Fin juin 2021, le projet de rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) alertait sur les conséquences irréversibles qui pourraient être observées dès le franchissement de la barre des 1,5 °C de réchauffement climatique. Et ce, bien avant 2050.
Si les villes concentrent les problèmes, elles ont aussi plus de marges de manœuvre que les États pour inventer des solutions. Elles peuvent agir simultanément sur les transports, le traitement des déchets, les bâtiments, les quartiers, sur leur propre territoire et même sur un territoire plus vaste.
Ce dossier questionne les scénarios pour une ville bas-carbone et interroge les politiques mises en œuvre par les villes. C’est là que se joue pour une large part la lutte contre le réchauffement climatique, estime Jacques Theys, ancien responsable de la prospective du ministère de l’Écologie.
67 % des émissions de GES proviennent des villes, rappelle l’Institute for Climate Economics (I4CE), think tank proche de la Caisse des Dépôts et de l’Agence française de développement. I4CE a évalué qu’il faudra investir 15 à 18 milliards d’euros supplémentaires chaque année d’ici 2023, dans les seuls secteurs des énergies renouvelables, du transport et du logement pour s’engager vers la neutralité carbone.
Pourtant, à en croire l’économiste et urbaniste Jean Haëntjens, les villes, du moins certaines, sont en avance sur les États. Elles concentrent les problèmes, mais elles ont aussi des dispositions particulières pour inventer des solutions. Elles peuvent agir simultanément sur le bâtiment, le quartier, sur leur propre territoire et sur un territoire plus vaste, comme dans le cas du projet du Grand Genève. Sur la mobilité, on lira la passionnante contribution de Jean-Pierre Orfeuil, de l’Institut pour la ville en mouvement, en faveur du petit véhicule.
Plus personne ne conteste l’urgence. Reste à tenir les engagements et à savoir par quelles trajectoires y parvenir. Pour l’heure, nous sommes très loin du compte. D’autant que, selon Sabine Barles, professeure d’urbanisme à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, « la réduction des émissions de carbone dépasse la transformation du système énergétique urbain. Elle doit se traduire par une recherche de sobriété en toutes choses ». Cyria Emelianoff, professeure d’aménagement et d’urbanisme, en appelle à « des formes radicales de sobriété, qui supposent des ruptures politiques ».
Jean-Michel Mestres, rédacteur en chef adjoint
Photo : Le Grand Parc des Docks de Saint-Ouen © Xavier Testelin/Divergence