La biodiversité est une des conditions nécessaires à la vie sur Terre. Il est de notre devoir de tout mettre en œuvre pour la préserver et la léguer aux générations futures.
La biodiversité à l’échelle globale et locale connaît un effondrement généralisé, depuis le XVIe siècle, et massivement, depuis les années 1970, causé principalement par la destruction des espaces naturels et par la surexploitation (chasse, pêche, agriculture, sols, minerais et eau).
La faune sauvage ne représenterait plus que 2 % environ du vivant animal terrestre, les animaux domestiques, 85 %, et les êtres humains, 13 %. Le développement urbain et agricole, pour couvrir les besoins humains et la croissance économique, a participé et participe très directement à ces atteintes à la nature et à la biodiversité. Le premier, par la minéralisation et la destruction des sols, et le second, par l’épuisement des sols d’une agriculture industrielle, associé aux pollutions par les produits phytosanitaires. L’architecture végétalisée prend ses racines dès la Préhistoire et l’Antiquité avec, par exemple, le temple celtique de Newgrange (Irlande) ou les jardins de Babylone qui utilisaient l’irrigation gravitaire.
Les mondes de la conception urbaine, paysagère et environnementale, de l’ingénierie, de l’aménagement urbain et de la promotion immobilière réfléchissent, de longue date, au développement de concepts, techniques et projets, afin de produire des villes, des espaces urbains, à forte structure et dimension environnementale. Des villes végétales autosuffisantes, écosystémiques, (re)créant l’espace naturel climacique et produisant un « effet d’émergence » susceptible de contrer efficacement les tra- jectoires d’effondrement et d’extinction.
Depuis vingt ans, nous développons des projets et dispositifs innovants destinés à être intégrés au milieu urbain. Ils sont conçus en prenant en compte le cycle de l’eau et le substrat – les sols, la terre – et sont destinés à être mis en réseau, afin d’accueillir et de faire prospérer la biodiversité indigène. Non sans observer avec le recul nécessaire les limites des solutions offertes à toutes les échelles, urbaines et territoriales, et sans approcher le plus précisément les coûts des dispositifs proposés, aussi bien en investissement qu’en gestion.
L’eau, prima materia
De la même manière que la gestion des eaux pluviales dans l’espace public se fait en aérien, grâce à des noues et des bassins à ciel ouvert, il est possible de concevoir un projet urbain fondu dans la nature, dans lequel le cycle de l’eau est intégré et étendu, à l’échelle de l’îlot, sur l’architecture, pour économiser l’eau potable.
Sur les bâtiments, un chemin est ménagé pour l’eau gravitaire, il peut également être mis en valeur par des chaînes de pluie et se développer dans un réseau de jardinières intégrées dans une architecture étagée. Pour irriguer l’architecture végétalisée et stocker les eaux pluviales, des bassins paysagers aquaponiques peuvent être créés en pleine terre, dont les formes et les niveaux d’eau évoluent au gré des précipitations.
Au sol et sur les immeubles, il convient, afin de minimiser les consommations d’eau, mais aussi d’engrais, de planter une végétation indigène et xérophile. Des noues épuratrices filtrent toutes les eaux pluviales reçues, qui peuvent ainsi être réutilisées, ce qui constitue une ressource importante. Ces différents espaces constituent des milieux associés dans lesquels il est facile d’introduire ou d’héberger une faune variée (poissons, batraciens, reptiles, batraciens, insectes…), l’ensemble consti- tuant un écosystème.
D’un point de vue urbain, la présence de l’eau est perceptible visuellement (végétation étagée), mais aussi physiquement, par la fraîcheur qui est dégagée par l’évaporation de la zone humide. Le végétal est présent dans tous les espaces, publics, communs et privés, depuis les voies et places sur lesquelles donnent les rez-de-chaussée, ainsi que sur les terrasses partagées ou privées.
Frédéric-Charles Aillet
Le principe de la phytoépuration pleine terre.
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