La dépense de la collectivité en matière d’aides au logement est souvent montrée du doigt comme étant à la fois très coûteuse et inefficace.
En septembre 2017 déjà, le « prix Nobel d’économie » Jean Tirole disait au Monde : « On dépense 42 milliards d’euros par an dans ce secteur avec les nombreuses aides à la pierre et à la location, qui ne profitent in fine qu’à ceux qui possèdent le foncier et poussent à la hausse les loyers et les prix de vente. Tout cet argent dépensé pour avoir 3 millions de mal-logés ! » – on n’est pas très loin d’un raisonnement en termes de « pognon de dingue » !
Depuis cette date, deux chiffres ont changé. Celui de la dépense publique qui ne s’élevait plus, en 2020, qu’à 37,6 milliards d’euros, et celui du mal-logement, estimé en 2022 par la Fondation Abbé-Pierre, à 4,1 millions de personnes. Le lien entre la dépense publique et le nombre de personnes mal- logées résiste à l’analyse.
La baisse de la dépense publique est nette, d’autant que les chiffres tirés du compte du logement sont présentés en euros courants. On est ainsi passé d’un record à 2,1 % du PIB en 2011 à 1,6 % en 2020.
Décrire la structure des aides au logement…
Pour comprendre cette évolution et surtout en interroger l’efficacité, il est nécessaire de décomposer les rubriques qui figurent dans le tableau des aides fournies par le compte du logement. Il comporte une quarantaine de lignes organisées en quatre grands ensembles.
Le premier, de loin le plus important, contient les 20,2 milliards de prestations sociales liées au logement, dont 16,6 milliards correspondant aux différents régimes d’aides à la personne (APL, ALF, ALS). Ils sont de longue date au centre du débat et ont fait l’objet, depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, de plusieurs ajustements à la baisse, après un pic à 18,1 milliards en 2016.
Le deuxième ensemble, pour 2,3 milliards, comprend les subventions directes versées par l’État, Action Logement (l’historique « 1 % logement ») et les collectivités territoriales pour la production, l’acquisition et l’amélioration de logements sociaux, pour la rénovation urbaine et pour l’amélioration des logements privés – les aides de l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Ce poste est en baisse constante depuis le début des années 2010 (4,3 milliards en 2010), malgré une légère reprise en 2020 générée par les aides de l’Anah, centrées sur la transition énergétique.
Jean-Claude Driant
Source graphique : Compte du logement 2020