Le Plan Málaga Litoral, piloté par Pablo Otaola, vise à parachever la transformation des quais, pour créer un continuum entre la vieille ville et la mer.
Recruté en 2020 par le maire Francisco de la Torre Prados, Pablo Otaola, ingénieur des routes, avec la spécialisation transports et urbanisme, est le directeur général des infrastructures et projets à la mairie de Málaga, particulièrement chargé du Plan Málaga Litoral. Il a une expérience unique des projets urbains en Espagne, puisqu’il a conduit la formidable mutation de Bilbao, notamment l’opération Ría 2000, avec l´implantation du musée Guggenheim. Il a été également en poste à Madrid et Valence, où il a été le directeur adjoint de l’Ivam (Instituto Valenciano de Arte Moderno).
Comme il le rappelle, c’est Valence qui a initié en 1989 la stratégie de création d’équipements culturels qui manquaient aux villes espagnoles. Certes, avec la démocratie, le modèle urbain était Barcelone, avec la transformation du centre historique, la création d’espaces publics de qualité, l’attention accordée aux circulations douces, et le développement des transports collectifs. Mais ce n’est qu’après les Jeux olympiques de 1992, que Barcelone s’est dotée d’un nouveau musée d’art contemporain, le Macba en 1995. Auparavant, en 1992, Madrid avait ouvert le musée national de la Reine Sofía (dont l’agrandissement sera confié en 2002 à Jean Nouvel) et inauguré le Thyssen-Bornemisza. Ensuite, c’est le Guggenheim, ouvert en 1997 à Bilbao. Au-delà du célèbre musée, Pablo Otaola souligne la spécificité de la démarche de Bilbao, qui s’était dotée d’outils de projets, rares en Espagne, similaires aux SEM et EPA français.
Des musées internationaux
Si Bilbao, avec le musée Guggenheim conçu par l’architecte nord-américain, Frank Gehry, jouait la carte du bâtiment iconique, Málaga a choisi de multiplier les musées dans des palais, en commençant, bien sûr, par le musée Picasso. Ensuite elle a implanté d’autres musées dans des espaces transformés, comme les halles ou l’ancienne manufacture des tabacs. Elle s’est placée sur le marché des franchises internationales : le Thyssen en 2011, le Centre Pompidou et l’Ermitage de Saint-Pétersbourg en 2015. Le maire, Francisco de la Torre Prados, ingénieur agronome, francophone et francophile, ayant fait des études à Rennes, a particulièrement été attentif aux relations avec l’ambassadeur de France, mais aussi avec l’ambassadeur de Russie.
Málaga a aussi conforté sa bonne desserte en transports. Outre son aéroport international, qui constituait le hub de la Costa del Sol, elle a bénéficié d’une liaison TGV avec Madrid en 2007. Quant au port, restructuré, il accueille de nombreuses croisières. Mais Málaga joue aussi une carte industrielle avec son parc technologique, où sont implantées plus de 600 entreprises, et développe le concept de Málaga Valley, avec en perspective l’arrivée d’un centre de Google dédié à la cybersécurité et d’un centre de recherche-développement et innovation de Vodafone.
Quant au Plan Málaga Litoral, piloté par Pablo Otaola, il vise à parachever la transformation des quais, en enlevant les voitures du front maritime sur 2,5 km, par la mise en souterrain d’une importante voirie routière, pour créer un continuum entre la vieille ville et la mer. Cela permettra également de récupérer plus de 100 000 m² pour créer des espaces publics, des jardins et élargir un parc existant. C’est une façon de créer un cœur de ville à l’échelle de la métropole de Málaga, qui dépasse le million d’habitants, en facilitant également l’arrivée des bus métropolitains au centre et en réalisant une gare multimodale.
Comme le souligne Francisco de la Torre Prados, l’organisation politico-administrative espagnole ne valorise pas les villes et ne favorise pas l’émergence d’une instance métropolitaine. Les Régions, comme ici l’Andalousie, ont d’importants pouvoirs, y compris réglementaires, notamment en matière d’aménagement et d’urbanisme. Il existe un niveau intermédiaire, les provinces, qui sont un peu comme les départements en France, avec des compétences limitées. En tout cas, depuis l’élection de Francisco de la Torre Prados en mai 2000, la municipalité de Málaga a démontré sa capacité à innover et à porter des projets ambitieux.
Antoine Loubière
Photo : La ville et le port de Málaga © Ayuntamiento de Málaga