Prendre soin des urbains

Selon l’Organisation mon­diale de la san­té (OMS), la séden­ta­ri­té est le qua­trième fac­teur de risque de mor­ta­li­té. L’OMS recom­mande 30 minutes par jour d’exercice phy­sique pour se main­te­nir en bonne san­té, objec­tif res­pec­té par un quart des Fran­çais. Or, les uti­li­sa­teurs des trans­ports publics pra­tiquent en moyenne de 8 à 30 minutes d’activité phy­sique par jour de plus que les auto­mo­bi­listes, en mar­chant entre les sta­tions, en mon­tant les esca­liers, en rejoi­gnant à pied un arrêt de bus. CQFD : le trans­port public est bon pour la san­té. Sans par­ler de l’impact de la cir­cu­la­tion auto­mo­bile sur la dégra­da­tion de l’air. La pol­lu­tion serait res­pon­sable de 48 000 décès par an en France et la troi­sième cause de mor­ta­li­té (après le tabac et l’alcool). Et le 16 sep­tembre était orga­ni­sée la 4e édi­tion de la jour­née sans voi­ture à Paris. Objec­tifs : « Rendre l’espace public moins pol­lué, plus agréable et plus apaisé. »

Un espace de santé et de prévention

De la mobi­li­té au loge­ment, d’autres (petits) signes ne trompent pas. Dans le quar­tier de Confluence, à Lyon, un pro­mo­teur (Link­ci­ty) amé­nage un îlot qu’il pré­sente comme « un espace de san­té et de pré­ven­tion », un « démons­tra­teur d’une nou­velle expé­rience de méde­cine en ville » avec des bâti­ments « zéro stress » et un cœur d’îlot pay­sa­ger conçu comme « un jar­din thé­ra­peu­tique », pro­pice à la médi­ta­tion. En amont, le fabri­cant Velux orga­nise une « Heal­thy Buil­dings Day » autour du bâti­ment sain. Quand les opé­ra­teurs pri­vés s’emparent d’une pro­blé­ma­tique socié­tale comme celle-là, c’est qu’elle répond à une attente crois­sante. Encore faut-il qu’elle soit trai­tée à la bonne échelle, en tenant compte de tous les déter­mi­nants de la santé.

Les urbains veulent une ville saine, et qu’elle devienne un fac­teur de bien-être. Depuis long­temps, comme le rap­pelle la géo­graphe Anne-Peg­gy Hel­le­quin, la ville est à la fois per­çue comme patho­gène (« les miasmes urbains ») et comme un lieu de pro­grès en matière d’hygiène et de la salu­bri­té publique. Avec un para­doxe : même après la décen­tra­li­sa­tion, les villes ont peu de pou­voirs en matière de san­té publique. Char­lotte Mar­chan­dise-Fran­quet, pré­si­dente du réseau fran­çais des Villes-San­té de l’OMS, rap­pelle que leurs actions relèvent du seul volon­ta­risme. Et pour­tant, même si de nom­breux enjeux sani­taires se situent à une autre échelle, leurs ini­tia­tives sont nom­breuses et prometteuses.

Réduire les inégalités de santé

Le der­nier dos­sier de la revue Urba­nisme sur les inter­ac­tions entre la ville et la san­té date de… 1999 : il s’était inté­res­sé à la place et à la forme de l’hôpital dans la ville. Cette fois, nous nous inté­res­sons à la manière dont la ville impacte néga­ti­ve­ment sur la san­té, mais sur­tout nous met­tons en lumière de nou­velles approches posi­tives, qui intègrent des objec­tifs de san­té dans sa fabrication.

On parle d’un « urba­nisme favo­rable à la san­té » et « d’évaluation d’impact sur la san­té » ; des PLUi com­mencent à inté­grer cette dimen­sion. C’est le résul­tat d’une approche sys­té­mique pro­mue notam­ment par l’École des hautes études de san­té publique. L’ensemble des déter­mi­nants de san­té (envi­ron­ne­ment phy­sique, cadre de vie, envi­ron­ne­ment socio-éco­no­mique, style de vie et capa­ci­té) sont pris en compte dans la fabri­ca­tion de la ville pour réduire les mala­dies chro­niques et les inéga­li­tés de santé.

Nous avons deman­dé au géo­graphe Emma­nuel Vigne­ron d’analyser, cartes à l’appui, les inéga­li­tés ter­ri­to­riales, s’agissant de la mor­ta­li­té et de l’accès aux soins. On ne peut pas plus oublier que les villes font trop peu de place aux corps fra­giles. Au final, les villes peuvent-elles contri­buer au bien-être ? Nous sommes allés poser la ques­tion à l’économiste du bon­heur, Clau­dia Senik.

Jean-Michel Mestres

 

Pho­to : De l’eau, des berges, du sport ! © D. R.

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À pro­pos

Depuis 1932, Urba­nisme est le creu­set d’une réflexion per­ma­nente et de dis­cus­sions fécondes sur les enjeux sociaux, cultu­rels, ter­ri­to­riaux de la pro­duc­tion urbaine. La revue a tra­ver­sé les époques en réaf­fir­mant constam­ment l’originalité de sa ligne édi­to­riale et la qua­li­té de ses conte­nus, par le dia­logue entre cher­cheurs, opé­ra­teurs et déci­deurs, avec des regards pluriels.


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