Citadia, la planification comme cheval de bataille
Le groupe Citadia a joué un rôle actif dans le déploiement des SCoT et PLU instaurés en 2000 par la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU). Ses convictions en matière de pluridisciplinarité et ses engagements dans les domaines alors émergents de la concertation publique et de l’évaluation environnementale ont contribué à redéfinir les pratiques de l’urbanisme réglementaire. Rencontre avec Anne Matysen, sa directrice générale.
Citadia a été créé en 1997. Quels étaient ses objectifs alors ?
Il s’agissait de réinventer les pratiques en matière de planification territoriale et d’urbanisme réglementaire, mais avec l’ambition d’ouvrir progressivement ses activités sur tout le champ de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, y compris dans les domaines du projet urbain et des études préopérationnelles. L’ADN de Citadia – fondé par Julien Meyrignac, géographe de formation – est foncièrement ancré dans les territoires, les projections sur le temps long, et sur un socle méthodologique largement inspiré par la systémique, notamment l’ouvrage de Joël de Rosnay, Le Macroscope. Le cadre d’exercice de la société a été résumé à l’origine par une promesse : « l’intelligence des territoires », devenue depuis « aménager la société ».
Comment cette promesse s’incarne-t-elle ?
En étant au plus près des territoires. En s’attachant à construire ou renouveler en permanence les méthodes et outils nécessaires à leur analyse, et en réunissant toutes les compétences permettant de bien les comprendre. En prenant le temps de l’attention et du dialogue pour éviter les raccourcis ou les clichés. Mais surtout, en traduisant le plus fidèlement et efficacement les objectifs des exécutifs locaux, élus et fonctionnaires pour répondre aux besoins réels des territoires, sans céder aux « recettes », aux solutions toutes faites et outils standardisés.
Que signifie être urbaniste chez Citadia ?
Cela veut dire avoir conscience de la nécessité de travailler en équipe. Il faut savoir porter le produit de ses expertises à la réflexion commune et les soumettre à hiérarchisation, savoir s’inscrire dans un dialogue qui est souvent passionné, y compris à l’intérieur des équipes. S’il faut savoir faire preuve de rigueur intellectuelle, il faut aussi adopter une grande rigueur morale, car nous travaillons pour l’intérêt général et il faut savoir se protéger des influences et sollicitations. De la part des maîtres d’ouvrage, qui ont parfois envie que vous écriviez ce qu’ils veulent et qui n’est pas ce que vous constatez ou préconisez – cela exige alors de rompre le marché –, ou des pétitionnaires, qu’ils soient des particuliers, des entreprises ou des opérateurs immobiliers. L’urbaniste doit être un tiers de confiance, il doit être incorruptible.
Comment accède-t-on à un emploi d’urbaniste chez Citadia ?
Principalement en disposant d’une formation en urbanisme ! Mais si cela semble aller de soi, nous accordons une attention particulière aux diplômes et à l’expérience de nos recrues. Nous veillons aussi à certaines aptitudes professionnelles ou personnelles, comme la capacité d’écoute et la certitude de devoir se former en continu: en se tenant au courant de l’actualité du domaine, en travaillant au contact de certains collègues ou partenaires, en s’ouvrant à certaines disciplines, en suivant des formations professionnalisantes. Mais surtout, ce que nous attendons le plus, ce sont des convictions et la volonté de les porter.