Au Maghreb et au Moyen-Orient : un droit à la ville pour tous ?

Au Magh­reb et au Moyen-Orient, l’usage que font les femmes de l’espace public peut se limi­ter aux ques­tions uti­li­taires et aux nécessités quo­ti­diennes. Mais depuis le «Prin­temps arabe» en 2011, cer­taines ont com­pris en quoi il pou­vait recéler des res­sources impor­tantes pour leurs pra­tiques de liberté et d’autonomie, indi­vi­duelles comme collectives.

Le 16 sep­tembre 2022, la mort de Mah­sa Ami­ni, après son arres­ta­tion par la police des mœurs pour « port de vêtements inap­pro- priés », a entraîné une vague de contes­ta­tion dure­ment réprimée en Iran. La présence mas­sive des femmes dans les mani­fes­ta­tions a encore étonné les médias occi­den­taux. Pour­tant, elles ont depuis long­temps droit de cité au Magh­reb et au Moyen-Orient. Elles ont bien com­pris, depuis le dévoilement public de la fémi- niste égyptienne Hoda Chaa­raoui, en 1923, que les espaces publics urbains représentent une res­source impor­tante pour leur auto­no­mie et leur accès à la citoyen­neté. Au quo­ti­dien comme lors des moments excep­tion­nels, les femmes sont présentes dans les espaces publics urbains. Com­ment expli­quer alors que des mou­ve­ments contes­ta­taires des années 2010 aux mani­fes­ta­tions en Iran de 2022, en pas­sant par le Hirak algérien entre 2019 et 2021, la ques­tion de l’accès des femmes aux espaces publics ne cesse de se poser ?

Les espaces publics sont des pro­jec­tions spatialisées des rap­ports sociaux. Les pra­tiques urbaines s’inscrivent ain­si dans un conti­nuum des rap­ports de genre. La ques­tion de la légitimité des femmes dans les espaces publics est his­to­ri­que­ment cen­trale et cris­tal­lise des reven­di­ca­tions d’égalité, de liberté et d’autonomie. Elle ren­voie ain­si en réalité à des enjeux beau­coup plus larges et fon­da­men­taux liés à la citoyenneté.

Des pro­jec­tions « en dur » d’un ordre social

Lorsqu’on adopte une pers­pec­tive genrée des espaces publics urbains, au Moyen-Orient, au Magh­reb, ou à peu près par­tout ailleurs, les premières idées qui s’imposent au sens com­mun sont que les espaces publics sont mas­cu­lins et que les femmes y sont en dan­ger. Cette concep­tion ne prend pas en considération un ordre genré général dans la société et réduit la com­plexité des enjeux qui se cris­tal­lisent dans la différentiation, bien réelle, des pra­tiques urbaines selon les sexes. Les dyna­miques des rap­ports de genre au Moyen-Orient et au Magh­reb se déclinent essen­tiel­le­ment sous la forme de contraintes dans les espaces publics urbains et, bien que les femmes pra­tiquent ces espaces quelles que soient les condi­tions, elles doivent quo­ti­dien­ne­ment rele­ver des défis, mettre en place des stratégies et des résistances pour affir­mer leur légitimité à s’y déployer.

Lire la suite dans le numé­ro 429

Gaëlle Gil­lot 

Cré­dit pho­to : Pyra­mide Distribution

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