Le paradoxe du permis d’aménager

Alors que l’étalement urbain est devenu une préoccupation centrale en matière d’aménagement et que les évolutions récentes du cadre légal et réglementaire encouragent la mise en œuvre d’une ville plus dense, les procédures d’urbanisme opérationnel favorisent toujours une urbanisation diffuse et étalée.

Le XXsiècle aura été le théâtre d’importantes muta­tions en matière de déve­lop­pe­ment urbain. À la ville pédestre a suc­cé­dé, sur un temps très court, la ville éten­due à ses fau­bourgs des­ser­vis par les trans­ports en com­mun fer­rés, puis la ville péri­ur­baine, dif­fuse, par­fois loin­taine avec un zonage spé­cia­li­sé, ren­du pos­sible par la démo­cra­ti­sa­tion de l’automobile. Ville et mobi­li­té fai­sant sys­tème, les révo­lu­tions récentes de l’offre de mobi­li­té ont bou­le­ver­sé les formes du déve­lop­pe­ment urbain, consa­crant notam­ment la dépen­dance automobile.
Ain­si, le « péri­ur­bain » a émer­gé et se déve­loppe encore aujourd’hui sous une forme qui concur­rence la ville historique.

Les centres his­to­riques pré­sentent, en effet, une den­si­té et un niveau de mixi­té impor­tants. L’offre de mobi­li­té y est géné­ra­le­ment diver­si­fiée, per­for­mante et acces­sible. Pour ser­vir les enjeux de cette den­si­té, la typo­lo­gie d’habitat majo­ri­taire est l’immeuble de loge­ments col­lec­tif qui se déve­loppe ver­ti­ca­le­ment grâce à sa cage d’escalier. A contra­rio, la ville péri­ur­baine contri­bue à la dif­fu­sion et à l’étalement urbain. Le coût des ter­rains à bâtir, qui décroît à mesure que l’on s’éloigne des centres, engendre une stra­ti­fi­ca­tion sociale des ter­ri­toires péri­ur­bains et auto­rise des formes bâties plus lâches. Les quar­tiers y sont fonc­tion­nel­le­ment spé­cia­li­sés et le recours à la mobi­li­té auto­mo­bile y est indis­pen­sable pour l’accès aux aménités.

Rêve d’une large part des Fran­çais, la mai­son indi­vi­duelle aux toits incli­nés, dont on peut faire le tour, équi­pée de plu­sieurs places de sta­tion­ne­ment pour auto­mo­biles, est la typo­lo­gie d’habitat majo­ri­taire des lotis­se­ments pavillon­naires qui carac­té­risent les péri­phé­ries urbaines.
Ain­si, offres alter­na­tives très mino­ri­taires mises à part, on observe l’émergence d’une ville bicé­phale d’un point de vue mor­pho­lo­gique et typologique.

Sché­ma­ti­que­ment, l’usager de la ville contem­po­raine doit choi­sir, selon ses moyens, entre deux tan­dems conju­guant dis­tance aux amé­ni­tés cen­trales, typo­lo­gies d’habitat et mobi­li­tés : pre­miè­re­ment, la ville cen­trale et ver­ti­cale, dense, avec ses immeubles de loge­ments col­lec­tifs qui pro­pose géné­ra­le­ment une excel­lente acces­si­bi­li­té aux amé­ni­tés concen­trées sur un ter­ri­toire réduit et, deuxiè­me­ment, la ville péri­ur­baine hori­zon­tale, dif­fuse, par­fois loin­taine, avec ses mai­sons indi­vi­duelles iso­lées qui implique sou­vent le recours contraint à l’automobile pour recou­rir aux fonc­tion­na­li­tés urbaines utiles.

Une ville horizontale coûteuse

Aujourd’hui, l’étendue de la demande sociale que consti­tue la mai­son indi­vi­duelle et le suc­cès de cette typo­lo­gie d’habitat sont tels que la maî­trise de l’étalement urbain, de sa dif­fu­sion et du zonage fonc­tion­nel de l’espace est deve­nue pré­oc­cu­pante pour les amé­na­geurs et les col­lec­ti­vi­tés. En effet, le phé­no­mène pré­sente un cer­tain nombre d’inconvénients d’un point de vue socioé­co­no­mique et environnemental…

 

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Jean-Phi­lippe Anto­ni, pro­fes­seur de géo­gra­phie à l’université de Bour­gogne, et Jean Hous­se­mand, archi­tecte urba­niste pra­ti­cien, doc­teur en géo­gra­phie, urba­nisme et aménagement

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