La question de la nature, élément participant du bien‑être de la société, passe par une nouvelle approche plus respectueuse de la relation entre le vivant humain et non humain qu’il appartient aux urbanistes de faciliter et d’accompagner.
Les évènements de ce début de XXIe siècle, et plus particulièrement de ces quatre dernières années – crise sanitaire, inondations, épisodes de chaleur intense, crise sociale et des interactions sociales, pour n’en citer que quelques-uns –, ont mis sur le devant de la scène la question du bien‑être et de son lien avec les éléments naturels.
Mais de quelle nature sont ces relations ? Celles-ci se modifient- elles ? Assiste-t-on à un changement d’ontologie dans le monde occidental ? Le naturalisme est-il en train de laisser sa place à une nouvelle ontologie dont il est mal aisé de définir les particularités. La scission nature-culture, qui est à la base des représentations du monde du vivant et de la relation des humains avec les non-humains dans le monde occidental, est-elle amenée à disparaître ? Pour le dire autrement, les représentations de l’homme occidental du vivant non humain sont-elles en cours de modification? De nouvelles relations au sein du vivant voient-elles le jour ? Sont-elles les prémices d’un nouveau récit ? Ce sont autant de questions qui appellent des réponses, pour que les urbanistes puissent modifier leur pratique, accompagner les transformations en cours et permettre un meilleur bien‑être des personnes.
Une nature nécessaire
Les citadins entretiennent une relation particulière avec ce qu’ils nomment « nature ». Des enquêtes dans les villes françaises ont mis en évidence l’importance de la présence du vivant non humain et, notamment, du végétal, pour les citadins dans leur cadre de vie. À côté de déterminants spatiaux comme l’accessibilité à certains services et équipements (médicaux, commerces, espaces publics), le niveau de sécurité des biens et des personnes, ou encore la qualité du logement, les aménités naturelles et, en particulier, l’environnement « sain et sans nuisance » et le paysage naturel sont fortement valorisés. Par conséquent, malgré la variabilité des préférences des citadins liée à leurs caractéristiques individuelles et leurs vécus, les éléments naturels sont considérés par ces derniers comme un déterminant important de leur bien‑être.
La nature apparaît comme une nécessité pour le citadin. Sa présence dans son espace de vie est essentielle à son équilibre. Selon certains scientifiques, ce serait en raison du contact que l’être humain a entretenu avec elle tout au long de son évolution.
Une nature bienfaisante
Les citadins considèrent la nature comme bienfaisante. Ils ne s’y trompent pas. Les scientifiques ont montré depuis longtemps que l’exposition à des éléments naturels, notamment les végétaux, était favorable au bien‑être et à la santé. Ils ont souligné, entre autres, que les personnes habitant dans un environnement plus vert déclarent un niveau de bien‑être subjectif supérieur aux autres et une meilleure santé. Les enfants grandissant dans un environnement où le végétal est bien présent connaissent un meilleur développement cognitif que les enfants vivant dans des quartiers qui en sont moins pourvus.
Lise Bourdeau-Lepage
Cheminement sous tunnel végétal en osier vivant, à l’école maternelle Émeriau (Paris 15e).
© CAUE 75/Théo Ménivard