La dynamique des centralités de l’Ouest breton

Du cœur de la métropole aux centres-bourgs, partout les élus de l’Ouest breton se mobilisent pour revitaliser les centres urbains.

L’Adeupa (Agence d’urbanisme Brest-Bre­tagne) contri­bue à leur don­ner la capa­ci­té de por­ter leur pro­jet urbain.

Vous avez dit pro­jet urbain ? Au cours des der­nières décen­nies, « l’aménagement urbain » s’est trop sou­vent résu­mé au libre champ don­né à l’initiative pri­vée pour pro­duire des formes d’habitat ou de zones d’activité stan­dar­di­sées, en exten­sion urbaine, tan­dis que les centres urbains s’affaiblissaient. L’exercice de la com­pé­tence urba­nisme par les com­munes, inter­di­sant toute régu­la­tion signi­fi­ca­tive en dehors de quelques grandes villes, y a beau­coup contri­bué, de même que la modes­tie des moyens d’ingénierie usuel­le­ment déployés. Car cet exer­cice de la com­pé­tence en matière d’urbanisme, tel qu’il est géné­ra­le­ment enten­du, a rare­ment à voir avec celui du pro­jet urbain, se can­ton­nant à une pos­ture régle­men­taire ordi­nai­re­ment nor­ma­li­sée, encore très éloi­gnée des pré­ceptes de l’urbanisme de projet.

L’attention nou­velle por­tée au deve­nir des cen­tra­li­tés, pour sti­mu­lante qu’elle soit, sup­pose de don­ner aux col­lec­ti­vi­tés la capa­ci­té d’une action locale effi­ciente. Les démarches « Action cœur de ville » ou « Petites villes de demain » consti­tuent en cela d’utiles aiguillons, pour autant que les finan­ce­ments opé­ra­tion­nels suivent, et soient effec­ti­ve­ment à la hau­teur des enjeux iden­ti­fiés. Mais par une forme d’empressement à faire la preuve du chiffre et à ser­vir tout le monde, elles peinent à inté­grer deux dimen­sions essentielles :
– la néces­saire gou­ver­nance inter­com­mu­nale de l’urbanisme (et pas seule­ment de l’urbanisme com­mer­cial), pour que les efforts por­tés au niveau des cen­tra­li­tés ne soient pas anni­hi­lés par la concur­rence des com­munes voi­sines, et pour que soient plei­ne­ment consi­dé­rées et trai­tées les dyna­miques de déclin à l’œuvre, en par­ti­cu­lier l’hypermobilité auto­mo­bile et la péri­phé­ri­sa­tion tous azi­muts qui perdurent ;
– le besoin d’une vision du pro­jet urbain conso­li­dée au plan stra­té­gique, la jux­ta­po­si­tion d’opérations de requa­li­fi­ca­tion de l’habitat, de trai­te­ment de l’espace public ou d’animation du com­merce de centre-ville ne suf­fi­sant pas à révé­ler les atouts et attraits spé­ci­fiques aux cen­tra­li­tés et à en res­tau­rer la charge symbolique.

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Cela sup­pose d’abord de prendre le temps d’expliquer et de convaincre de l’intérêt d’un Plan local d’urbanisme inter­com­mu­nal (PLUi), puis d’accompagner son éla­bo­ra­tion et sa mise en œuvre. Alors même que la loi posi­tionne cette com­pé­tence au niveau de l’intercommunalité, sauf oppo­si­tion des com­munes, son exer­cice effec­tif par l’EPCI n’est tou­jours pas une condi­tion d’accès aux pro­grammes de redy­na­mi­sa­tion des centres.
Cela implique ensuite de don­ner à com­prendre com­bien les dyna­miques démo­gra­phiques, éco­no­miques, fon­cières et immo­bi­lières sont inter­dé­pen­dantes. De mon­trer l’intérêt de poser un diag­nos­tic élar­gi des fac­teurs d’affaiblissement des cen­tra­li­tés tout autant qu’un diag­nos­tic sen­sible des atouts sur les­quels fon­der une reconquête.

