Calories en sous-sol

Si sa technique est connue et éprouvée depuis près de cinquante ans, la géothermie n’a pourtant fait sa percée sur le territoire national que récemment. Cette source d’énergie renouvelable offre aux territoires une solution pérenne et stable permettant des économies significatives, la décarbonation des réseaux, et davantage d’indépendance.

 

L’eau chaude rete­nue en sous-sol est là depuis des millénaires, mais son uti­li­sa­tion n’en est encore qu’à ses bal­bu­tie­ments. Actuel­le­ment, quelque 200000 mai­sons indi­vi­duelles et 2400 immeubles d’habitation sont connectés à des ins­tal­la­tions géothermiques, ce qui représente entre 250000et 300 000 foyers. Soit seule­ment 1 % de part dans la consom­ma­tion de cha­leur en France. Pour­tant, alors que la hausse du prix des énergies inquiète et que la nécessité de la décarbonation s’impose, la cha­leur venue du sol apparaît, à de plus en plus de ter­ri­toires, comme une énergie renou­ve­lable (EnR) à la fois verte, économique et pérenne.

Considérée comme une « énergie exem­plaire » par l’Agence de la tran­si­tion écologique (Ademe) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), la géothermie présente plu­sieurs avan­tages de taille : pas de trans­port, pas de perte d’énergie, pas de dan­ger et pas de problème de taris­se­ment de la source, puisque l’eau puisée dans la nappe sou­ter­raine y retourne, pré- ser­vant ain­si sa capa­cité et son renou­vel­le­ment par la simple température de la croûte ter­restre en pro­fon­deur. Cette énergie n’est donc aucu­ne­ment tri­bu­taire des condi­tions cli­ma­tiques, contrai­re­ment au solaire et à l’éolien.

En purs termes écologiques, la géothermie est une énergie bas- car­bone : elle n’émet que très peu d’émissions de CO2 dans l’atmosphère – à peu près 10 fois moins qu’une ins­tal­la­tion au gaz. Aucune com­bus­tion dans son fonc­tion­ne­ment ; seule de l’énergie électrique bas-car­bone en France lui est nécessaire pour son exploi­ta­tion. Ain­si, son impact envi­ron­ne­men­tal très faible en fait un atout majeur pour répondre aux objec­tifs des ter­ri­toires en matière de décarbonation. Et en termes économiques, elle per­met de divi­ser par quatre les coûts de chauf­fage par rap­port aux solu­tions fossiles.

Deux types de géothermie

On dis­tingue habi­tuel­le­ment deux grandes catégories de res­sources géothermales : la géothermie pro­fonde et la géothermie de sur­face. Concer­nant la géothermie pro­fonde, si elle semble n’avoir le vent en poupe que depuis quelques années, cette tech- nolo­gie est pour­tant maîtrisée de longue date. C’est en 1969 que le pre­mier dou­blet de géothermie pro­fonde de France est ins- tallé à Melun (Seine-et-Marne) pour ali­men­ter le réseau de cha­leur urbain. Tou­jours en acti­vité, ce der­nier s’étend aujourd’hui sur plus de 32 kilomètres et ali­mente 8200 équivalents loge­ments. Cette ins­tal­la­tion his­to­rique a été réalisée par Dal­kia, filiale d’EDF, qui affiche aujourd’hui une ving­taine de références, soit un tiers des sites en géothermie du ter­ri­toire national.

La société mise sur la géothermie pro­fonde, et cela, avec des forages entre 600 et 5 000 mètres de pro­fon­deur, là où les températures sont bien plus élevées qu’en sur­face. La température peut dépasser les 100 °C en fonc­tion de la pro­fon­deur, car l’élévation de température est en moyenne de 3 °C tous les 100 mètres forés. Généralement, cette géothermie pro­fonde concerne des « ins­tal­la­tions de taille signi­fi­ca­tive », soit via un réseau de cha­leur, soit chez un indus­triel, par exemple.

Plu­sieurs inno­va­tions récentes ont conti­nué d’améliorer l’efficacité des réseaux. Chez Dal­kia, la tech­nique récente du forage sub-hori­zon­tal a per­mis d’augmenter les per­for­mances de la cen­trale de Cachan, dans le Val-de-Marne : issue de l’industrie pétrolière, elle a per­mis en plus une réduction de la durée des tra­vaux de forage et d’augmenter considérablement le poten­tiel de cha- leur à cap­ter. Selon Pierre Bros­sol­let, PDG du groupe Arverne, acteur incon­tour­nable de la géothermie pro­fonde et de sur­face, « les tech­no­lo­gies de forage pour la géothermie pro­fonde sont matures, maîtrisées et atten­ti­ve­ment contrôlées par l’administra- tion. Dans un contexte d’accélération de la tran­si­tion énergétique, le plan géothermie annoncé par le gou­ver­ne­ment, en février 2023, per­met­tra d’accroître la connais­sance et l’émergence de pro­jets dans des zones encore sous-exploitées. Tous les acteurs de la pro­fes­sion, comme Arverne, sont prêts à rele­ver et accom­pa­gner le défi ambi­tieux de la tra­jec­toire prévue ».

Rodolphe Cas­so

Chan­tier de géothermie, à Évry-Courcouronnes.

© GPSEP

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


À pro­pos

Depuis 1932, Urba­nisme est le creu­set d’une réflexion per­ma­nente et de dis­cus­sions fécondes sur les enjeux sociaux, cultu­rels, ter­ri­to­riaux de la pro­duc­tion urbaine. La revue a tra­ver­sé les époques en réaf­fir­mant constam­ment l’originalité de sa ligne édi­to­riale et la qua­li­té de ses conte­nus, par le dia­logue entre cher­cheurs, opé­ra­teurs et déci­deurs, avec des regards pluriels.


CONTACT

01 45 45 45 00


News­let­ter

Infor­ma­tions légales
Pour rece­voir nos news­let­ters. Confor­mé­ment à l’ar­ticle 27 de la loi du 6 jan­vier 1978 et du règle­ment (UE) 2016/679 du Par­le­ment euro­péen et du Conseil du 27 avril 2016, vous dis­po­sez d’un droit d’ac­cès, de rec­ti­fi­ca­tions et d’op­po­si­tion, en nous contac­tant. Pour toutes infor­ma­tions, vous pou­vez accé­der à la poli­tique de pro­tec­tion des don­nées.


Menus