Le PRU La Cerisaie – Derrière-les-Murs-de-Monseigneur, l’un des QPV de Villiers-le-Bel (Val‑d’Oise), a servi de laboratoire à la municipalité pour amorcer, dès le début des années 2010, une politique en faveur d’aménagements égalitaires. Désormais, la Ville amplifie son action dans le cadre du NPNRU. Son mot d’ordre : accompagner les usages et rectifier les aménagements si besoin.
C’est du pied de la copropriété des Bleuets, à La Cerisaie, que sont parties en 2007 des émeutes urbaines de grande ampleur. L’immeuble n’avait de fleuri que le nom et avait connu en 2004 un premier plan de sauvegarde. Le programme de renouvellement urbain (PRU) s’est déployé depuis sur le quartier et, avec lui, a été réhabilitée la barre de 200 logements, livrée dans sa nouvelle version en 2018. Le PRU a en même temps organisé le station- nement en poches pour concentrer les voitures dans des zones dédiées. Le cul-de-sac de l’allée des Bleuets s’est ouvert sur le reste du quartier et une trame viaire a été créée: de nouvelles rues, étroites et bordées d’arbres, accompagnées de larges trottoirs au niveau du sol. L’agence Inuits Paysagistes a également imaginé un parc pour enfants à l’arrière de la copropriété ainsi qu’une grande esplanade conduisant aux écoles du quartier. Plus rien à voir, donc, avec les terrains vagues qui jouxtaient les immeubles sortis de terre à la fin des années 1950, sans plan d’ensemble, sans que le quartier ne soit jamais achevé.
De premières actions volontaristes
Cette mue de La Cerisaie s’est accompagnée d’autres actions, discrètes mais volontaristes : les halls d’entrée ont été agrandis et vitrés de part et d’autre; une transparence pensée pour déranger les squatteurs et rassurer les femmes. Par ailleurs, aux Bleuets comme dans presque tous les bâtiments construits ou rénovés, les stationnements des bâtiments s’étalent en rez-de-chaussée des immeubles, pour libérer de l’espace au pied des bâtiments. Mais la transparence et la lumière naturelle ont un autre bénéfice : accroître le sentiment de sécurité des femmes, qui redoutent les parkings souterrains. Françoise, rencontrée, ce jeudi 8 décembre 2022, alors qu’elle ouvre à deux livreurs l’accès de la résidence Lucie-Aubrac, voisine des Bleuets, n’est pas entièrement satisfaite du dispositif : selon elle, cela n’empêche pas les fumeurs de cannabis de squatter dans les parties communes. Elle n’a pas terminé sa phrase que des jeunes hommes en voiture passent à très vive allure, alors que des enfants marchent juste à côté. Le quartier s’est apaisé, mais le traitement urbain n’a évidemment pas tout résolu.
De son côté, Medili, grand-mère croisée alors qu’elle allait récupérer ses petits-enfants à l’école toute proche, se souvient très bien de la période précédente et se sent plus à l’aise pour circuler dans le quartier, sans cependant pouvoir en détailler davantage les raisons. D’autres femmes interrogées, qui patientent dans le froid en attendant la sonnerie, sont plutôt contentes d’habiter ce secteur de la ville.
Lire la suite dans le numéro 429
Lucie Romano
Photographie : Le jardin des Délices, un jardin partagé situé sous les fenêtres des immeubles de Derrière-les-Murs-de-Monseigneur