Paris, la Ville lumière, a franchi une étape décisive dans sa transition vers une ville plus verte et plus solidaire.
Le plan local d’urbanisme (PLU), qui a été récemment voté, est le fruit d’un exercice démocratique intense et d’une vision commune partagée par les élus de la majorité municipale, les citoyens et les experts.
Dans le contexte urbain que nous connaissons, la transformation du bâti en zone dense est un défi de taille. Chaque action sur la ville doit porter des externalités positives pour toutes et tous, car, sans cela, la ville dense, intense, habitée, visitée peut vite devenir la ville invivable. Cette réalité est particulièrement palpable à Paris, où l’opposition juste des habitants aux projets qui ne profitent qu’à leurs propriétaires est très forte.
Pourtant, il est également important de constater que ce sont les projets du « diffus » qui seront certainement demain les relais principaux pour l’atteinte des objectifs d’amélioration des villes, tels que l’adaptation au changement climatique et la création de logements. Les zones d’aménagement sont de moins en moins le lieu de ces transformations. Non seulement il y a moins de place pour ces grandes opérations, mais, peut être aussi, sont-elles de plus en plus coûteuses et longues à mettre en place, les fonciers les plus simples ayant déjà été viabilisés.
Dans ce contexte, le PLU bioclimatique de Paris est symptomatique de notre approche. Il ne s’agit pas de figer la ville dans les petits projets pour encourager les grands, mais d’accompagner tous les projets dans l’amélioration de la ville. Ce PLU est intéressant à cet égard, grâce à des mécanismes innovants tels que les externalités positives, le bonus de surélévation, à condition que l’on améliore la qualité et l’usage des sols, ou encore la possibilité de déroger à la mixité fonctionnelle, en prouvant qu’on a construit du logement à proximité. La présente révision se rapproche de la haute couture, tant le degré de précision du nouveau document est élevé, du véritable sur-mesure pour Paris.
Cette approche, qui met l’accent sur l’accompagnement de la dynamique par « des règles du jeu claires » plutôt que sur la planification de grands projets, est une réponse à la fois audacieuse et nécessaire aux défis que Paris doit relever. Elle reconnaît que la ville est un organisme vivant, en constante évolution, et que la meilleure façon de la gérer est de travailler avec cette dynamique plutôt que de tenter de la contrôler.
Une étape décisive vers une ville plus verte et plus solidaire
Notre PLU bioclimatique est le résultat d’un processus de consultation approfondi, impliquant non seulement les élus, mais aussi les Parisiens eux-mêmes, qui ont formulé 50000 propositions pour repenser leur ville face aux défis climatiques et sociaux. Le processus a également bénéficié des contributions des élus de la Métropole du Grand Paris, des associations et des experts. Une cinquantaine de réunions publiques, plus de 180 ateliers et marches exploratoires, ainsi que de nombreuses conférences et débats ont été organisés pour faciliter le dialogue et l’échange d’idées.
Il est donc plus qu’un simple document juridique permettant d’autoriser les projets urbains: il s’agit d’un cadre commun pour les années à venir, destiné à transformer et à adapter la ville aux défis du futur. Il traduit une vision politique globale qui vise à concilier deux ambitions majeures : l’ambition climatique et l’ambition sociale. On le sait, Paris fait et va faire face à des défis majeurs qui exigent un changement radical dans nos habitudes et nos modes de vie en ville. C’est le climat de Séville, dès 2040.
Paris a déjà lancé plusieurs transformations radicales pour devenir une ville plus verte. Ces transformations comprennent la reconquête des voies sur berges, la réduction de l’usage de la voiture individuelle, le déploiement massif des pistes cyclables, la création des « rues aux écoles », la mise en œuvre de la démarche « Embellir votre quartier », le retour de la nature avec le plan Arbres, et une politique du logement en faveur de toutes et tous. Ces mesures ont déjà eu des effets positifs sur l’environnement. Entre 2011 et 2021, le trafic routier a diminué de près de 40 % dans Paris intra-muros et la pollution de l’air liée à ce trafic a également diminué de 40 %. Dans le même temps, le nombre d’arbres plantés a augmenté de manière significative, avec un record de 25 000 arbres plantés cet hiver.
Emmanuel Grégoire et Charles-Antoine Depardon
La ferme du Rail (19e), agriculture et solidarité pour le bénéfice des riverains ©Guillaume Bontemps/Ville de Paris