Territoires du soin – Santé, solidarités, accessibilité

La santé, tout le monde est pour !

 

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » Ainsi commence la Constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui induit que notre environnement peut aussi bien contribuer à améliorer notre santé qu’à la dégrader. Et cela, bien davantage que notre patrimoine génétique.

En se basant sur les travaux de Barton et al. (2006) et du guide ISadOrA 1, il apparaît que 80 % de notre capital santé est lié aux choix d’aménagement autour de nous. À commencer par les facteurs socio-économiques (45 %) qui concernent le niveau de vie global d’un individu (emploi, éducation, revenus), puis par les facteurs environnementaux (25 %), soit les nuisances sonores, visuelles, olfactives, les températures anormales, le manque d’espaces de nature à proximité… Pour les urbains, cela revient à dire que l’impact de la ville sur notre bonne ou mauvaise santé est absolument prépondérant.

Depuis quelques années, cette prise de conscience opère chez les acteurs, avec l’émergence de la notion d’urbanisme favorable à la santé (UFS) : « une approche qui repositionne les choix d’aménagement et d’urbanisme comme facteurs clés du bien-être, de la santé, de l’environnement et du climat », ainsi que le définit l’École des hautes études en santé publique (EHESP), avec pour objectif de comprendre et lutter contre la hausse des maladies non transmissibles telles que l’asthme, le diabète, certains cancers et même certaines maladies mentales (liste malheureusement non exhaustive).

À la démarche d’UFS vient s’ajouter la notion de One Health, également dénommée « Une seule santé », affirmant que la santé des hommes, des animaux et de l’environnement sont interconnectées. Ce concept né au début des années 2000 connaît une véritable montée en puissance depuis la crise du Covid ; les agences régionales de santé (ARS) sont toujours plus nombreuses à l’intégrer dans leurs réflexions et actions. Ces dernières constituent d’ailleurs un maillon sanitaire essentiel dans la fabrique de la ville, que ce soit en donnant leur avis sur les documents de planification et les projets d’aménagement ou en collaborant de plus en plus étroitement avec les agences d’urbanisme. Mais aussi en agissant sur les questions d’inégalités territoriales et de déserts médicaux en tentant d’améliorer le maillage de l’offre de santé dans les territoires, et notamment dans les QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville).

Depuis la réforme de l’hôpital de 2009, la fermeture en cascade d’établissements de santé et la suppression de quelque 100 000 lits en vingt ans, l’État tente de rétablir un équilibre et une équité territoriale clairement dégradée. On verra si les initiatives de type « docteur junior », visant à attirer les jeunes médecins dans les territoires en manque de praticiens, ou le projet de 5 000 maisons France Santé d’ici à 2027, annoncé par le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a fait de l’accès aux soins une priorité nationale, permettront de combler des inégalités criantes en la matière. Car le vieillissement programmé de la population française oblige à l’anticipation : selon l’Insee, près d’un habitant sur trois aura plus de 60 ans en 2050, contre un sur cinq en 2005. Ne pas préparer aujourd’hui nos territoires à cet état de fait leur coûtera très cher à long terme.

En mettant en avant la question totalement consensuelle de la santé (qui est contre ?), il est possible d’en faire une clé d’entrée vers d’autres problématiques d’importance (adaptation au réchauffement climatique, augmentation des espaces de nature, préservation de la qualité de l’eau, réduction de l’exposition aux polluants, restauration de la biodiversité…) et de mettre un maximum de gens autour de la table au nom du bien commun.

Rodolphe Casso

1/Démarche d’accompagnement à l’intégration de la santé dans les opérations d’aménagement urbain.

 

Couverture : Mathieu Persan 

 

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