Projet inédit, la centrale solaire flottante de Lazer, déployée sur la retenue d’eau d’un barrage hydroélectrique des Hautes-Alpes, offre de nouvelles perspectives pour la production d’énergie en France sur des sites préexistants.
Le projet de centrale solaire flottante d’EDF Renouvelables, dans la commune de Lazer (Hautes-Alpes), est le premier de ce genre en France. Issu d’un partenariat unique entre EDF Renouvelables et EDF Hydro Méditerranée, il doit être mis en service au printemps 2023. Installé sur une retenue d’eau d’un barrage hydro‑électrique, il présente le grand avantage de combiner deux sources de production d’électricité d’origine renouvelable sur un même site : le solaire et l’hydroélectricité.
D’une puissance installée de 20 mégawatts-crête (MWc) – avec plus de 50 000 panneaux photovoltaïques –, la centrale s’étend sur une surface de 17 hectares, soit la moitié de la surface de la retenue d’eau du barrage, pour une capacité de production équivalente à la consommation électrique annuelle d’environ 12500 habitants. Ce qui représente la moitié de la population de la communauté de communes du Sisteronais-Buëch.
Cette centrale vient ainsi doubler la production d’électricité d’origine renouvelable du site de Lazer, constituant un bel exemple d’optimisation du foncier, mais également de synergie de compétences et d’expertises entre les équipes d’EDF Renouvelables et d’EDF Hydro Méditerranée.
Un ovni administratif
« Nous avons porté les autorisations administratives pour la mise en construction de la centrale, explique Nicolas Ruffini, responsable régional PACA d’EDF Renouvelables. Il fallait parvenir à faire adhérer les services de l’État à ce projet, qui était une sorte d’ovni administratif; ils n’avaient jamais eu à instruire ce type de dossier. Par le biais des études d’ancrage du projet, nous avons dû prouver que tout serait fait en accord avec les enjeux de sécurité du site. En effet, il y a une évolution du niveau de l’eau selon les saisons, et dans ce type d’installation hydroélectrique, la retenue peut être parfois totalement vide. L’une des priorités était de vérifier si la centrale photovoltaïque pouvait se poser au fond dans ce cas-là. »
De son côté, EDF Hydro, concessionnaire de la retenue, a été chargé de la relation avec des services de l’État (DREAL, DDT), en instruisant et en portant des dossiers de demandes d’autorisations spécifiques à l’occupation du domaine concédé hydroélectrique. Les obligations réglementaires de sécurité et environnementales étant définies dans un arrêté préfectoral, les services de l’État devaient vérifier la bonne application de l’arrêté.
Par ailleurs, EDF Hydro a assuré, pendant la phase de chantier, la sécurité vis‑à-vis de l’exploitation des retenues, en prenant en compte la gestion des contraintes liées au fonctionnement de l’usine : intégrité des digues, étanchéité de la retenue lors de l’ancrage des îlots, impact sur ceux-ci des turbulences liées aux courants de circulation d’eau dans la retenue, interventions des plongeurs soumis aux mouvements d’eau…
« Nous avons donc assuré le lien entre les besoins d’EDF Renouvelables pour la mise en place de leur projet et ceux de production du site, pour soutenir les besoins d’énergies nécessaires pendant l’hiver, précise Jean-Claude Bonaïti, responsable du groupement d’usines de Sisteron chez EDF Hydro. Nous n’avons pas arrêté la production de l’aménagement pendant les travaux, sauf pour des opérations ponctuelles, comme lorsqu’il s’agissait de garantir la sécurité des plongeurs. »
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Rodolphe Casso, avec Valérie Montanier
Photo : La centrale de Lazer (Hautes-Alpes) compte plus de 50 000 panneaux photovoltaïques et s’étend sur une surface de 17 hectares, soit la moitié de la surface de la retenue d’eau du barrage. © EDF Renouvelables – Acrofilm