David Moy, directeur des Canaux de Bretagne, expose les singularités et les activités de ce réseau dit insulaire, représentant près de 600 km de voies navigables.
Quel statut particulier ont les canaux en Région Bretagne ?
La Région Bretagne est propriétaire du domaine public fluvial (DPF) : du canal de Nantes à Brest, du canal d’Ille-et-Rance, de la Vilaine, du Blavet, de l’Aff…, ce qui représente à peu près 600 km de voies navigables, qui sont soit des rivières canalisées, soit des canaux proprement dits. Tous ces ouvrages ont été réalisés par l’État dans la première partie du XIXe siècle, qui les a ensuite entretenus, exploités pendant un siècle et demi. Les particularités du réseau breton – qui est « insulaire », car il n’est pas connecté au réseau national (il s’arrête en Mayenne, via la Loire), et qui ne supporte plus d’activités de transport de marchandises depuis les années 1960 – ont fait que l’État, après les lois de décentralisation de 1982, a transféré ces canaux un peu « à la carte » aux départements, à des syndicats ad hoc… Mais, progressivement, la Région Bretagne, avec ses compétences aménagement, tourisme, etc., a repris – entre 2008 et 2020 – la propriété et l’exploitation de ces cours d’eau et canaux, mais aussi les barrages et rigoles d’alimentation. La direction des Canaux de la Région Bretagne emploie un peu plus de 200 agents sur quatre départements.
Quelles activités la Région exerce-t-elle sur ces canaux ?
Les canaux, ce sont trois choses: la voie d’eau, les chemins de halage ou voies de contre-halage, et la partie espaces naturels constituée de boisements, de prairies, dont la ressource était utilisée pour réaliser les divers ouvrages comme les portes d’écluses, etc. La Région exerce donc trois types de métiers aujourd’hui. Les métiers de l’exploitation de ces trois domaines (canaux, chemins, boisements), adossés à un service d’ingénierie, en particulier hydraulique, car les canaux et les barrages nécessitent une gestion fine des niveaux d’eau, surtout en période de sécheresse et, à l’inverse, de crues. Nos barrages servent soit à l’alimentation des parties artificielles canalisées, soit au soutien d’étiage estival. En plus, à chaque écluse – et on en compte 230 –, il y a un seuil déversoir ; c’est un pilotage de précision pour maintenir une ligne d’eau plate. Nous exerçons les métiers de l’entretien de tout notre patrimoine, hydraulique donc, mais aussi génie civil (écluses, quais…), bâti des maisons éclusières, naturel et forestier, etc. Principalement afin d’assurer la sécurité des usagers : sur l’eau, où la navigation se répartit entre plaisance privée et location de bateaux ; et à terre, où on retrouve des usages de loisirs et tourisme, qui sont en train d’exploser, mais aussi des mobilités quotidiennes, domicile-travail, qui sont également en forte augmentation, par exemple sur le canal d’Ille-et-Rance pour entrer dans Rennes. Enfin, nous exerçons les métiers de la valorisation de ce patrimoine, afin d’en faire la promotion, notamment touristique.
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Julien Meyrignac
Le canal de Nantes à Brest, à Josselin (Morbihan). © Vincent Robinot