Infra et superstructures – Maintenance, dimensionnement, reconversion

Infra et superpouvoirs

 

Parce qu’elles se trouvent par définition « au-dessus », les superstructures peuvent être utilisées comme l’attribut du pouvoir, qu’il soit culturel, économique ou politique.

Ces totems que l’on voit de très loin, et qui ont la faculté de refaçonner l’identité de tout un quartier, d’une ville, voire d’un pays, ont été érigés en nombre par nos « puissants » pendant la deuxième partie du XXe siècle.

Les premières tours de La Défense ont poussé sous la présidence de Charles de Gaulle ; le centre « Beaubourg » a été lancé sous Pompidou, le musée d’Orsay sous Giscard d’Estaing ; la pyramide du Louvre, la BNF, l’opéra Bastille ou la Grande Arche sous Mitterrand ; le musée des Arts premiers sous Chirac…

Autant de bâtiments, chacun représentatif d’une époque, d’une volonté politique, d’une vision – les mauvaises langues diront d’un règne.

Et ensuite ? Quel grand équipement culturel réclamé par Sarkozy ? Quel bâtiment iconique imposé par Hollande ? Quel haut lieu symbolique imaginé par Macron ?

Certes, sur cette période, la Philharmonie de Paris, les tours Duo ou le Tribunal de Paris sont venus se greffer dans le paysage d’une capitale déjà bien pourvue en monuments. Mais l’inconscient collectif n’associe plus ces superstructures à la volonté d’un président-maître d’œuvre.

L’explication est-elle liée à la brièveté de certains quinquennats non renouvelés ? Ou à la volonté de se faire moins monarque, plus « normal » comme l’avait tenté François Hollande ?

Alors, plutôt que les superstructures, l’héritage des présidences du XXIe siècle portera peut-être davantage sur les infrastructures – et, en particulier, de transports de proximité. Moins clinquantes, moins totémiques (mais pas moins chères), elles rendent des services plus urgents à nos citoyens.

À ce titre, si on lit entre les lignes de l’intervention de Nicolas Sarkozy lors du symposium international qui a clôturé l’exposition Métro ! Le Grand Paris en mouvement à la Cité de l’architecture et du patrimoine en mai 2024, l’ancien président n’a pas fait autre chose que revendiquer le Grand Paris Express et ses 68 gares comme son héritage.

Précisant que, par une complémentarité « architecte-ingénieur-artiste », la dimension culturelle n’était pas oubliée, mais imbriquée dans des bâtiments fournissant avant tout un service.

On se souviendra peut-être aussi d’Emmanuel Macron comme l’initiateur des bus du même nom, mode de transport plus lent mais moins cher, et du « RER métropolitain », ces fameuses Serm ¹ qui devraient permettre une mobilité décarbonée dans les métropoles avec, à la clé, moins de voitures et une répartition démographique plus homogène sur les territoires.

Sans remettre en question l’utilité d’un centre Pompidou ou d’un musée d’Orsay, que le monde entier nous envie, cette époque plus sobre pourrait nous amener à nous réjouir que les habitants de Nouvelle-Aquitaine puissent profiter en 2028 de 324 trains par jour. Ou que, en 2034, la ligne à grande vitesse Montpellier-Béziers permette la mise en place des TER cadencés à Frontignan, Sète, Agde et Béziers.

Quant aux superstructures emblématiques, avant de regretter qu’il n’en naisse pas de nouvelles, contentons-nous peut-être d’entretenir les anciennes. Les chiffres annoncés pour la rénovation du Louvre, de Beaubourg, de la tour Montparnasse ou de l’arche de La Défense pourraient nous en convaincre.

Rodolphe Casso

1/Services express régionaux métropolitains, ndlr.

 

Photo : Centre Pompidou, façade est rue du Renard. Architectes Renzo Piano et Richard Rogers.
© Sergio Grazia

 

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