Hélène Audibert, adjointe au maire de Toulon
Depuis 2003, le centre ancien de Toulon est l’objet d’un vaste projet d’aménagement. Une stratégie qui a porté ses fruits, axée sur une politique culturelle et commerçante et un renouvellement urbain ambitieux.
Vous pilotez depuis 2003 un projet de reconquête du centre-ville de très grande ampleur en qualité d’élue et, jusqu’en 2021, présidente de la SEM Var Aménagement Développement. Comment vous êtes-vous attelée à cette tâche immense ?
Le maire, Hubert Falco, élu en 2001, m’a nommée adjointe à la rénovation urbaine du centre ancien en 2003, lorsque le centre-ville est entré dans le périmètre de l’Anru. C’était une première pour un centre ancien et nous avons fait école : un programme comme Action cœur de ville s’inspire de notre expérience.
Le chantier était colossal et nous avons engagé des études très opérationnelles sur plus d’une dizaine d’îlots très dégradés, la trame des espaces publics et la redynamisation commerciale. Nous avons réalisé des opérations de grande envergure, mais cela a été un travail de dentelle. Nous voulions conserver le caractère authentique et populaire du centre, tout en invitant une nouvelle population à l’habiter ou à le pratiquer.
Cela a pu paraître long, mais nous devions acquérir les immeubles – à l’amiable ou par préemption – nécessaires au remodelage urbain, à la création d’îlots, tandis que nous nous appuyions sur les dispositifs OPAH-RU pour engager les propriétaires et les investisseurs à réhabiliter les immeubles qui ne nécessitaient pas de démolition. Quand le centre est devenu zone franche, nous avons accompagné les entreprises, commerçants et professions libérales, qui ont trouvé un intérêt supplémentaire à s’implanter dans le centre.
Toulon est devenue un des centres-villes les plus attractifs de France. Comment y êtes-vous parvenus ?
La Ville, la SEM Var Aménagement Développement et la Banque des Territoires ont créé une foncière qui a acquis un patrimoine commercial important et diversifié : des halles couvertes à de très petites cellules. Nous en sommes propriétaires, nous sélectionnons les enseignes, appliquons des loyers progressifs, etc.
Cette foncière s’associe dans des SCI avec des opérateurs : ce partenariat public-privé nous permet d’attirer des commerces indépendants et de grandes enseignes, qui sont nécessaires pour l’attractivité d’un cœur de ville. Nous avons créé une rue thématique, la rue des Arts, qui est devenue un des symboles de ce renouveau.
Et puis, nous avons réussi à développer un parti d’aménagement urbain très original, en implantant des ombrières pour lutter contre les îlots de chaleur, là où il n’était pas possible de planter des arbres. C’est fonctionnel et esthétique, le public vient et revient.
Mes centres d’intérêt n’ont jamais été genrés :
je n’ai jamais espéré la délégation de la petite enfance ou de la famille.
Qu’est-ce qu’un regard féminin peut apporter de plus ou de différent sur l’aménagement d’un centre-ville ?
Mes centres d’intérêt n’ont jamais été genrés : je n’ai jamais espéré la délégation de la petite enfance ou de la famille. Si le regard d’une femme est peut-être plus large en raison des sujets qui la concernent, hélas ! plus que les hommes, comme l’accessibilité, le périscolaire ou la sécurité, je ne pense pas que cela change l’action quotidienne.
La sécurité, par exemple, concerne tout le monde. Je ne me suis jamais davantage sentie en insécurité qu’un homme dans un cœur de ville à 2 heures du matin. Notre politique en la matière s’adresse à toute la population.
Maider Darricau
Photo : Hélène Audibert. © Sylvie Fréjoux
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