Cécile Helle, maire d’Avignon
La ville d’Avignon, riche d’une identité et d’une image forte sur le plan patrimonial et culturel, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est une des villes les plus visitées de France.
Comment se porte le secteur du tourisme à Avignon ?
Avignon, comme toutes les villes patrimoniales et culturelles qui sont des destinations de tourisme urbain, fait partie des territoires qui ont été les plus impactés par la pandémie.
Nous avons donc dû réagir vigoureusement face à la crise sanitaire et ses effets, tout en engageant une réflexion plus fondamentale sur les nécessaires évolutions du secteur à moyen terme.
Je copréside la commission « Tourisme » de l’association France Urbaine, au sein de laquelle nous travaillons à repenser le tourisme urbain de façon plus transversale, sobre et engagée.
Cette crise a été un révélateur des dynamiques locales, elle a replacé les habitants au cœur de leur ville qu’ils ont pu se réapproprier ; elle a mis à jour certaines solidarités et de nouveaux communs que se partagent désormais habitants et visiteurs. Ce sont des axes forts de notre nouvelle politique touristique.
Quelques exemples concrets pour illustrer cette nouvelle politique ?
Chaque ville doit jouer avec sa géographie urbaine et les caractéristiques morphologiques de son territoire. Avignon est une ville à taille humaine, où rien n’est démesuré ni éloigné et où chacune, chacun, est toujours au contact des autres.
Cela doit nous guider dans notre manière d’accueillir et d’accompagner les visiteurs dans la découverte de notre ville ; l’expérience que nous leur proposons est avant tout humaine et authentique.
La ville se fixe comme objectif de donner les bonnes impulsions.
Cette question de l’échelle est par exemple très importante sur le plan des mobilités. Nos réflexions nous conduisent à mieux accueillir les cyclotouristes, les randonneurs, car il n’y a pas de tourisme de niche, mais au contraire des types de visiteurs que nous avons très envie d’accueillir, car ils correspondent à la façon dont nous voulons plus généralement voir pratiquer la ville.
Autre point important, si c’est à l’industrie touristique locale de faire sa révolution et de s’engager, comme nous y invitons tous les acteurs, dans la transition écologique, la ville se fixe comme objectif de donner les bonnes impulsions, par exemple dans l’organisation des évènements : à horizon 2025, plus aucune manifestation ne pourra être organisée à Avignon sans adhérer à la charte des éco-festivals qui bannit le plastique et incite à l’utilisation des énergies renouvelables.
Quel est le rôle fondamental de la ville en la matière ?
Nous devons dépasser la fonction de la ville qui réglemente et qui contrôle, et nous avons de moins en moins de moyens d’être la ville qui dote en distribuant les subventions.
Plus que jamais l’action de la collectivité doit être politique : elle impulse, inspire et elle doit convaincre tous les acteurs du tourisme de s’engager dans cette mue, car elle est profitable à tous.
Julien Meyrignac
Photo : Cécile Helle. © Ville d’Avignon
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