Requestionner les modèles économiques et les montages

À l’heure des crises sociale, environnementale, immobilière, avec l’objectif du « zéro artificialisation nette » (ZAN) en ligne de mire, les modèles pratiqués jusqu’alors semblent avoir vécu. Il s’agit aujourd’hui de changer de visions, d’inventer de nouveaux modes de faire, pour agir sur les périphéries.

 

L’image que les citoyens ont des péri­phé­ries est sou­vent cari­ca­tu­rale. Les médias ne sont pas les seuls res­pon­sables, les écoles conti­nuent à apprendre aux enfants une vision sim­pli­fiée de la ville, des ban­lieues, bien peu pro­pice à remettre en cause les idées reçues. La défi­ni­tion même de péri­phé­rie est consub­stan­tielle à celle de cen­tra­li­té. Cette lec­ture ne reflète en rien la com­plexi­té des péri­phé­ries des villes fran­çaises et euro­péennes, consti­tuées d’une diver­si­té de tis­sus urbains dif­fé­rents : lotis­se­ments péri­ur­bains, zones d’activité, zones com­mer­ciales, grands ensembles, bourgs, espaces natu­rels ou agri­coles… Les limites des péri­phé­ries sont de plus en plus mou­vantes et chaque situa­tion appelle à éta­blir des rai­son­ne­ments éco­no­miques et des mon­tages spé­ci­fiques pour repen­ser ces ter­ri­toires, en pre­nant en consi­dé­ra­tion une vision plus large des poli­tiques publiques. Pour enga­ger la muta­tion de ces tis­sus, la pla­ni­fi­ca­tion ter­ri­to­riale spa­tia­li­sée est déterminante.

Une notion conno­tée recou­vrant une grande diver­si­té de territoires

La ville his­to­rique et com­pacte ne repré­sente pas le seul modèle ver­tueux pour habi­ter notre monde. Face aux crises sociale et envi­ron­ne­men­tale, ampli­fiées par la crise immo­bi­lière en cours et l’engagement pro­gres­sif du ZAN [« zéro arti­fi­cia­li­sa­tion nette »,ndlr], le rôle des péri­phé­ries est ques­tion­né. Est-il oppor­tun de den­si­fier le pavillon­naire ? Quelle muta­tion des sites com­mer­ciaux voués à un sup­po­sé déclin du fait de l’essor du e‑commerce ? Quelle place don­ner aux zones d’activité éco­no­mique ? Com­ment conti­nuer à agir sur les grands ensembles en pre­nant en consi­dé­ra­tion plus de qua­rante années de suc­cès et échecs de la poli­tique de la ville ?

Plaine Commune(1) est l’exemple même d’un ter­ri­toire riche et poly­cen­trique, au cœur d’une grande métro­pole, dont l’image pour le grand public est extrê­me­ment conno­tée. Sur envi­ron 4 600 hec­tares, une diver­si­té de tis­sus urbains se côtoient : cen­tra­li­tés his­to­riques, anciens sites indus­triels, grands ensembles, lotis­se­ments, cités jar­dins, zones d’activités, plaques ter­tiaires des années 1990–2000 et grands équi­pe­ments emblé­ma­tiques. Implan­tés au nord de Paris, ils s’inscrivent au sein d’une géo­gra­phie et de pay­sages variés : les bords de la Seine, ceux du canal Saint Denis, la figure des grands parcs et notam­ment le parc de La Courneuve.

Cette diver­si­té, tout comme celle de sa popu­la­tion, repré­sen­tant près de 130 natio­na­li­tés, contri­bue à en faire sa richesse. Peu de ter­ri­toires ont connu une muta­tion aus­si impor­tante que celle inter­ve­nue depuis plus de trente ans sur Plaine Com­mune. Peu réunissent autant de pro­jets urbains, sociaux, éco­no­miques, spor­tifs et cultu­rels. Ce foi­son­ne­ment d’initiatives, ce débor­de­ment d’énergies, cette accu­mu­la­tion de réus­sites et de dif­fi­cul­tés font de ce ter­ri­toire le ter­rain pri­vi­lé­gié de l’affirmation d’un visage lié à la jeu­nesse, la créa­ti­vi­té et la solidarité.

Pla­ni­fier et spa­tia­li­ser à la juste échelle

Dans le pro­lon­ge­ment de visions esquis­sées depuis plus de trente ans et aux­quelles notre équipe a lar­ge­ment par­ti­ci­pé ces dix der­nières années, nous avons récem­ment accom­pa­gné les élus et ser­vices de Plaine Com­mune pour for­ma­li­ser le pro­jet urbain ter­ri­to­rial, en assu­rant le rôle de man­da­taire d’un grou­pe­ment plu­ri­dis­ci­pli­naire (2). L’enjeu de cette stra­té­gie ter­ri­to­riale, ins­crite dans le Mani­feste pour un ter­ri­toire à vivre (3) a été de mieux aire dia­lo­guer enjeux urbains, sociaux et envi­ron­ne­men­taux pour défi­nir sa tra­jec­toire à l’horizon des quinze pro­chaines années.

Guillaume Hébert

Lire la suite de cet article dans le n°439 « Périphéries »

Image — maquettes d’études de l’agence LIST — Ido Avis­sar — étude pour le compte de Plaine Commune

1/ Éta­blis­se­ment public ter­ri­to­rial consti­tué de neuf com­munes : Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, Auber­vil­liers, La Cour­neuve, Épi­nay-sur-Seine, L’Ile-Saint-Denis, Pier­re­fitte, Vil­le­ta­neuse, Stains.

2/ Une Fabrique de la Ville, man­da­taire du grou­pe­ment com­po­sé des agences LIST, Une Autre Ville, Michel Des­vigne Pay­sa­giste, Urban Eco, Amoès, mis­sion conduite de 2022 à 2024.

3/ Docu­ment adop­té par les élus lors du Conseil ter­ri­to­rial du 28 juin 2022 pré­si­dé par Mathieu Hano­tin. https://plainecommune.fr/fileadmin/user_upload/Portail_Plaine_Commune/LA_DOC/L_INSTITUTION/Presentation/Manifeste_Plaine_Commune.pdf

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