Le nec plus ultra
Les territoires ultramarins occupent une place singulière dans le récit national de la France, individuellement et tous ensemble. Avec des chapitres sombres, mais aussi des pages glorieuses.
Ces départements, régions et collectivités d’outre-mer représentent – hors terre d’Adélie – un peu moins de 20 % du territoire national et regroupent un peu moins de 5 % de la population française. Il est globalement maladroit de les rassembler sous une même désignation, tant ils montrent des réalités et contextes différents. Chaque territoire ultramarin présente des traits culturels et identitaires puissants, métissés par les liens historiques, économiques et sociaux avec l’Hexagone qui lui confèrent une place à part dans son environnement régional, ainsi qu’un PIB par habitant et un indice de développement humain très supérieurs à ceux des pays voisins.
Des départements, régions et collectivités qui ont une expérience déjà ancienne des réflexions d’aménagement du territoire et des procédures d’urbanisme réglementaire au travers des schémas d’aménagement régionaux en Guadeloupe, Martinique, Guyane, à La Réunion et Mayotte, des schémas d’aménagement en Polynésie, Nouvelle-Calédonie, à Saint-Martin, Saint Bathélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon, ainsi que des schémas de cohérence territoriale (SCoT), plans locaux d’urbanisme (PLU) ou plans directeurs. Ces documents-cadres qui définissent leurs orientations de développement et les règles applicables à l’acte d’aménager et bâtir.
Des procédures dont se sont emparés les exécutifs locaux pour exprimer des visions et définir des projets plus ancrés dans leur contexte, et les particularismes locaux. Ainsi, des trajectoires plus originales ont été définies, mais qui souvent peinent à passer le cap de la mise en œuvre. La faute à des besoins en expertise technique et juridique insuffisamment couverts, à des relations avec les services de l’État à réinventer, et une ingénierie financière engluée dans les relations avec l’Hexagone, quand parfois des montages avec des partenaires de l’environnement régional pourraient se révéler plus agiles et fertiles.
Une limite à dépasser le plus rapidement possible, car, dans les territoires ultramarins, la société civile, les acteurs économiques et les habitants impulsent une dynamique économique et d’innovation prometteuse qu’il convient d’accompagner au plus près de leurs besoins les plus concrets. Cette dynamique concerne tout particulièrement les secteurs d’activité dédiés aux réponses à apporter aux défis climatiques et écologiques dont les conséquences affectent plus intensément ces territoires.
Ce numéro spécial présente un panorama synthétique des contextes locaux, mais surtout une sélection d’initiatives à l’œuvre en outre-mer en faveur d’un développement économique des transitions ou bifurcations : économie circulaire, alimentation, énergie, logement, mobilité, digital, santé, tourisme… L’ensemble témoigne que, de toute évidence, le monde de demain s’invente bien dans les territoires ultramarins.
Julien Meyrignac
(Photo de couverture : La Nouvelle-Calédonie. © Nouméa Skydive)
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