Alexis Darmois, maire de Pont-Audemer
Pont-Audemer profite de sa localisation au cœur de la région Normandie, de son patrimoine naturel classé et de sa proximité avec l’axe Paris-Seine pour renforcer son développement économique et touristique.
Comment se situe votre territoire communal entre Le Havre, Rouen et le parc naturel régional des Boucles de la Seine ?
Nous sommes équidistants de Rouen, du Havre et de Caen. Nous avions deux options : être un carrefour où l’activité se développe en raison de cette centralité, ou être un rond-point où tout tourne autour, mais qui ne peut prétendre qu’à la décoration.
Notre objectif est de démontrer que nous sommes la ville la mieux placée pour accueillir les activités qui impliquent ces trois grandes agglomérations, aussi bien au niveau économique que culturel : de fait, nous accueillons beaucoup d’évènements de la région Normandie. Pont-Audemer fait partie des trois premières villes françaises reconnues par le label Ramsar – qui dépend des Nations unies – pour la protection de la biodiversité. Nous sommes la porte d’entrée du parc naturel régional des Boucles de la Seine, un atout conciliant développement économique, touristique et protection de la nature.
Pont-Audemer est traversée par la Risle, qui est un affluent de la Seine. Elle a très longtemps été au cœur d’activités industrielles consommatrices d’eau. Avec le départ d’une partie de ces industries, la ville s’est petit à petit détournée de l’eau et s’est construite en regardant vers la terre. Notre enjeu est de la remettre au centre de la ville, elle est un vecteur extraordinaire pour lutter contre la chaleur. Il y a un défi fort qui est de concilier la volonté de développement économique avec l’impératif écologique. Le parc nous le rappelle régulièrement et c’est une excellente chose. Nous essayons également de le valoriser d’un point de vue touristique, il y a un attrait de plus en plus marqué d’un retour à la nature, valorisable économiquement.
Croyez-vous-en la grande planification de l’axe Paris-Seine ? Si oui, comment votre commune s’inscrit-elle, ou pourrait-elle s’inscrire, dans ce grand projet ?
Bien sûr, l’axe Paris-Seine est un axe structurant de notre territoire, c’est un trait d’union extraordinaire. Il est principalement porté par Le Havre, Rouen et Paris, mais nous avons des échanges réguliers avec les différentes collectivités. Nous en sommes encore aux prémices, l’enjeu est de comprendre comment valoriser le fluvial d’un point de vue économique, environnemental et touristique. Les territoires sont convaincus de leurs atouts, mais il faut que l’État s’en convainque aussi.
Tout l’enjeu est de remettre la rive et l’eau au centre de la ville.
Nous avons deux axes structurants aujourd’hui : la Seine et l’A13. Nous avons la chance d’être à proximité des deux et nous devons pouvoir concilier le routier avec des modes de déplacement plus doux qui répondent à l’impératif écologique. Pont-Audemer n’est pas traversée par la Seine, mais par l’un de ses affluents : la Risle. Elle a très longtemps été au cœur de l’activité industrielle de la ville, nous avions des industries fortement consommatrices d’eau, comme les tanneries et les papeteries. Avec le départ d’une partie de ces industries, la ville s’est peu à peu détournée de l’eau et s’est construite plutôt en regardant la terre.
Tout l’enjeu est de remettre la rive et l’eau au centre de la ville, car elle offre des atouts extraordinaires. L’eau est un vecteur de lutte contre la chaleur. Les îlots bleus peuvent constituer des réserves extraordinaires. Nous avons également des étangs sur la commune que nous essayons de valoriser, ce sont des vecteurs de biodiversité.
La Risle est très préservée car nous lui avons tourné le dos. Nous travaillons, par exemple, sur le « tout-à‑l’égout ». Quand la ville a été construite, la rivière servait d’égout. Nous avons un programme là-dessus pour améliorer la qualité de l’eau. Nous travaillons aussi à limiter les risques de submersion, car Pont-Audemer a été une ville qui, pendant des décennies, a été régulièrement inondée par le Mascaret – une vague qui remontait de la Seine et qui pouvait entraîner des inondations de la ville.
Votre commune étant nouvelle [issue de la fusion en 2018 de deux communes, NDLR], comment construit-on un projet et un récit territorial communal dans un tel contexte ?
Elle a été bien acceptée pour deux raisons : l’imbrication historique entre les deux communes qui ne formaient déjà qu’une seule ville, il y a 150 ans, et le projet de territoire qui faisait sens. Il fallait démontrer que nous n’étions pas dans une politique d’absorption, mais de fusion au bénéfice des habitants, avec pour objectif d’améliorer la qualité des services et des infrastructures.
Ce qu’il faut pour moi dans ces fusions, c’est démontrer rapidement que c’est gagnant-gagnant, notamment par les services et les infrastructures. Nous n’avons jamais vendu l’idée que celle-ci servait à faire des économies, elle doit avoir pour objectif d’améliorer la qualité de services. Nous avons effacé les limites administratives qui étaient plus un facteur bloquant.
C’est vraiment par l’exemple que nous prouvons que ces fusions ont un sens. Par exemple, nous lançons des travaux de réfection totale de l’école de Saint-Germain village pour un coût de 3,5 millions d’euros, impensables avant, en raison d’un potentiel fiscal limité. Une fusion fonctionne par la preuve.
Maider Darricau
Photo : Alexis Darmois. © Ville de Pont-Audemer