Les espaces urbains sont promis à un renouvellement destiné à les adapter au changement climatique et aux transformations environnementales. Tout en augmentant leur densité et qualité d’usage en réponse aux attentes et besoins des habitants.
Au cœur de ces métamorphoses, l’urbanisme culturel et artistique peut jouer un rôle important.
La ville et la diversité des territoires ont toujours été une source d’inspiration et un terrain de prédilection pour les artistes. Elle constitue pour eux, et pour nous tous, un horizon de formation, de création, de stimulation et de reconnaissance.
L’art urbain impacte l’urbanisme par sa dimension contextuelle.
Les artistes pensent et font penser la ville de manière sensible, ils accompagnent les transformations urbaines et sensibilisent les publics aux grandes questions politiques, sociales et environnementales. Leurs œuvres séduisent un public de plus en plus large et mixte.
Pour s’inscrire dans l’espace public, l’artiste doit concevoir une œuvre non seulement décorative, mais aux portées urbanistiques, car elle devient constitutive d’un lieu utilisé. Ici réside le cœur de la pratique de l’urbanisme culturel, dans l’accompagnement du processus de rencontre entre un lieu, un artiste et une œuvre.
L’art, intégré dans la vie quotidienne, sous toutes ses formes, est devenu un véritable marqueur – un emblème – de l’identité de certaines villes. Depuis 2017, les œuvres pérennes d’Un été au Havre modifient les perceptions et les usages de la ville en créant de nouveaux itinéraires et de nouveaux points de vue. Chaque année, la ville capitalise sur cet évènement estival pour expérimenter, embellir, communiquer et consolider son patrimoine artistique et culturel.
Pour aller plus loin, elle propose depuis 2023 le programme Métamorphoses pour imaginer la ville de demain, destiné à développer une nouvelle attention à la place et aux fonctions de l’art dans l’aménagement public, à observer de près comment des urbanistes, architectes, designers, acteurs du logement social, collectifs citoyens, etc., arrivent, par une multitude d’actions et gestes concrets, à transformer les villes pour les rendre plus inclusives, écologiques, généreuses, et bien évidemment, belles.
Grâce à l’urbanisme culturel et artistique, réinjecter de la beauté dans le paysage urbain
Nous avons tous traversé des zones urbaines laides, sombres, incohérentes, issues d’un développement anarchique du territoire. Or, la qualité générale et notamment esthétique de l’environnement influence considérablement le bien-être, la cohésion sociale et le sentiment d’appartenance à un lieu et à une communauté. Vu sous cet angle, investir dans le beau peut être considéré comme une nécessité. L’art, quelle que soit sa forme, permet de qualifier, d’embellir n’importe quel espace et de stimuler les rapports sociaux et les activités économiques.
Prenons l’exemple des entrées de ville en France qui offrent souvent le paysage chaotique de zones commerciales juxtaposées et concentrent de nombreuses externalités négatives, le tout impactant les territoires d’implantation. Conçues suivant des logiques urbanistiques qui n’ont plus cours, ces zones font l’objet de nombreuses opérations de requalification et transformation urbaines.
Les nouvelles zones d’activité sont conçues avec l’intention de tirer les enseignements du passé et produire des projets de qualité, intégrés dans leur environnement. Dans ce cadre, l’apport d’une approche artistique peut se révéler décisif pour améliorer l’esthétique générale des lieux et transformer leur image.
Florence Cocozza
« La Chasse aux Formes » est un ensemble composé d’une peinture murale au sol de 20 x 2 m et de deux sculptures de 2,5 m de haut créées par Caroline Dervaux pour le parcours d’été artistique 2023 à Chessy (77) avec les installations des Nouveaux Voisins & Cécile Le Talec, avec l’agence Art City Agency. Photo : François Hedin, Hermeline Guillot-Noël & Olivier Turpin