Engagées depuis de nombreuses années déjà dans des opérations de requalification, les zones d’activité économique (ZAE) font désormais face au paradigme « zéro artificialisation nette » (ZAN) qui leur confère une plus grande valeur et impose de nouveaux objectifs aux collectivités et de nouvelles méthodes aux aménageurs.
Les zones d’activité économique (ZAE), petites ou grandes, mono-activité ou mixtes, artisanales, commerciales ou industrielles, anciennes ou récentes, vides ou pleines, en continuité de la ville ou isolées en périphérie, font, depuis la seconde moitié du XXe siècle, partie intégrante de l’aménagement et du fonctionnement des territoires. Conçues historiquement pour concentrer les activités économiques dans un périmètre voué à l’automobile, hors des centres-villes et des quartiers résidentiels, elles témoignent d’une approche fonctionnaliste de l’urbanisme. Leur création a été le plus souvent sous-tendue par un double objectif : une meilleure organisation spatiale des fonctions urbaines, et une meilleure répartition de la création de richesses sur le territoire élargi.
Les « ZAE de 1re génération » (ou zones industrielles/artisanales) ont été développées dans les années 1960–1970 dans un contexte de forte croissance économique, souvent sans planification ni même aménageurs. Répondant à une logique de zoning [zonage, ndlr], ces espaces souvent monofonctionnels ont été relégués à la périphérie des centres-villes, le long des axes de transport.
Une seconde génération de zones a vu le jour au tournant des années 2000. Plus excentrées, éloignées des espaces anthropisés, elles ont accueilli des programmes mixtes, notamment des activités non productives (tertiaires, services, enseignement…) et se sont appliquées à tenter de répondre à des enjeux de qualité de vie des salariés et de qualité environnementale. Selon une étude de l’Assemblée des communautés de France (AdCF) de 2010, les ZAE constituent un outil fondamental dans les politiques locales de développement économique qui doit nécessairement être développé sous la forme d’une opération d’aménagement. Cette dernière constituant l’une des principales actions des collectivités au titre de la compétence développement économique. Leur multiplication a été souvent justifiée au-delà de la demande des entreprises, par des stratégies d’attractivité concurrentielles entre les territoires.
Ainsi, ces générations successives de zones d’activité, ont façonné une partie du paysage urbain de nos territoires actuels en entrées de ville (notamment avec les zones d’activité commerciale) et dans les quartiers périphériques. Mais elles sont remises en cause depuis plusieurs années, pour partie, du fait de leur faible qualité urbaine et paysagère, de leur manque d’entretien… Parfois, elles sont même délaissées, touchées par des processus profonds de déqualification, associés au monde d’avant.
Au terme de ZAE, nous préférons utiliser dans cet article celui de « site économique », plus large. Si le terme de ZAE ne fait référence à aucune définition juridique précise et normative, il est globalement associé à un aménagement du passé, des espaces vieillissants, qui peuvent impacter jusqu’à l’image elle-même des entreprises qui s’y trouvent. Quasiment tous les sites économiques seront concernés demain par des actions de densification, décarbonation, résilience, même si les ZAE les plus anciennes sont promises à des stratégies de requalification plus globales.
L’enjeu est donc de concevoir ou de repenser les sites économiques comme une réponse à une stratégie de développement économique territoriale portée par les collectivités et donc aux besoins des entreprises et de leurs salariés. Les schémas d’accueil des entreprises sont dans ce sens pertinents, car ils ont pour objectif de traduire la stratégie économique territoriale en solutions foncières, immobilières, d’animation et de gouvernance. Aujourd’hui, les démarches de requalification des sites doivent être conçues en réponse aux enjeux de sobriété foncière, énergétique et de décarbonation tout en répondant aux questions de ses utilisateurs et donc des entreprises et salariés.
Concernant les causes de ce phénomène de désaffection des zones d’activités, on peut mettre l’accent sur trois causes majeures. D’abord, un phénomène d’obsolescence dû au vieillissement et au faible entretien ou renouvellement du parc bâti ainsi qu’à la dégradation des espaces, services et équipements publics qui rendent aujourd’hui ces derniers inadaptés aux évolutions des besoins des entreprises et des salariés.
Marie-Odile Farineau
Vue aérienne du parc de Brais, à Saint-Nazaire. ©Alain Marchand