Michel Ballarini, directeur général de la société d’aménagement Alter, à Angers, revient sur le fonctionnement de cette puissante entité publique capable d’agir à l’échelle du département grâce à une multiplicité de structures et d’outils. L’occasion aussi de rappeler la politique avant-gardiste du territoire en matière de sobriété foncière.
Comment Alter est-il structuré ?
Alter est un groupe de 200 personnes qui agit sur environ 350 opérations réparties sur tout le département du Maine-et-Loire. Il est composé de plusieurs structures qui font à la fois de l’aménagement (habitat et parcs d’activité), de la construction d’équipe- ment public, et de la gestion urbaine : stationnement, réseaux de chaleur, immobilier d’entreprise, et énergies renouvelables. Pour ces dernières, Alter a développé une grosse activité d’ombrières photovoltaïques, de centrales photovoltaïques, de parcs éoliens, de BioGNV, de méthanisation, etc. Ce secteur a vraiment le vent en poupe. À ces activités s’ajoutent plusieurs structures de portage foncier, l’idée étant de porter et d’acquérir des fonciers qui seront mutés d’ici cinq à dix ans, afin d’anticiper les besoins des collectivités à moyen et long terme. Nous avons aussi deux foncières commerciales dont la pratique, plus terre à terre, consiste à acheter des biens, les restructurer et les remettre en location, principalement pour des commerces, sinon des logements.
Comment expliquer ce choix d’un modèle centralisant autant d’activités ?
Sur le territoire départemental, et peut‑être plus qu’ailleurs, les élus ont fait le job des PLUi [plans locaux d’urbanisme intercom- munal, ndlr], des SCoT [schémas de cohérence territoriale], afin d’avoir la maîtrise foncière de leurs opérations. Ils ont tous une vision à cinq, dix ou quinze ans de leur territoire au minimum, si ce n’est vingt ans pour certains. Et ils ont tous compris que s’ils voulaient avoir une connaissance parfaite et un développement abouti de leur territoire, il leur fallait avoir une maîtrise publique.
Quelle est votre capacité d’investissement ?
Elle est de l’ordre de 150 millions d’euros, tous les ans, au niveau départemental. Ce n’est pas un chiffre anodin : cela a des répercussions dans l’économie locale. L’aménagement représente entre 60 % et 80 % de nos opérations, en fonction des années et du nombre de constructions d’équipements publics – écoles, piscines, mairies, parking, etc. Nos opérations d’aménagement peuvent aller de 15 logements, pour les plus petites, jusqu’à 4 000, voire 5 000 logements. Nous sommes aujourd’hui autour de 1 500 équivalents logements vendus par an, en moyenne, soit à des particuliers – sous forme de terrains à bâtir – soit à des promoteurs. Ce chiffre représente un quart du marché départemental. Alter est donc un acteur essentiel. Et il faut préciser que les trois quarts de nos nouvelles opérations concernent des fonciers déjà aménagés et construits. C’est l’une de nos particularités.
Alter est donc en pointe sur la question de la rénovation et de la densification…
Oui, nous travaillons sur de la revitalisation urbaine en aménagement, sur de l’habitat, et nous avons aussi une très belle activité d’opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH). Nous agissons aujourd’hui sur sept OPAH, bientôt huit, et rénovons 150 à 200 logements par an. Et cela, généralement, dans des anciens sites industriels, d’anciennes friches commerciales, voire d’anciens sites logistiques. Le travail y est dès lors assez complexe; ce sont des travaux dans la dentelle.
Aujourd’hui, notre action consiste à héberger le plus de monde possible dans les villes-centres, sinon au plus proche des agglomérations ange- vines. Il s’agit de concentrer l’habitat là où il y a du travail, et non plus de faire des lotissements très loin dans la campagne. Ou alors, si on doit faire de nouveaux quartiers dans des communes dites périphériques ou dans des communes rurales, c’est pour y apporter une certaine densité. Nous avons bien conscience que notre métier de demain sera de ne travailler que sur des fonciers plus complexes en termes juridiques, d’acquisition, de procédures… y compris les procédures pour aller chercher des subventions. Mais on sait que derrière, au moins, on ne touchera pas à la terre agricole.
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Propos recueillis par Rodolphe Casso
© Philippe Noisette