Quelle trajectoire de sobriété foncière pour l’Ile-de-France ?
ZAN

Le 11 novembre 2021, le conseil régional d’Ile-de-France a engagé la révision du schéma directeur de la région Ile-de- France (SDRIF), approuvé en décembre 2013. Objectif majeur : atteindre le « zéro artificialisation nette » (ZAN), qui fait de la sobriété, et tout particulièrement de la sobriété foncière, la clé de la définition du nouveau modèle d’aménagement francilien.

 

Selon l’article L123‑1 du Code de l’urbanisme, le schéma direc­teur de la région Ile-de-France (SDRIF) « fixe une tra­jec­toire per- met­tant d’aboutir à l’absence de toute arti­fi­cia­li­sa­tion nette des sols ain­si que, par tranches de dix années, un objec­tif de réduction du rythme de l’artificialisation ». Et l’article 194 III de la loi cli­mat et résilience précise : « 2° Pour la première tranche de dix années, le rythme d’artificialisation est tra­duit par un objec­tif de réduction de la consom­ma­tion des espaces natu­rels, agri­coles et fores­tiers par rap­port à la consom­ma­tion réelle de ces espaces observée au cours des dix années précédentes. »

Ain­si, à la différence des schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des ter­ri­toires (SRADDET) et à l’instar du plan d’aménagement et de développement durable de Corse (PAD­DuC) et des schémas d’aménagement régional (SAR) des régions d’outre-mer, le SDRIF n’est pas sou­mis à l’objectif chiffré de réduire d’au moins 50 % la consom­ma­tion d’espaces natu­rels, agri­coles et fores­tiers projetée sur 2021–2031, par rap­port à la consom­ma­tion observée entre 2011–2021 (art. 194 III 3°, loi précitée).

 

D’où part-on ?

La consom­ma­tion d’espaces natu­rels, agri­coles et fores­tiers (ENAF) sur la décennie de référence a été calculée sur la base du mode d’occupation du sol 2 (MOS), développé à l’échelle de l’Ile-de-France par L’Institut Paris Region depuis 1982, actua­lisé tous les quatre ou cinq ans, et dont le der­nier millésime a été publié en 2021. La consom­ma­tion d’ENAF s’élevait à 6 969 ha bruts « hors carrières  », soit, en moyenne, 774 ha/an sur la période 2011- 20214.

Ce point de départ pour la définition de la tra­jec­toire ZAN confirme la nécessité de reve­nir sur les objec­tifs du SDRIF de 2013, qui prévoient une enve­loppe de consom­ma­tion foncière de 28 935 ha sur la période 2008–2030 et une moyenne de 1 315 ha/an. Par ailleurs, il oblige à réinterroger les 6 600 ha de pro­jets recensés en exten­sion urbaine et les 3 340 ha de zones à urba­ni­ser supplémentaires ins­crits dans les plans locaux d’urbanisme (PLU).

Au-delà de la logique pure­ment quan­ti­ta­tive de la consom­ma­tion d’ENAF, il s’agit aus­si de ques­tion­ner « l’opportunité » de cer­tains pro­jets afin de pou­voir réorienter les développements à l’aune de la nécessité d’accélérer le développement de nou­veaux usages des sols, notam­ment attachés à la pro­duc­tion d’énergies renou­ve­lables et au développement de l’économie cir­cu­laire, et de préserver les espaces ouverts pour leurs nom­breuses et indis­pen­sables, voire vitales, fonc­tions (pro­duc­tion ali­men­taire, sto­ckage de car­bone, pro­tec­tion de la bio­di­ver­sité, pro­duc­tion de matériaux bio et géo‑sourcés, apport de fraîcheur, lieux de détente et de loi­sirs, etc.).

Quels sont les déterminants de la tra­jec­toire ZAN ?

La définition de la tra­jec­toire de sobriété foncière vers le ZAN tient compte de différents paramètres pour jus­ti­fier les capacités d’urbanisation nécessaires au niveau régional.

• La dyna­mique ver­tueuse de sobriété foncière déjà engagée. En effet, malgré son impor­tant poids démographique (18 % de la popu­la­tion française et un accrois­se­ment de la popu­la­tion de 56 000 hab./an depuis 2013) et économique (31 % du PIB natio­nal), la région Ile-de-France, aux trois quarts composée d’espaces natu­rels, agri­coles, fores­tiers et aqua­tiques, est à l’origine de seule­ment 4 % de la consom­ma­tion foncière natio­nale et ne représente que 5 % du total des espaces urbanisés du pays. Bien qu’on observe une légère reprise de la consom­ma­tion d’ENAF sur la période 2017–2021, cette dernière reste très inférieure à celle autorisée par le SDRIF de 2013. Il convient tou­te­fois de réduire encore cette consommation.

• La prise en compte d’un cer­tain nombre de pro­jets urbains engagés opérationnellement (envi­ron 2300ha) ou financièrement (envi­ron 1 600 ha) au moment de la révision du SDRIF et des pro­jets portés par les opérateurs d’État qui représentent 2 755 ha, soit près du quart de l’urbanisation maxi­male autorisée par le SDRIF‑E (envi­ron­ne­men­tal).

 

Lire la suite de cet article dans le n°435

San­drine Bar­rei­ro et Jean Bénet

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