Aux portes de Montpellier

La Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup expérimente des voies de coopération avec la Métropole voisine, notamment un contrat de réciprocité.

 

« Son pay­sage magni­fique avec des vues très belles sur la mon­tagne du pic Saint-Loup attire beau­coup de cadres supé­rieurs de Mont­pel­lier, tra­vaillant dans les hôpi­taux, les uni­ver­si­tés… », explique Natha­lie Mas-Raval, direc­trice géné­rale des ser­vices de la Com­mu­nau­té de com­munes du Grand Pic Saint-Loup (Hérault). Envi­ron 300 élèves et plus de 8 000 actifs étu­dient et tra­vaillent à Mont­pel­lier. D’où de forts mou­ve­ments pen­du­laires et des embou­teillages récur­rents sur les voies d’accès au ter­ri­toire de la Métro­pole. La voi­ture indi­vi­duelle s’impose comme mode de trans­port pri­vi­lé­gié du fait de l’étalement urbain (87 % du parc de loge­ments est consti­tué de mai­sons) et des faibles den­si­tés de popu­la­tion, hors des com­munes les plus importantes.

Clas­sée dans le SRADDET comme ter­ri­toire « rétro-lit­to­ral » au sein « du ruban médi­ter­ra­néen », la Com­mu­nau­té de com­munes dis­pose d’un SCoT à son échelle, approu­vé en jan­vier 2019, et d’un PLH en cours d’élaboration, avec deux com­munes dites « SRU » et donc sou­mises à l’obligation de construc­tion de loge­ments sociaux (dont Saint-Gély). En paral­lèle au SCoT, sen­si­bi­li­sés aux enjeux de mobi­li­té très pré­gnants, les élus ont adop­té, dès 2015, un sché­ma glo­bal de dépla­ce­ments autour d’actions très concrètes : réseaux modes doux intra­com­mu­naux, pistes cyclables inter­com­mu­nales, struc­tu­ra­tion du covoi­tu­rage (dis­po­si­tif Rézo­pouce), pro­lon­ge­ment de lignes de trans­port col­lec­tif (du Dépar­te­ment ou de la Métro­pole) et tra­vail sur le caden­ce­ment à opti­mi­ser, etc.

« Cette démarche a débou­ché sur un pre­mier contrat de réci­pro­ci­té avec la Métro­pole, pré­pa­ré grâce à un dia­logue fruc­tueux avec Mont­pel­lier Médi­ter­ra­née Métro­pole », sou­ligne Natha­lie Mas-Raval.
Ce contrat ne com­porte pas de finan­ce­ment spé­ci­fique, mais a per­mis l’utilisation de fonds du pacte État-Métro­pole sur la thé­ma­tique de la coopé­ra­tion avec les inter­com­mu­na­li­tés voi­sines, notam­ment pour finan­cer des études. Il inclut une dimen­sion culturelle.

Côté mobi­li­tés, l’enjeu pour la Métro­pole est le Plan de pro­tec­tion de l’atmosphère, alors que l’agglomération connaît de gros embou­teillages, sources de pol­lu­tions. Mais les com­pé­tences sont par­ta­gées entre les dif­fé­rents niveaux ter­ri­to­riaux :Métropole/Région/Département/communes et intercommunalités.
Elles ont évo­lué ces der­nières années : le Dépar­te­ment de l’Hérault com­pé­tent sur le trans­port inter­ur­bain l’a trans­fé­ré à la Région Occi­ta­nie, tout en conser­vant la ges­tion de la voi­rie dépar­te­men­tale, avec des adap­ta­tions néces­saires. Du fait de la loi d’orientation des mobi­li­tés (LOM), les élus de la Com­mu­nau­té de com­munes doivent se posi­tion­ner avant le 31 mars 2021 sur la prise de com­pé­tence « auto­ri­té orga­ni­sa­trice de la mobi­li­té », qui per­met­trait la per­cep­tion du ver­se­ment mobi­li­té esti­mé à 700 000 euros/an, si du trans­port régu­lier était mis en place.
Ce qui ne serait pas pos­sible si la Région pre­nait la compétence.
Suite à ce posi­tion­ne­ment de l’intercommunalité, les com­munes déci­de­ront, par une déli­bé­ra­tion à prendre entre le 31 mars et le 30 juin 2021, de la suite ou non à don­ner à cette prise de la com­pé­tence : cette der­nière ne sera pos­sible que si la majo­ri­té qua­li­fiée est atteinte, sinon c’est la Région qui pren­dra la compétence.

La LOM impose la défi­ni­tion de bas­sins de mobi­li­té sup­ports d’un contrat opé­ra­tion­nel de mobi­li­té, à l’instar des bas­sins-ver­sants pour la poli­tique de l’eau. Le SCoT du Grand Pic Saint-Loup met en exergue une poli­tique de rabat­te­ment sur les bourgs-centres, leurs ser­vices et leurs com­merces. Ce maillage s’articule avec la contrac­tua­li­sa­tion pro­po­sée par la Région Occi­ta­nie (habi­tat, mobi­li­té, urba­nisme…). L’État pour­suit la même logique glo­bale de contrac­tua­li­sa­tion avec les ORT ou les futurs contrats de relance et de tran­si­tion éco­lo­gique. Le rabat­te­ment vers des ser­vices de proxi­mi­té a été mis en œuvre pen­dant le pre­mier confi­ne­ment avec, par exemple, une Mai­son France Ser­vices à Saint-Mar­tin très fré­quen­tée. « La soli­da­ri­té dans le très rural, sou­ligne Natha­lie Mas-Raval, a vu des asso­cia­tions mobi­li­sées, des agents muni­ci­paux appor­tant des médi­ca­ments aux per­sonnes âgées. »

L’enjeu main­te­nant, explique la direc­trice géné­rale, est de pas­ser à une nou­velle étape avec l’encouragement au télé­tra­vail (tiers-lieux, espaces de cowor­king), la prise en compte des per­sonnes cap­tives de l’automobile, le déve­lop­pe­ment du covoi­tu­rage (avec la même pla­te­forme que la Métro­pole) et de l’autopartage, le rabat­te­ment sur les pro­lon­ge­ments des lignes de trans­port métro­po­li­taines… Tous ces thèmes seront au cœur de la dis­cus­sion d’un nou­veau contrat de réci­pro­ci­té entre Alain Barbe, le pré­sident de la Com­mu­nau­té de com­munes, et Michaël Dela­fosse, le pré­sident de la Métropole.

Antoine Lou­bière, rédac­teur en chef

Pho­to : © Com­mu­nau­té de com­munes du Grand Pic Saint-Loup

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