Jean-Yves Ravier, maire de Lons-le-Saunier
Au carrefour entre Besançon, Lyon et Genève, la préfecture du Jura (17 589 habitants en 2015) revendique un programme écologique précurseur pour une ville moyenne, consciente de ses atouts pour attirer de nouveaux habitants.
En 2022, vous avez fait appel à Carto’Cité, une société qui souhaite être une alternative à Google Street View. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Nous voulions avoir à notre disposition un outil numérique que nous pourrions maîtriser et qui soit une cartographie plus fiable et précise que d’autres systèmes. Il y a derrière cela une question de souveraineté des données, nous souhaitons garder une indépendance par rapport à de grands groupes.
Il est important que la collectivité puisse bénéficier des données collectées et que l’on ne soit pas tributaire de ces géants du numérique. Aujourd’hui, la cartographie est quasiment terminée et les habitants y auront accès via un lien.
Nous sommes à 1 h 15 de Lyon et de Genève, ce qui nous positionne comme un centre important dans le Bas-Jura.
Lons-le-Saunier est membre du programme Action cœur de ville depuis 2018. Quels ont été les grands projets mis en œuvre ?
Nous avons une responsabilité, en tant que collectivité, de redensifier nos centres. Ce programme correspond tout à fait aux objectifs de la loi climat et résilience s’agissant du ZAN [« zéro artificialisation nette », ndlr].
Dans les villes moyennes, il y a beaucoup d’immeubles mal entretenus et inoccupés. Il y a, de surcroît, une demande de réinvestissement des habitations, mais avec des commodités modernes. Nous sommes à 1 h 15 de Lyon et de Genève, ce qui nous positionne comme un centre important dans le Bas-Jura. Lons-le-Saunier est attractive grâce à son côté calme et en même temps à proximité des pôles d’activité économique.
De nouvelles personnes souhaitent s’installer, mais nous sommes freinés par la faible offre immobilière de qualité. Lorsqu’une maison est à vendre, cela fonctionne par le bouche à oreilles. L’action sur la rénovation de l’habitat en centre-ville est très importante pour le développement futur de la ville. Pour faciliter cette redynamisation, nous avons développé les mobilités douces et limité la vitesse à 30 km/h, dans toute la ville, et à 20 km/h, dans le centre, afin que chacun puisse choisir son mode de transport, tout en garantissant une meilleure accessibilité.
Dès votre arrivée en 2020, vous avez lancé un projet de végétalisation des cours d’école.
Il y a quelques métropoles qui se sont investies sur le sujet, mais dans les villes de taille similaire, je pense que nous sommes les premiers. Les retours sont largement positifs du côté des élèves et des enseignants. Il y a eu une réorganisation complète des cours d’école, en particulier sur les mixités d’usage : le grand rectangle de goudron destiné au football a été remplacé par des zones dynamiques et d’autres plus tranquilles. Ce n’est pas un projet de luxe, mais il répond à une demande.
Dans les échanges que nous avons eus avec la population, la végétalisation était une véritable attente. Nous avons également lancé des études pour renaturer la place centrale, qui est entièrement minérale. Ce réaménagement se fait en coopération avec les commerçants, car nous ne souhaitons pas mener ce projet seul en tant que Ville ; s’appuyer sur leurs connaissances semble être un bon consensus.
Il y a vingt ans nous supprimions la végétalisation au profit de la minéralité, aujourd’hui, c’est l’exact inverse. Nous sommes toutefois confrontés à des problématiques financières regrettables. L’augmentation de l’énergie et des coûts de travaux ne nous permet pas de mener à bien tous les projets. Cependant, nous poursuivrons la mise en œuvre de notre programme écologique. Nous avons lancé un audit énergétique pour installer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics, avec la volonté d’être autonome en énergie dans les prochaines années.
Concernant l’éclairage public, nous installons un maximum de LED et nous éteignons des quartiers de la ville entre 23 h et 6 h du matin. Il y a quelques craintes au niveau de la sécurité bien sûr, mais avec l’augmentation des coûts de l’énergie les habitants ont compris ce double intérêt. Nous allons mettre un système d’hyperviseur urbain qui permet un pilotage urbain à distance de manière très fine. C’est un système qui prend en compte la protection de la biodiversité.
Maider Darricau
Photo : Jean-Yves Ravier. © Ville de Lons-le-Saunier
Abonnez-vous à la revue urbanisme ! Formule intégrale ou 100 % numérique