Les sites économiques sur le chemin de la régénération
4. Parc de Brais_Vue aerienne Ilot 8_Janv2020_∏ Alain MARCHAND_P1380289 Grande

Engagées depuis de nombreuses années déjà dans des opérations de requalification, les zones d’activité économique (ZAE) font désormais face au paradigme « zéro artificialisation nette » (ZAN) qui leur confère une plus grande valeur et impose de nouveaux objectifs aux collectivités et de nouvelles méthodes aux aménageurs.

 

Les zones d’activité économique (ZAE), petites ou grandes, mono-acti­vité ou mixtes, arti­sa­nales, com­mer­ciales ou indus­trielles, anciennes ou récentes, vides ou pleines, en conti­nuité de la ville ou isolées en périphérie, font, depuis la seconde moi­tié du XXe siècle, par­tie intégrante de l’aménagement et du fonc­tion­ne­ment des ter­ri­toires. Conçues his­to­ri­que­ment pour concen­trer les activités économiques dans un périmètre voué à l’automobile, hors des centres-villes et des quar­tiers résidentiels, elles témoignent d’une approche fonc­tion­na­liste de l’urbanisme. Leur création a été le plus sou­vent sous-ten­due par un double objec­tif : une meilleure orga­ni­sa­tion spa­tiale des fonc­tions urbaines, et une meilleure répartition de la création de richesses sur le ter­ri­toire élargi.

Les « ZAE de 1re génération » (ou zones industrielles/artisanales) ont été développées dans les années 1960–1970 dans un contexte de forte crois­sance économique, sou­vent sans pla­ni­fi­ca­tion ni même aménageurs. Répondant à une logique de zoning [zonage, ndlr], ces espaces sou­vent mono­fonc­tion­nels ont été relégués à la périphérie des centres-villes, le long des axes de transport.

Une seconde génération de zones a vu le jour au tour­nant des années 2000. Plus excentrées, éloignées des espaces anthropisés, elles ont accueilli des pro­grammes mixtes, notam­ment des activités non pro­duc­tives (ter­tiaires, ser­vices, ensei­gne­ment…) et se sont appliquées à ten­ter de répondre à des enjeux de qua­lité de vie des salariés et de qua­lité envi­ron­ne­men­tale. Selon une étude de l’Assemblée des communautés de France (AdCF) de 2010, les ZAE consti­tuent un outil fon­da­men­tal dans les poli­tiques locales de développement économique qui doit nécessairement être développé sous la forme d’une opération d’aménagement. Cette dernière consti­tuant l’une des prin­ci­pales actions des collectivités au titre de la compétence développement économique. Leur mul­ti­pli­ca­tion a été sou­vent justifiée au-delà de la demande des entre­prises, par des stratégies d’attractivité concur­ren­tielles entre les territoires.

Ain­si, ces générations suc­ces­sives de zones d’activité, ont façonné une par­tie du pay­sage urbain de nos ter­ri­toires actuels en entrées de ville (notam­ment avec les zones d’activité com­mer­ciale) et dans les quar­tiers périphériques. Mais elles sont remises en cause depuis plu­sieurs années, pour par­tie, du fait de leur faible qua­lité urbaine et paysagère, de leur manque d’entretien… Par­fois, elles sont même délaissées, touchées par des pro­ces­sus pro­fonds de déqualification, associés au monde d’avant.

Au terme de ZAE, nous préférons uti­li­ser dans cet article celui de « site économique », plus large. Si le terme de ZAE ne fait référence à aucune définition juri­dique précise et nor­ma­tive, il est glo­ba­le­ment asso­cié à un aménagement du passé, des espaces vieillis­sants, qui peuvent impac­ter jusqu’à l’image elle-même des entre­prises qui s’y trouvent. Qua­si­ment tous les sites économiques seront concernés demain par des actions de den­si­fi­ca­tion, décarbonation, résilience, même si les ZAE les plus anciennes sont pro­mises à des stratégies de requa­li­fi­ca­tion plus globales.

L’enjeu est donc de conce­voir ou de repen­ser les sites économiques comme une réponse à une stratégie de développement économique ter­ri­to­riale portée par les collectivités et donc aux besoins des entre­prises et de leurs salariés. Les schémas d’accueil des entre­prises sont dans ce sens per­ti­nents, car ils ont pour objec­tif de tra­duire la stratégie économique ter­ri­to­riale en solu­tions foncières, immobilières, d’animation et de gou­ver­nance. Aujourd’hui, les démarches de requa­li­fi­ca­tion des sites doivent être conçues en réponse aux enjeux de sobriété foncière, énergétique et de décarbonation tout en répondant aux ques­tions de ses uti­li­sa­teurs et donc des entre­prises et salariés.

Concer­nant les causes de ce phénomène de désaffection des zones d’activités, on peut mettre l’accent sur trois causes majeures. D’abord, un phénomène d’obsolescence dû au vieillis­se­ment et au faible entre­tien ou renou­vel­le­ment du parc bâti ain­si qu’à la dégradation des espaces, ser­vices et équipements publics qui rendent aujourd’hui ces der­niers inadaptés aux évolutions des besoins des entre­prises et des salariés.

Marie-Odile Fari­neau 

Vue aérienne du parc de Brais, à Saint-Nazaire. ©Alain Marchand

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