La Métropole de Lyon bouge les lignes dans l’espace public

Face à la crise écologique et aux enjeux sociétaux, la Métropole de Lyon transforme massivement les espaces publics dans les grands projets, mais aussi dans la ville ordinaire, en ciblant des publics jusqu’ici peu représentés, enfants, femmes, seniors…, en recueillant leur parole, pour une ville plus inclusive et solidaire.

 

Lyon est une des villes les plus tou­chées par le réchauf­fe­ment cli­ma­tique en France, avec des épi­sodes de cani­cule de plus en plus nom­breux. L’effondrement de la bio­di­ver­si­té se mani­feste au niveau local par la dis­pa­ri­tion, entre autres, des popu­la­tions d’hirondelles et de mar­ti­nets. Dans ce contexte qui inter­roge l’habitabilité de nos villes, un des enjeux majeurs est la trans­for­ma­tion mas­sive de nos rues et de nos places de la ville ordi­naire, avec des res­sources de plus en plus contraintes. Les solu­tions sont désor­mais éta­blies : plan­ter mas­si­ve­ment, dés­im­per­méa­bi­li­ser pour favo­ri­ser l’infiltration des eaux et rafraî­chir la ville, ren­for­cer la place du vivant. Au-delà de la crise éco­lo­gique, un des effets induits par la crise sani­taire de 2020, notam­ment par l’expérience d’exploration d’un péri­mètre d’un kilo­mètre autour du domi­cile, a été de réaf­fir­mer l’importance de l’espace public comme bien com­mun, véri­table espace de vie au cœur de l’habiter, mais aus­si vec­teur de lien social et de soli­da­ri­tés. Dans un contexte de crise du loge­ment où les prix ont qua­si­ment dou­blé en vingt ans et où les loge­ments à Lyon sont en moyenne 10 m² plus petits que la moyenne fran­çaise, eux-mêmes 10 m² plus petits que la moyenne euro­péenne, l’espace public appa­raît aus­si comme un néces­saire pro­lon­ge­ment du loge­ment. La fabrique des espaces publics est mar­quée par ce chan­ge­ment de para­digme pro­fond. Cela s’est tra­duit à la Métro­pole de Lyon par l’élaboration d’une charte des espaces publics en 2022, défi­nis­sant six défis prio­ri­taires : mieux adap­ter les espaces publics au réchauf­fe­ment cli­ma­tique et les rendre plus favo­rables au vivant ; assu­rer un confort d’usage indis­pen­sable pour le bien-être et la san­té ; rendre la ville plus inclu­sive et plus soli­daire ; ima­gi­ner des espaces publics adap­tés aux rythmes et usages de la ville ; prio­ri­ser et encou­ra­ger la marche, le vélo, les trans­ports col­lec­tifs et décar­bo­nés ; décli­ner une vision d’ensemble sur le ter­ri­toire qui valo­rise aus­si les spé­ci­fi­ci­tés locales. Ce nou­veau modèle s’incarne éga­le­ment dans les moda­li­tés de réa­li­sa­tion, avec des pro­jets enga­gés rapi­de­ment et sou­vent avec une éco­no­mie de moyens, qui côtoient des trans­for­ma­tions plus pro­fondes et de plus long terme des voi­ries, rues, places et parcs.

 

Les « rues des enfants », déployées de façon massive

À Lyon, cette mesure était au cœur du pro­gramme du nou­vel exé­cu­tif de la Ville de Lyon et de la Métro­pole de Lyon pour une « ville à hau­teur d’enfants », pen­sée par et pour les enfants, par des amé­na­ge­ments urbains, mais aus­si par le fait de don­ner une place aux enfants dans la cité, en affir­mant les droits des enfants et leur place en tant que citoyens. La place des enfants dans la ville est aujourd’hui limi­tée à un nombre res­treint d’espaces : le domi­cile, l’école, les aires de jeux, les parcs, les grands espaces publics offrant des par­cours sécu­ri­sés. Leur auto­no­mie pour se dépla­cer – de plu­sieurs kilo­mètres aupa­ra­vant – s’est pro­gres­si­ve­ment réduite à quelques cen­taines de mètres, avec l’adaptation de la ville à la voi­ture. Les rues des enfants visent à don­ner plus d’espace aux enfants, pour les rendre plus auto­nomes et leur per­mettre de conqué­rir cette confiance néces­saire à leur déve­lop­pe­ment, en les asso­ciant à la recon­quête d’espaces qui les concernent directement.

 

Cécile Féré

Lire la suite de cet article dans le numé­ro 440 « Géné­ra­tions » en ver­sion papier ou en ver­sion numérique

Pho­to de cou­ver­ture : Le vil­lage du Bois Bou­chaud, à Nantes, ensemble médi­co-social inter­gé­né­ra­tion­nel de la Croix-Rouge. © Tho­mas Louapre / Divergence

Cré­dit pho­to : Cécile Féré — Rue des enfants du groupe sco­laire Gilbert-Dru

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


À pro­pos

Depuis 1932, Urba­nisme est le creu­set d’une réflexion per­ma­nente et de dis­cus­sions fécondes sur les enjeux sociaux, cultu­rels, ter­ri­to­riaux de la pro­duc­tion urbaine. La revue a tra­ver­sé les époques en réaf­fir­mant constam­ment l’originalité de sa ligne édi­to­riale et la qua­li­té de ses conte­nus, par le dia­logue entre cher­cheurs, opé­ra­teurs et déci­deurs, avec des regards pluriels.


CONTACT

01 45 45 45 00


News­let­ter

Infor­ma­tions légales
Pour rece­voir nos news­let­ters. Confor­mé­ment à l’ar­ticle 27 de la loi du 6 jan­vier 1978 et du règle­ment (UE) 2016/679 du Par­le­ment euro­péen et du Conseil du 27 avril 2016, vous dis­po­sez d’un droit d’ac­cès, de rec­ti­fi­ca­tions et d’op­po­si­tion, en nous contac­tant. Pour toutes infor­ma­tions, vous pou­vez accé­der à la poli­tique de pro­tec­tion des don­nées.


Menus