Formées à la sécurité alimentaire, des communes de France adoptent des mesures concrètes pour tendre vers l’autosuffisance et réduire ainsi les risques de rupture d’approvisionnement en cas de crises.
Que faire en cas de rupture d’approvisionnement alimentaire? Pénurie de farine, de moutarde, hausse du prix du blé, etc. La crise sanitaire et la guerre russo-ukrainienne ont mis en évidence la dépendance de la France aux importations et la vulnérabilité de nos systèmes de production. Selon le think tank Utopies, le degré d’autosuffisance des 100 premières aires urbaines françaises est de 2 %. Le reste vient d’autres régions ou de l’étranger. Mais que se passerait-il si, pour diverses raisons, ces denrées ne pouvaient plus être acheminées? Face à ce risque majeur, des communes se préparent en plaçant la sécurité alimentaire au cœur de leurs démarches de planification urbaine.
En 2019, Montpellier Méditerranée Métropole a approuvé une révision générale de son schéma de cohérence territoriale (SCoT) intégrant la problématique de la sécurité alimentaire. Objectif principal: préserver les terres nourricières de la bétonisation. « On a souhaité pérenniser les espaces arables pour assurer localement une partie de notre survie », explique Philippe Saurel, alors maire de Montpellier et président de la Métropole [de 2014 à 2020, ndlr]. En votant cette révision du SCoT à l’unanimité, les 31 communes se sont engagées à réduire l’empreinte urbaine constructible à un tiers du territoire.
Les deux autres tiers devant rester dédiés – « sacralisés » – aux espaces naturels et agricoles. Jugé insuffisant aux yeux de certains élus, des analyses complémentaires ont porté sur 400 hectares supplémentaires potentiellement à préserver. Après examen conjoint avec la chambre d’agriculture de l’Hérault, ce sont finalement 200 hectares supplémentaires qui ont été rendus à l’agriculture, contrecarrant certains projets immobiliers. « Nous avons essayé d’économiser le moindre hectare pour l’alimentation », reprend l’élu local.
La Métropole a également donné des terres agricoles en fermage à de jeunes agriculteurs et a créé une délégation sur l’agroécologie, qui compte parmi ses objectifs une mise en réseau des producteurs locaux pour valoriser l’autonomie alimentaire. Selon Philippe Saurel, cette mesure s’est révélée bénéfique pendant le confinement de 2020 : « Ça nous a été utile lorsque nous avons été contraints de fermer les marchés de plein air, car nous avions constitué un annuaire et les habitants ont pu commander des légumes directement auprès des agriculteurs. Nous avons aussi largement négocié avec des grandes surfaces pour qu’elles achètent les produits locaux. » Aujourd’hui, les principes d’« offrir une alimentation saine et locale au plus grand nombre » et de « soutenir l’économie, l’emploi agricole et agroalimentaire » apparaissent clairement dans les priorités du SCoT.
Des risques majeurs
Affectées par la crise du Covid-19, de plus petites communes ont inclus l’alimentation dans leurs documents d’urbanisme, pour prévenir les futures pénuries. Les villages de Saint-Germain- Laprade (Haute-Loire), Biriatou (Pyrénées-Atlantiques) et Droue- sur-Drouette (Eure-et-Loir) ont, en effet, intégré les risques d’approvisionnement en eau et en produits alimentaires dans leurs plans communaux ou intercommunaux de sauvegarde, et ont ajouté la sécurité alimentaire à leurs documents d’information communaux sur les risques majeurs (DICRIM).
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Emma Conquet
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