À Toulon, les artistes à bon port
Ancien galeriste, l’artiste plasticien Julien Carbone dirige, depuis sept ans, le tiers-lieu culturel et citoyen Le Port des Créateurs, dans le centre historique de Toulon. Quand l’art augmente la rénovation urbaine.
Comment est né Le Port des Créateurs ?
C’est avant tout un projet politique. La municipalité était engagée depuis de nombreuses années dans un vaste programme de rénovation urbaine du centre historique. Elle a compris que le levier culturel et artistique pourrait, d’une certaine manière, contribuer à révéler et changer l’image du cœur de ville. Et amplifier la dynamique de revitalisation.
Si l’intention était claire, les moyens pour y parvenir l’étaient moins. C’est pour cela que la Ville a lancé un appel à projets auprès de l’écosystème associatif et culturel local.
Objectif : confier la gestion et l’animation d’un équipement public – un immeuble de 900 m² et 600 m² de locaux satellites tout juste réhabilités – qui aurait vocation à rayonner sur le quartier. De manière à dynamiser les liens sociaux et créatifs du centre historique, mais aussi à développer son attractivité.
Nous avons remporté cet appel à projet en 2017. Notre projet se fondait sur l’idée de créer des communs. C’est-à-dire de mutualiser des espaces – dans le bâtiment et sur les espaces publics à proximité –, des outils. Et, aussi, de rassembler des profils et des savoir-faire complémentaires au sein d’un même lieu.
Des artistes, bien sûr, de passage ou en résidence, sans oublier des acteurs des industries créatives, des associations, des étudiants, etc.
L’association gère aujourd’hui un tiers-lieu culturel et citoyen, labellisé par le ministère de la Culture. Il concentre des activités de création et de diffusion artistiques. Et propose aux habitants du quartier et aux visiteurs de nombreuses activités et évènements culturels grand public.
Ateliers, conférences, cinéma en plein air, expositions, concerts, battles de danse, proposés par des artistes français et internationaux, sont souvent gratuits.
Dès l’origine, nous avons mis l’accent sur le volet économique et entrepreneurial. Et nous avons eu raison. Car, on voit bien aujourd’hui, sept ans après, que la doctrine de l’État sur la culture a changé.
Nous étions sur des schémas très soutenus. Mais les dotations ne cessent de baisser. On demande à des structures comme les nôtres de s’autoporter toujours un peu plus. Nous y parvenons à travers de la prestation de services, des locations d’espaces, etc.
Julien Meyrignac
Photo : Julien Carbone. © Le Port des Créateurs