La transformation de la caserne Marceau en un tiers-lieu activateur du cœur de ville
En 2008, la caserne Marceau ferme ses portes, dans le cadre du plan national de restructuration de la Défense. Trois ans plus tard, la Ville de Limoges se porte acquéreur du site de 4,3 ha et formule un projet de reconversion pour rouvrir ce site sur le tissu urbain. Il s’agit de dynamiser le quartier Carnot-Marceau en perte de vitesse et pourtant stratégiquement localisé entre la gare et le centre-ville. Si la Ville prévoit de transformer à terme le site en écoquartier, elle s’interroge sur la manière de l’animer au plus vite et d’incarner l’image d’un quartier en réinvention. Après avoir étudié des pistes de grands équipements tel qu’un centre des congrès, elle parie sur la création d’un nouveau lieu collaboratif, sans idée préconçue et qui se démarque d’un équipement public classique.
Pour amorcer la conception du « tiers-lieu » sur le site – avec une carte blanche programmatique, La Ville choisit de se faire accompagner par la Scet associée au WIP, fabrique de territoire normande, qui lui propose une démarche d’étude-action, pour faciliter une coconception du projet de tiers-lieu avec les acteurs locaux.
Cette démarche menée tout au long de l’année 2019 explore les besoins des acteurs locaux, sur une palette ouverte de champs d’action (artisanat et arts du feu, économie verte, enseignement et formation, culture, coworking et immobilier d’entreprise…). Un premier noyau d’acteurs intéressés – porteurs de projet et institutionnels – est réuni à Marceau pour réfléchir au socle du projet et nourrir un diagnostic partagé. Sont ensuite proposées des portes ouvertes pour tester des usages potentiels du tiers-lieu et écouter les besoins des habitants. Le noyau d’acteurs se consolide et travaille de nouveau sur site à une première projection spatiale et à la définition de son offre de service, désormais ciblée sur un bâtiment précis du site. C’est le « bâtiment 25 » qui donnera ensuite son nom au collectif des futurs résidents, aujourd’hui constitué en association pour poursuivre la préfiguration du projet. La démarche de coconception amorcée par l’étude-action Scet-WIP a ainsi permis de donner au projet une orientation thématique (économie durable, écoconstruction et artisanat créatif), de faire émerger un futur collectif de gestionnaires (une trentaine d’entreprises, de porteurs de projets individuels, d’institutionnels), et d’identifier des modalités de mise en œuvre, aux côtés d’une collectivité propriétaire et facilitatrice du projet. En 2020, entre deux confinements, l’itération se poursuit en autonomie entre la ville et le collectif pour affiner le modèle du tiers-lieu, le tester dans des formats évènementiels sur site et lancer une première tranche de travaux.
La démarche de coconception se révèle ici un ingrédient indispensable aux projets de tiers-lieux, dans la mesure où elle vise à construire un lieu hybride qui crée des synergies et facilite l’expérimentation par le « faire », un lieu porté par une communauté et en capacité d’accompagner les transformations urbaines.
Léa Finot, consultante à la Scet
Photo : © 7ALimoges/Ville de Limoges