Pile : le tourisme familial, les stations de ski en hiver, les activités de canyoning, VTT électrique et accrobranche en été. Face : les grands espaces, une nature préservée, la randonnée et des musées dédiés à la Résistance et la Préhistoire. Côté Drôme ou côté Isère, le développement touristique du Vercors peine à s’harmoniser, faute de coordination entre territoires. Reportage.
D’un côté, l’opulence, de l’autre, la sobriété. Les trajectoires prises par les deux principaux territoires du massif du Vercors sont aux antipodes. Une vieille rivalité s’est même installée entre le Vercors drômois et le Vercors isérois, dit « des Quatre Montagnes » et composé de Villard-de-Lans, Autrans-Méaudre et Lans-en-Vercors. Certains crient à la « disneylandisation » des Quatre Montagnes quand l’autre partie du massif, menée par Vassieux, La Chapelle, Saint-Martin et Saint-Julien-en-Vercors, est versée sur un tourisme mémoriel lié au passé résistant des habitants. Deux stratégies, l’une volontariste côté isérois, l’autre plus subie. Mais côté Drôme, les paysages préservés semblent aujourd’hui devenir un atout, par le hasard de l’évolution des attentes en matière de tourisme et d’une crise sanitaire qui a changé la donne.
La rivalité entre les deux sites est vieille comme le nom « Vercors », ou presque. Elle est en tout cas en partie liée à la récupération du nom par la partie iséroise. C’est d’abord un géographe, Henri Ferrand, qui pour la première fois, en 1904, attribue le nom « Vercors » au massif. Il sera ensuite repris et précisé dans ses contours par Raoul Blanchard, dans sa description des Alpes. Au départ, pourtant, le Vercors était une toute petite parcelle drômoise, composée de La Chapelle, Saint-Martin, Saint-Julien et Saint-Agnan-en-Vercors, à laquelle s’est ajouté Vassieux, au hasard d’un redécoupage de canton en 1911. À cette époque, le massif n’est pas encore vu comme une entité : les habitants de Rencurel, à 8 kilomètres de là, disent : « Je vais dans le Vercors », lorsqu’ils rejoignent Saint-Julien.
La bataille du nom « Vercors »
C’est à cette même période que débarquent les premiers touristes venus profiter du grand air. Le climatisme fait son apparition : on « monte » chercher l’air pur, 1 000 mètres étant l’altitude considérée comme idéale pour se rétablir de la tuberculose. La route de Sassenage, qui relie Grenoble au massif, favorise l’implantation de sanatoriums du côté isérois. Ces cures d’air pur, de repos et de bons repas se déploient d’abord à Villard, puis sont rapidement suivies d’autres maisons dites de prévention, qui muent en colonies de vacances et essaiment sur le plateau, à Lans et Autrans.
Marjolaine Koch
Crédit Photo : Vue du parking P1 de la station de Villard-Corrençon depuis les pistes. Photo: M. K.