La revue Vies de Villes s’est clairement positionnée, depuis sa création en 2005, dans une sorte d’opposition constructive vis-à-vis de ce qui se produit en matière d’urbanisme en Algérie. Les colonnes de la revue ont toujours été ouvertes aux nombreux auteurs, chercheurs et professionnels qui partagent dans leur grande majorité les idées qui y sont développées.
Nos villes, à l’instar des villes des pays en développement, sont effectivement mal gérées, mal planifiées… Elles sont malades et, insidieusement, les problèmes urbains se généralisent et s’étendent, aidés par une démographie galopante. Les cités-dortoirs et les quartiers informels se multiplient, et les villes sont les plus grandes perdantes dans cette course (fuite en avant) sans fin vers l’inconnu. C’est dans ce contexte difficile que la revue opère. Même si le tableau n’est pas aussi noir que ça, puisque nous arrivons encore à publier de très bons architectes et nous faisons œuvre utile de mettre en valeur notre riche patrimoine bâti ; la contribution qui est la nôtre reste très modeste. Nous essayons de mener des expérimentations, de partager des points de vue en suggérant des sujets, qui, souvent, intéressent très peu les pouvoirs publics, et cela à travers des concours annuels d’architecture pour les jeunes architectes (concours de la Charrette d’Or), des conférences/ débats, des workshops, des expositions, des émissions télé et radio, etc.
Nous essayons d’exploiter tous les canaux de communication qui s’offrent à nous, avec la volonté de construire en collectif, en impliquant les pouvoirs publics et les amis de la revue, pour définir de nouveaux paradigmes, de nouvelles méthodes d’intervention sur les tissus urbains anciens et nouveaux.
La ville d’Alger, particulièrement, occupe une part importante dans nos réflexions et nos expérimentations, car les problématiques qui y sont posées sont pratiquement les mêmes un peu partout sur le vaste territoire du pays, et nous pensons que les ingrédients sont là pour pousser vers un changement radical dans les façons de faire la ville.
Nous restons convaincus que la ville algérienne a besoin d’une thérapie de choc. Que ce soit dans l’encadrement institutionnel, juridique ou réglementaire, dans la planification, la maîtrise d’ouvrage, la conception ou la réalisation, dans la gestion de la cité, la formation des cadres et de la société civile aux problématiques de la ville.
Le désir d’en finir avec la médiocrité ambiante, de secouer les certitudes et d’oser les changements est tout à fait salutaire et passe, irrémédiablement, par un engagement sincère sur de nouvelles voies, celles que le Hirak a tracées.
Akli Amrouche, architecte et urbaniste, directeur de la revue Vies de Villes
Photo : Vue aérienne d’Alger et sa banlieue © Akli Amrouche