Cela exige enfin de réha­bi­li­ter la notion même d’urbanité et de se sou­ve­nir que celle-ci consti­tue un enjeu déci­sif et struc­tu­rant en elle-même, à consi­dé­rer et à recher­cher en tant que tel, et non pas, ain­si que nous en avons inten­sé­ment pris l’habitude, une résul­tante contin­gente de pro­ces­sus éco­no­miques, lais­sée à la dis­cré­tion des forces du mar­ché. Et cette réha­bi­li­ta­tion est d’autant plus essen­tielle aujourd’hui, qu’avec l’expansion ful­gu­rante du domaine du vir­tuel et la digi­ta­li­sa­tion crois­sante de leurs échanges, les êtres humains réclament sans doute plus que jamais de pou­voir vivre dans des lieux struc­tu­rés, por­teurs de sens, de sym­boles et de collectif.

Ces étapes essen­tielles ne se décrètent pas. Elles pro­cèdent d’un tra­vail au long cours, fon­dé sur l’interconnaissance et la confiance. C’est ce à quoi s’attachent l’Adeupa et, plus lar­ge­ment, le réseau des agences d’urbanisme, fai­sant le lien entre les mis­sions d’observation, l’accompagnement des démarches de pla­ni­fi­ca­tion (SCoT, PLUi, PLH), et l’élaboration de pro­jets urbains. Cette inter­ven­tion locale et contex­tuelle dans la durée, culti­vant la cohé­rence des approches sec­to­rielles tout autant que celle des échelles ter­ri­to­riales, peine tou­te­fois à trou­ver sa place dans les cases des pro­grammes natio­naux descendants.
Trop cloi­son­nés, trop for­ma­tés dans une approche comp­table de court terme et ter­ri­ble­ment sous-dimen­sion­nés, ils ne faci­litent ni ne s’insèrent vrai­ment dans cette logique de com­pa­gnon­nage au long cours. Ils ne semblent pas davan­tage prendre la mesure de la consi­dé­rable muta­tion à laquelle l’urbain est pour­tant som­mé de faire face, pour inté­grer l’enjeu du réchauf­fe­ment cli­ma­tique et de la sor­tie de la civi­li­sa­tion thermo-fossile.

L’intervention de l’Adeupa dans le domaine du pro­jet urbain est his­to­ri­que­ment cen­trée sur la métro­pole de Brest. Elle concerne tout autant de grands sites stra­té­giques au cœur de la métro­pole – comme l’illustre l’étude Pen­feld 2050, puis l’accompagnement de la démarche « Cœur de métro­pole » – que les cen­tra­li­tés des dif­fé­rentes com­munes, tels les sché­mas de réfé­rence de Goues­nou ou de Gui­pa­vas, par exemple.

Au cours du der­nier man­dat, les sol­li­ci­ta­tions se sont élar­gies, en conco­mi­tance avec l’élargissement de l’exercice de la com­pé­tence PLU par les inter­com­mu­na­li­tés (les 13 EPCI adhé­rents de l’Adeupa l’exercent) et les pro­grammes de redy­na­mi­sa­tion des centres-villes et centres-bourgs. C’est ain­si que, dans les Côtes‑d’Armor, l’Adeupa est inter­ve­nue pour mener des études urbaines stra­té­giques à l’échelle du centre-ville de Lan­nion, de Tré­guier, puis de Guin­gamp, ou qu’elle a accom­pa­gné la pro­duc­tion d’une ana­lyse plus légère sur le bourg de Ples­tin-les-Grèves. Ces études ont été des préa­lables aux can­di­da­tures aux dis­po­si­tifs « Action cœur de ville » et « Dyna­misme des centres-vil­les/­centres-bourgs ». Menées à chaque fois sur une durée d’au moins 18 mois, en concer­ta­tion forte avec les usa­gers des cen­tra­li­tés, elles ont per­mis un pas­sage rapide à l’opérationnel assu­rant la cohé­rence des inter­ven­tions sec­to­rielles sur l’habitat, le com­merce, l’espace public, les équi­pe­ments publics et les mobilités.

Pho­to : Vue aérienne de la ville de Lan­nion avec ses bâti­ments et la rivière Lege, Bre­tagne, France © Iakov Filimonov/Shutterstock

 

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