La réponse aux besoins de logements, et plus particulièrement de logement social, est un enjeu structurel des politiques urbaines auquel le secteur HLM entend, malgré les objectifs de rationalisation et de recherche d’économies qui lui sont assignés, apporter des solutions innovantes et performantes.
Dans l’immédiat après-guerre, forts de l’appel de l’abbé Pierre en 1954, les organismes HLM ont trouvé une fonction centrale dans le développement du pays à la faveur des Trente Glorieuses: construire, attribuer et gérer des logements sociaux loués à des travailleurs modestes. L’ère des « barres HLM » et du logement de masse était arrivée, dans une période marquée par des politiques centralisatrices et planificatrices : produire massivement et loger les travailleurs était le maître mot. La structuration du mouvement HLM et de ses acteurs était en route, constituant une des grandes spécificités politiques françaises en Europe.
Un quart des 21 millions de logements sociaux européens se situe en France, alors que le logement social est très peu présent au sein de pays comme l’Espagne, la Grèce, ou le Portugal (où la culture de l’accession à la propriété y est très forte), tandis que d’autres pays en réservent l’accès aux ménages les plus pauvres, notamment en Allemagne, en Belgique, en Irlande et en Pologne. En France, ce secteur loge plus de 10 millions de Français à travers plus de 5 millions de logements. Et, si les conditions d’accès se complexifient, 70 % de la population reste éligible et un français sur deux y habite ou y a habité.
Derrière ces portefeuilles immobiliers considérables, c’est, en 2016, avant l’élection d’Emmanuel Macron, plus de 700 opérateurs qui sont à la manœuvre pour produire plus de 130 000 logements (un record absolu cette année-là), réhabilitant et gérant ces logements, en s’appuyant sur plus de 80000 collaborateurs et 20 milliards d’euros d’investissement. Pièces maîtresses des politiques de l’habitat, les organismes HLM souffrent pourtant d’une image parfois dégradée, auprès de l’opinion publique – qui y voit des opérateurs peu transparents, proposant une offre peu attractive marquée par l’image des « grands ensembles » –, mais également auprès des pouvoirs publics dont une partie les considère comme des « dodus dormants » (aux réserves financières confortables, peu enclin aux investissements), trop nombreux et trop peu performants pour répondre de manière efficace aux enjeux évolutifs des territoires et de leurs habitants.
Dans un contexte de rationalisation de l’intervention publique et de recherche d’économies portée par le nouveau gouvernement dès 2017, le secteur HLM, dont on a pu dire qu’il était une des « bêtes noires » du Président, va entrer dans une zone de turbulence extrêmement forte, amplifiant des dynamiques de transformation du secteur plus anciennes. Ce séisme jamais connu jusqu’alors va bouleverser les équilibres du secteur et repositionner les acteurs pour offrir un nouveau paysage HLM.
Nicolas Mer