Palimpseste urbain en mutation

Plutôt qu’un travail documentaire, l’œuvre de l’artiste espagnol Dionisio González questionne l’architecture et son rapport aux sociétés urbaines. Le photographe utilise la manipulation numérique comme une possibilité de conception poétique. Il capte la vitalité des bidonvilles et expérimente, dans le domaine des infrastructures, des projets alternatifs concrets, telles les hétérotopies chères à Foucault.

 

Il pro­pose ain­si une réin­ter­pré­ta­tion des modèles sociaux à tra­vers une archi­tec­ture futu­riste, décons­truite, chao­tique et presque para­si­taire, ten­tant d’envisager une recons­truc­tion radi­cale de l’habitat qui amé­lio­re­rait les condi­tions de vie de ses habitants.

CARTOGRAPHIES POUR LE DÉMÉNAGEMENT – BRÉSIL

« La pre­mière rai­son pour laquelle je pré­sente les images de manière linéaire répond à l’impossibilité réelle pour le spec­ta­teur de com­prendre visuel­le­ment la fave­la à cause, pré­ci­sé­ment, de sa nature pan­op­tique. En d’autres termes, la fave­la est la contre-figure des espaces ouverts […], ce sont des édi­fices qui sup­priment la lumière. La deuxième rai­son est liée au fait de don­ner aux spec­ta­teurs l’expérience visuelle de la minia­ture et en même temps du rhi­zome, c’est-à-dire de l’expansion ter­ri­to­riale. La vision extrême d’une exten­sion énorme, géné­rée par l’agglutination d’éléments spa­tiaux minus­cules, est extrê­me­ment per­tur­bante. […] Para­doxa­le­ment, cette pré­sen­ta­tion est plus “réelle” puisque je repré­sente un ensemble de cabanes une à une, telles qu’elles ont été dis­po­sées, et non la vision frag­men­tée et indi­vi­duelle que nous connais­sons tous. »

Dio­ni­sio Gonzá­lez, Zoom Inter­na­tio­nal, nº 81, juillet-août 2007

 

BUSAN PROJECT – CORÉE DU SUD

« Les auto­ri­tés de la ville de Busan m’ont pro­po­sé de réa­li­ser une étude d’intervention sur les col­lines dégra­dées qui entourent la métro­pole, un déclin cau­sé par un pro­ces­sus de dys­fonc­tion­ne­ment et d’encampement de l’habitat urbain géné­ré dans les années dia­spo­riques ou migra­toires de la guerre et, plus tard, pen­dant l’apogée de l’industrie. Cette expé­rience a éga­le­ment don­né nais­sance à l’idée, de la part de toutes ces ins­ti­tu­tions dans leur ensemble, de mettre ces images en pra­tique ; en bref, sur un plan phy­sique et fonc­tion­nel en tant que rési­dences d’étudiants, points de vue et/ou musées, comme moyen d’alternance et de coexis­tence entre l’occupation légale des bidon­villes pro­vi­soires. Et non plus à par­tir du désen­ga­ge­ment ou de la sup­pres­sion, mais à par­tir de la consom­ma­tion et de la com­mix­tion d’éléments qui recom­posent un contexte com­mer­cial et dis­suadent la répu­gnance ins­pi­rée par les ban­lieues. »

Dio­ni­sio González

 

ZONE BRUTALE (EUTOPIE OU DISPERSION) – LONDRES

« Ce pro­jet artis­tique déve­loppe une étude sur les impul­sions archi­tec­tu­rales dif­fu­sées dans toute l’Europe à par­tir des années 1950. Dans un contexte dif­fi­cile d’après-guerre et alors que les idées du Mou­ve­ment moderne stag­nent après avoir signi­fié une rup­ture déran­geante avec l’architecture tra­di­tion­nelle. Des aspects qui ont conduit à une nou­velle géné­ra­tion d’architectes, de pla­ni­fi­ca­teurs et d’urbanistes qui ont pro­je­té une ville alter­na­tive fré­quen­tant les réa­li­sa­tions tech­no­lo­giques de l’industrie de guerre et de la recherche aéro­spa­tiale. Ain­si, dans une Europe mar­quée par une grande crise sociale, cultu­relle, éco­no­mique et poli­tique est appa­rue une archi­tec­ture qui ten­tait de répondre aux muta­tions pro­fondes de la socié­té, aux vides et aux expli­ca­tions pro­vo­qués par les bou­le­ver­se­ments aériens et aux mou­ve­ments de popu­la­tions diasporiques. […]

Ces séries (Euto­pia or Dis­per­sion et New Bru­tal Situ-Actions in Lon­don) récu­pèrent des pro­jets qui n’ont pas été construits ; elles sont une com­pi­la­tion docu­men­taire de beau­coup de ces struc­tures rési­den­tielles qui risquent d’être démo­lies bien­tôt et qui, en même temps, posent de nou­veaux modes de mise en œuvre urbaine basés sur cet esprit d’équilibre civil, où les zones nucléaires ne sont pas délo­ca­li­sées et les quar­tiers rési­den­tiels ne sont pas éloi­gnés des grandes carac­té­ris­tiques récréa­tives, cultu­relles et sociales. »

Dio­ni­sio González

Textes et pho­tos de Dio­ni­sio González

Décou­vrir la suite de ce port­fo­lio dans le numé­ro 441 « Dense, dense, dense » en ver­sion papier ou en ver­sion numérique

Pho­to de cou­ver­ture : Les ruelles étroites de Grasse (Alpes-Mari­times). Cré­dit : Lah­cène Abib/Divergence

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Depuis 1932, Urba­nisme est le creu­set d’une réflexion per­ma­nente et de dis­cus­sions fécondes sur les enjeux sociaux, cultu­rels, ter­ri­to­riaux de la pro­duc­tion urbaine. La revue a tra­ver­sé les époques en réaf­fir­mant constam­ment l’originalité de sa ligne édi­to­riale et la qua­li­té de ses conte­nus, par le dia­logue entre cher­cheurs, opé­ra­teurs et déci­deurs, avec des regards pluriels.


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