Anachronismes urbains
Une conférence et un débat organisés par l’AUDAP, agence d’urbanisme atlantique et pyrénées
Avec Jean-Marc OFFNER, directeur général de l’a urba, Jean-René ETCHEGARAY, Président de l’AUDAP et de l’Agglomération Pays Basque, et Bernard PEYROULET, Président de la Communauté de Communes des Luys-en-Béarn et Vice-Président du Pôle Métropolitain Pays de Béarn.
« Pour résoudre les problèmes de mobilité : le transport collectif ! Contre la crise du logement : tous propriétaires ! Il faut lutter contre l’étalement urbain ! Pas de vivre-ensemble sans mixité résidentielle ! La proximité refonde les liens sociaux et politiques ! Pour mieux gérer les territoires, changeons leur périmètre ! L’architecture fait la ville ! » S’appuyant sur son livre Anachronismes urbains, Jean-Marc Offner déconstruit une à une ces 7 « croyances », érigées en dogmes, pour nous permettre de penser la ville de demain.
Retrouver la conférence et les débats en podcasts
A lire sur notre site : l’interview de Jean-Marc Offner
Dans le numéro 416 d’urbanisme, Antoine Loubière présentait le livre de Jean-Marc Offner :
Anachronismes urbains propose une vaste synthèse analysant sept dogmes de l’action publique, qui sont autant d’obstacles à une bonne compréhension des transitions à l’œuvre. Pour ce faire, Jean-Marc Offner s’appuie sur le travail de nombreux chercheurs en sciences humaines et sociales – les références précises sont en notes –, car il estime que « l’impossibilité collective de construire un dialogue fructueux entre savants et acteurs locaux » est une des causes du conservatisme qui domine encore l’action publique. Ce conservatisme provient d’une période historique précise, celle des Trente Glorieuses, marquée principalement par l’exode rural et par le passage finalement brutal d’une France rurale à une France urbaine.
L’auteur considère que les politiques publiques restent bloquées sur le logiciel des années 1960, en particulier les « instruments » qui contribuent à le s construire. Au fil des ans, ces « croyances d’un autre âge » ont pris valeur de dogmes : le transport collectif comme moyen prioritaire de résoudre les problèmes de mobilité, la perspective d’une France de propriétaires, la lutte contre l’étalement urbain, l’impératif de la mixité résidentielle pour assurer le vivre-ensemble, la proximité comme « gage de symbiose avec le terrain », la quête du bon périmètre institutionnel, la place privilégiée donnée à l’architecture dans la fabrication de la ville. Notre auteur s’attache donc à les déconstruire avec vivacité et clarté, pour dépasser des modes de pensée binaire. Il plaide pour des réponses diversifiées à des enjeux complexes.
Dans cette approche, l’urbaniste est un « expert ès espacements ». Ce qui explique pourquoi le paysagiste Michel Corajoud est le concepteur le plus cité.
En conclusion, Jean-Marc Offner met les mains dans la boîte noire des outils et des méthodes pour souligner « l’importance de la représentation » et appeler à « une révolution cognitive et méthodologique ». Quant aux forces susceptibles de porter ladite révolution, on a cependant un peu de mal à les identifier, si ce n’est du côté des agences d’urbanisme et des programmes de recherche comme ceux de la plateforme Popsu. Car elle suppose aussi un « travail politique » sans cesse à reprendre pour, selon les mots d’Hannah Arendt cités par Jean-Marc Offner, transformer « un monde pluriel, celui de l’irréductible diversité humaine, en un monde commun »