Denis Larghero, maire de Meudon

Aux portes de Paris, Meudon se métamorphose avec la réhabilitation du site Onera et l’installation de data centers. Ces projets visent à renforcer son attractivité tout en préservant l’identité de la commune, située en lisière de sa forêt emblématique.
En février, vous avez inauguré un data center, fruit de six ans de développement. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Le terrain se situe sur une zone d’activité accueillant des entreprises technologiques comme Thales, Dassault Systèmes ou HP France. Cette zone, en pleine mutation, comprend des terrains en friches. Equinix, leader mondial des infrastructures numériques et des data centers, a ainsi investi 350 millions d’euros. Il nous semblait pertinent de soutenir ce projet à proximité du plateau de Vélizy-Meudon. Nous souhaitons développer ce pôle comme un lieu d’innovation international. Par ailleurs, un data center apporte des ressources fiscales à la commune, via un bail à construction qui génère un loyer sécurisant une partie du budget communal. Enfin, il peut alimenter en chaleur fatale les entreprises riveraines, et s’inscrit donc dans un projet d’autoconsommation énergétique local. Il accompagne le basculement du réseau de chaleur côté logement vers la géothermie profonde en 2026–2027, avec un objectif de production de 83 % en énergie renouvelable. Nous prévoyons l’implantation d’un second data center sur un terrain à proximité, à horizon 2028. Ces data centers nouvelle génération fonctionnent en dry cooling, ce qui signifie qu’ils utilisent infiniment moins d’eau que les anciens modèles. De plus, ils sont alimentés par des contrats d’énergie renouvelable, grâce au développement de fermes photovoltaïques capables de produire l’équivalent de l’énergie consommée par ces infrastructures.
Quels sont les objectifs du plan-guide en cours d’étude pour la reconversion du site Onera ?
Grand Paris Aménagement est effectivement en cours de rédaction d’un plan-guide sur ce site, propriété du ministère de la Défense, de 15,7 hectares. Actuellement, environ 50 % de celui-ci sont occupés par diverses activités, tandis qu’une partie a déjà été réaménagée pour accueillir des logements. L’État explore des options pour valoriser les espaces restants, notamment en réhabilitant la Grande Soufflerie, un monument historique classé depuis 2000. Cette structure nécessite des investissements estimés à près de 40 millions d’euros pour sa restauration que l’État ne peut pas mobiliser actuellement. Pour lui donner un second souffle, un appel à manifestation d’intérêt (AMI) a été lancé afin d’attirer des investisseurs proposant des projets intégrant le bâtiment aux programmes scientifiques et culturels locaux, notamment ceux de l’Observatoire de Paris. Le projet inclut également la préservation d’un parc arboré en limite d’une grande perspective paysagère. Ce site devrait connaître une mutation en 2030.
Comment concilier cadre de vie et crise du logement ?
C’est un peu la quadrature du cercle dans une ville comme Meudon, où il est essentiel de trouver un équilibre entre les contraintes urbanistiques et les besoins de développement. La commune doit composer avec des protections fortes, notamment celles liées à la forêt de Meudon et aux règles du PLUi [plan local d’urbanisme intercommunal, ndlr] qui préservent les îlots verts et limitent l’artificialisation des sols. Nous avons obtenu un permis de construire pour transformer un parc de bureaux en logements. Le PLUi intègre également des bonus de constructibilité liés à la rénovation énergétique, pour favoriser la création de logements tout en répondant à la crise par la rénovation du bâti existant.
Propos recueillis par Maider Darricau
Photo : Denis Larghero, crédit : D. R.
Note : Onera concerne l’ensemble des souffleries de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales.
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