Centres anciens : nouveaux enjeux ! Attractivité, adaptation, avenir

D’éclatants objets du désir

 

Per­sonne n’a oublié l’époque pas si loin­taine où les centres anciens des villes petites, moyennes ou grandes qui font la fier­té de notre pays, témoi­gnant de la diver­si­té géo­gra­phique et de la richesse his­to­rique et cultu­relle, ont été dévi­ta­li­sés au béné­fice des métro­poles régio­nales ou de leurs propres péri­phé­ries étalées.

Des centres aban­don­nés par leur popu­la­tion et par les acteurs éco­no­miques de proxi­mi­té, au pre­mier rang des­quels les com­merces, étrillés par la grande dis­tri­bu­tion ou par­tis la rejoindre en péri­phé­rie. Ils ont alors connu des des­tins contras­tés, indexés sur l’économie locale, sou­vent deve­nue rési­den­tielle, et sur le tou­risme dans ses dif­fé­rentes com­po­santes, du séjour « inter­na­tio­nal » à la jour­née « locale ».

Et ces visi­teurs, mus par le désir de décou­vrir ces villes et leur patri­moine, de faire le triste constat de la vacance rési­den­tielle et com­mer­ciale, par­fois com­pen­sée par une éco­no­mie tou­ris­tique de cueillette (héber­ge­ment) ou de petite mar­chan­dise (bou­tiques).

En phi­lo­so­phie, « l’obscur objet du désir » désigne l’assertion que l’on cesse de dési­rer ce que l’on pos­sède et que l’on ne désire que ce qui nous manque. Ces centres his­to­riques n’étaient plus dési­rés par ceux qui y habi­taient depuis des géné­ra­tions et qui sou­vent conti­nuaient de les pos­sé­der (loge­ments, com­merces, etc.), mais ils demeu­raient des lieux de désir pour leurs visiteurs.

Oui, mais depuis quelques années déjà, cette ten­dance s’inverse dans la plu­part des villes concer­nées, cer­taines connais­sant même une véri­table renais­sance en accueillant de nou­veaux habi­tants en quête d’aménités, ser­vices et vie sociale. Cette attrac­ti­vi­té nou­velle ne concur­rence pas l’attrait tou­ris­tique, elle le ren­force même souvent.

Mais pour deve­nir « d’éclatants objets du désir », les centres anciens doivent faire l’objet d’attentions par­ti­cu­lières, comme être pré­ser­vés de toute concur­rence péri­phé­rique, rési­den­tielle et éco­no­mique, et sur­tout béné­fi­cier de mesures et actions en faveur de leur adap­ta­tion aux défis éco­lo­giques et cli­ma­tiques (réchauf­fe­ment) et socio-éco­no­miques (vieillis­se­ment).

Cha­cune de ces pro­blé­ma­tiques consti­tue pour cha­cun d’eux de véri­tables chal­lenges : le renou­vel­le­ment urbain doit res­pec­ter le tis­su ver­na­cu­laire et l’identité locale, la réno­va­tion éner­gé­tique et l’adaptation au grand âge ou au han­di­cap coûtent cher, car elles doivent com­po­ser avec la néces­saire pro­tec­tion du patri­moine bâti et les pres­crip­tions par­ti­cu­lières qui en découlent.

Sur l’ensemble du ter­ri­toire natio­nal, les ini­tia­tives pour apai­ser ces centres-villes, les rendre plus acces­sibles, vivants, soli­daires et agréables sont de plus en plus nom­breuses et pro­bantes. Tou­jours, le patri­moine y occupe une place déter­mi­nante, parce qu’il incarne un récit ter­ri­to­rial et urbain, parce qu’il témoigne d’une adap­ta­tion conti­nue à tra­vers les époques et qu’il recèle aus­si des ensei­gne­ments et des pro­messes pour un futur hau­te­ment désirable.

Julien Mey­ri­gnac 

 

Pho­to de cou­ver­ture : Angers. © Labellepatine/Shutterstock

 

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