Livrer les urbains

Les flux de livrai­sons en ville se mul­ti­plient et se trans­forment sous l’effet de l’explosion du com­merce en ligne. Selon l’Atelier pari­sien d’urbanisme (Apur), les livrai­sons du der­nier kilo­mètre repré­sentent plus de 50 % des mou­ve­ments de mar­chan­dises dans la métro­pole et dans Paris. La logis­tique urbaine est désor­mais consi­dé­rée pour ce qu’elle est : une fonc­tion indis­pen­sable au fonc­tion­ne­ment des villes et une source consi­dé­rable de nui­sances en tout genre (conges­tion urbaine, pol­lu­tions, bruit…). Le défi cli­ma­tique rend urgente la prise de déci­sions. Mais com­ment agir ?

Pre­nons l’exemple de la Métro­pole du Grand Paris. Le 23 mai 2019 se tenait un point d’étape sur les tra­vaux des comi­tés opé­ra­tion­nels mis en place dans le cadre du Pacte pour une logis­tique métro­po­li­taine. La démarche consiste à réunir l’ensemble des acteurs de la filière sous le pilo­tage d’élus du Grand Paris pour opti­mi­ser des livrai­sons ; faci­li­ter la tran­si­tion des flottes vers des véhi­cules à faibles émis­sions ; mieux inté­grer les fonc­tions logis­tiques dans l’urbanisme et les pro­jets d’aménagement ; enfin, asso­cier les consom­ma­teurs à la mise en place de solu­tions responsables.

La livraison du dernier kilomètre

Des pro­jets démons­tra­teurs doivent débou­cher sur des actions concrètes. « Nous nous heur­tons à des dif­fi­cul­tés impor­tantes, recon­naît Patrick Ollier, pré­sident de la MGP. Les élus ont essayé de régler le pro­blème depuis des décen­nies et ils n’ont pas réus­si. La gou­ver­nance par­ta­gée au sein de la Métro­pole du Grand Paris per­met un dia­logue tous azi­muts et va peut-être nous per­mettre d’aboutir à des déci­sions. » La tona­li­té est au volon­ta­risme : « Il faut prendre le tau­reau par les cornes. Mais on ne peut pas agir seul. » 

Patrick Braoue­zec, pré­sident de Plaine Com­mune et vice-pré­sident de la Métro­pole du Grand Paris délé­gué à la logis­tique métro­po­li­taine, rap­pelle la condi­tion sine qua non : « Il ne suf­fit pas de signer des conven­tions, des chartes ou des enga­ge­ments pour régler la ques­tion. Il faut faire en sorte que ceux qui tra­vaillent sur leur PLUI intègrent la livrai­son du der­nier kilomètre. »

L’urbanisme est concer­né à un autre chef. « La logis­tique urbaine passe à une logique de mar­ché », sou­ligne Jona­than Seb­bane, direc­teur géné­ral de Soga­ris. « Le moment est stra­té­gique : nous pou­vons maî­tri­ser, ou pas, notre des­ti­née en matière de qua­li­té de des­serte des marchandises. » 

Des hubs de logis­tique urbaine
per­mettent de mini­mi­ser les flux.

Pour les amé­na­geurs et les col­lec­ti­vi­tés locales, la ques­tion éco­no­mique est cru­ciale : la logis­tique urbaine va-t-elle pou­voir payer des charges fon­cières ? La hausse des loyers per­met de déve­lop­per ces acti­vi­tés, à condi­tion de posi­tion­ner les sites de logis­tique urbaine dès le début des opé­ra­tions d’aménagement pour assu­rer la péréqua­tion néces­saire à leur émer­gence. À condi­tion aus­si de viser un objec­tif environnemental.

« Des hubs de logis­tique urbaine per­mettent de mini­mi­ser les flux à l’échelle d’un quar­tier, d’une ville ou d’une métro­pole », rap­pelle le direc­teur géné­ral de Soga­ris. Du coup, les entre­pôts en ville sortent de l’image déses­pé­rante du bâti­ment plat le long des axes rou­tiers. « On sait déve­lop­per des opé­ra­tions com­plexes, avec une qua­li­té urbaine et architecturale. »

Un secteur propice aux innovations

Ce débat éclaire l’importance prise par la logis­tique dans la fabri­ca­tion de la ville durable. Notre dos­sier, réa­li­sé avec quelques-uns des meilleurs spé­cia­listes du domaine, s’attache à des­si­ner le pay­sage mon­dial de la logis­tique urbaine, à faire le point sur les inter­ven­tions des villes euro­péennes et leurs limites, à pro­po­ser des ana­lyses de ces flux, de la « dua­li­sa­tion » des acti­vi­tés logis­tiques ou des effets du e‑commerce.

Puisque le sec­teur est pro­pice aux inno­va­tions, celles-ci méritent un pano­ra­ma com­plet, en regar­dant aus­si du côté du flu­vial. Sans oublier les « hyper lieux » de la logis­tique urbaine, qui prennent corps à tra­vers de nou­velles pra­tiques, à Bue­nos Aires comme à Paris. C’est l’occasion d’introduire pour la pre­mière fois une bande des­si­née dans Urba­nisme, plus exac­te­ment une recherche gra­phique sur les figures deve­nues fami­lières des livreurs à vélo, ces nou­veaux sou­tiers de la logis­tique urbaine. 

Jean-Michel Mestres

 

Pho­to : © Alis­tair Berg/GettyImages

 

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Depuis 1932, Urba­nisme est le creu­set d’une réflexion per­ma­nente et de dis­cus­sions fécondes sur les enjeux sociaux, cultu­rels, ter­ri­to­riaux de la pro­duc­tion urbaine. La revue a tra­ver­sé les époques en réaf­fir­mant constam­ment l’originalité de sa ligne édi­to­riale et la qua­li­té de ses conte­nus, par le dia­logue entre cher­cheurs, opé­ra­teurs et déci­deurs, avec des regards pluriels.


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