Maider Darricau18 juillet 20253min0

Nicolas Martin, bourgmestre de Mons

Mons (96 000 habitants) a le vent en poupe depuis son titre de Capitale européenne de la culture en 2015. Une trajectoire qu’elle tente d’accélérer en attirant étudiants, géants du numérique et en multipliant les événements culturels internationaux.

Mons se situe au carrefour de deux cultures urbanistiques – belge et française. Quelles différences observez-vous dans la manière de concevoir la ville ?

Sur ce volet urbanistique, je parlerais plutôt d’une sorte d’étanchéité, car nous avons des politiques diamétralement opposées à celles de la France en matière d’aménagement du territoire. La France a beaucoup laissé faire le développement des périphéries, d’urbanisation des quartier, sans parler des cités de HLM. À l’inverse, nous menons depuis une quinzaine d’années une politique de préservation du centre-ville. Bien sûr, nous avons des espaces commerciaux fermés périphériques, mais sans commune mesure avec les zones d’activité périphériques françaises qui ceinturent toutes les villes. En tant que bourgmestre, j’ai un moratoire sur tout le développement commercial. Nous n’acceptons aucune ouverture en dehors du centre-ville, sauf s’il s’agit d’activités non concurrentielles. Nous sommes extrêmement vigilants quant à ce phénomène et la moindre possibilité de son amplification. En matière de mixité sociale, notre approche est aussi radicalement différente, nous n’avons pas du tout cet effet de concentration dans des tours concentrés comme chez vous. Au contraire, nous privilégions les aménagements en première couronne de ville pour éviter l’étalement urbain avec un objectif de « stop béton » dans les prochaines années.

 

Existe-t-il toutefois une coopération transfrontalière économique ?

Nous travaillons depuis peu avec la communauté de communes du Val de Sambre autour de Maubeuge, Jeumont et Aulnoye-Aymeries, notamment sur la liaison Paris-Bruxelles pour obtenir des gares desservies. J’ai récemment rencontré le maire de Saint-Quentin qui souhaite également collaborer avec Mons. Nous avons essayé de travailler avec Valenciennes et Doua dans le cadre du projet Interreg, sans grand succès. Cependant, nous souhaitons renforcer les synergies entre les universités de Valenciennes et de Mons. Nous avons parfois l’impressions que dans certaines administrations françaises, nous n’avons pas le répondant espéré.

 

10 ans après Capitale européenne de la culture, quel est l’héritage ?

Cette distinction était une continuité d’un positionnement culturel affirmé depuis les années 1970. Après la régionalisation concrète en 1980, chaque ville wallonne a reçu un rôle : Namur est devenue capitale politique, Liège capitale économique, Charleroi capitale sociale et capitale culturelle. Faute de moyens suffisants alloués par mais la Fédération Wallonie-Bruxelles, Mons a dû miser sur les crédits patrimoine et tourisme pour financer son développement culturel. L’effet Mons 2015 a permis de créer une dynamique économique, culturelle et urbanistique. Nous avons créé en 2018 notre propre biennale. Depuis 2018, en tant que maire – après avoir été premier adjoint – j’ai œuvré à favoriser l’accueil d’investisseurs. Nous avons mis en place une cellule d’accueil afin d’accompagner chaque personne dès l’avant-projet. Cette structure facilite les démarches et permet un suivi personnalité, rendant l’investissement plus simple et efficace. Google a même installé ses centres de données. La dynamique impulsée depuis 2015 est très positive : elle a permis la construction de logements et la rénovation de la partie basse de la ville, encore en cours, qui deviendra un véritable joyau touristique et patrimonial.

Propos recueillis par Maider Darricau

Photo : Nicolas Martin, crédit : D.R. 

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