans Green­wich Vil­lage, et dépeint juste par l’image, sans aucune voix off, le quo­ti­dien dif­fi­cile des habi­tants les plus dému­nis de la Grosse Pomme.

Femmes, hommes, jeunes, vieux, Blancs, Noirs, Lati­nos, Asia­tiques, vété­rans, jeunes mères céli­ba­taires, han­di­ca­pés men­taux ou phy­siques… La camé­ra de Wise­man dépeint sans fards ni effets de manche tous les visages de la pau­vre­té, dans ce bâti­ment public à mi-che­min entre la tour de Babel et la cour des miracles, où les employés se démènent pour ten­ter d’organiser le chaos, parer à l’urgence, démê­ler les fils admi­nis­tra­tifs, décryp­ter des dis­cours par­fois inco­hé­rents tout en res­tant impas­sibles face à l’extrême détresse.

Bien que ce témoi­gnage ait été fil­mé il y a cin­quante ans et aux États-Unis, ces com­plaintes, qui­pro­quos et dia­logues de sourds, qui font le quo­ti­dien de ce gui­chet du Wel­fare State (que nous tra­dui­rions en fran­çais par « État pro­vi­dence »), res­tent ter­ri­ble­ment fami­liers pour qui­conque a déjà fait la queue à la Sécu­ri­té sociale, à Pôle emploi ou même à La Poste.

D’une durée de 2 h 47 (qui n’est pas super­flue), le film de Wise­man prend le temps néces­saire pour mon­trer la com­plexi­té de cer­taines situa­tions, comme celle de Valé­rie John­son, dont on voit le visage sur l’affiche du film. Cette jeune femme noire sor­tant de l’hôpital après une opé­ra­tion, atteinte de pro­blèmes psy­chia­triques, va ten­ter de régu­la­ri­ser sa situa­tion admi­nis­tra­tive sous l’œil de la camé­ra, qui filme en temps réel pen­dant peut-être… 20 ou 30 minutes ? On perd la notion du temps en sui­vant cette scène abso­lu­ment kaf­kaïenne, et par­ti­cu­liè­re­ment éprou­vante – comme bien d’autres dans le documentaire.

À noter que, paral­lè­le­ment à cette sor­tie en salles, la met­teuse en scène Julie Deli­quet a pré­sen­té cet été une adap­ta­tion théâ­trale de Wel­fare au fes­ti­val d’Avignon (du 5 au 14 juillet), qu’on retrou­ve­ra cet automne au Théâtre Gérard-Phi­lippe de Saint-Denis, du 27 sep­tembre au 15 octobre.

 

Rodolphe Cas­so

 

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Depuis 1932, Urba­nisme est le creu­set d’une réflexion per­ma­nente et de dis­cus­sions fécondes sur les enjeux sociaux, cultu­rels, ter­ri­to­riaux de la pro­duc­tion urbaine. La revue a tra­ver­sé les époques en réaf­fir­mant constam­ment l’originalité de sa ligne édi­to­riale et la qua­li­té de ses conte­nus, par le dia­logue entre cher­cheurs, opé­ra­teurs et déci­deurs, avec des regards pluriels.


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