La France est-elle entrée dans un nouveau cycle touristique ? Première destination mondiale en 2019, l’Hexagone n’a pas échappé à la crise du secteur déclenchée par la pandémie planétaire du Covid-19. Forcés à l’inactivité et à l’immobilité pendant une longue période, les Français ont eu le temps de réfléchir au « monde d’après ».
Pour beaucoup, cette étrange période a été l’occasion de porter un regard critique sur l’évolution du secteur. Car le tourisme est traversé depuis plus d’une décennie par des tendances qui remettent en cause sa viabilité à long terme, notamment les conséquences négatives du tourisme de masse et les effets de la crise écologique sur l’environnement. Sans parler de la plateformisation de son économie (TripAdvisor®, Booking.com®, Airbnb®…) qui fragilise les acteurs historiques.
Ces tendances ont conduit à une crise d’identité du secteur dont la majorité des Français était consciente avant même la crise sanitaire. Interrogés en 2019 dans une enquête de Sociovision, 64 % déclaraient, en effet, qu’ils ne supportaient pas « d’aller dans les sites très fréquentés par les touristes ». Cette opinion s’expliquait par les conséquences de plus en plus visibles du tourisme de masse sur le territoire français. Ainsi, dans la même enquête, 81 % des personnes interrogées affirmaient que « le développement touristique dénature certains sites et certaines villes (hébergements, commerces, prix, etc.) ».
Avec le retour à la vie normale qui se profile désormais, qu’en est-il de ces réflexions ? Les Français vont-ils vraiment changer leurs comportements ? Et l’offre touristique va-t-elle se transformer pour répondre à ces nouveaux défis ? S’il est encore tôt pour dire quelle direction est la plus probable, il est en revanche possible d’étudier le rapport des Français au voyage et aux séjours touristiques. L’analyse des données disponibles montre que quatre grandes logiques se dégagent aujourd’hui dans la société française.
Rémy Oudghiri
Crédit Photo : Tommy Kwak/Unsplash