Jacqueline Osty, Grand Prix de l’urbanisme 2020

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La paysagiste Jacqueline Osty dévoile la face sensible de son travail. De son enfance au Maroc, elle a gardé le goût de la nature et de l’imbrication du bâti et du paysage. De ses voyages aux États-Unis, elle a rapporté une passion pour les parcs et la topographie. Ces fortes expériences lui servent pour imaginer des paysages urbains de grande ampleur.

 

Où êtes-vous née ?

Jac­que­line Osty/ Je suis née à Casa­blan­ca, Dar el-Bei­da, autre­ment dit « la mai­son blanche ». Je viens d’une famille moi­tié espa­gnole moi­tié fran­çaise. Ma mère était née en Algé­rie, à Oran, avant que ses parents ne s’installent à Casa­blan­ca. Mon père, jeune homme juste avant la guerre, avait déci­dé, en atten­dant d’être appe­lé, d’aller rendre visite à sa sœur qui habi­tait au Maroc. Il a décou­vert à vélo et à pied ce pays qui lui a plu. Il y a trou­vé du tra­vail et il y a fait sa vie. Je tiens de lui le goût de la nature et celui du voyage, l’indépendance aus­si. Il m’a beau­coup appris sur la nature, je parle d’une nature sèche, com­pa­ré à celle que nous connais­sons en France, verte et luxu­riante. Je ne viens pas d’une famille d’artistes. Mon père avait créé son entre­prise dans le sec­teur des assurances.

J’ai fait ma sco­la­ri­té au Maroc, j’ai pas­sé mon bac à Casa­blan­ca, puis je suis par­tie en France faire mes études. Je vou­lais aller aux Beaux-Arts à Paris sans avoir une idée pré­cise de ce que je vou­lais faire. Je savais que ce serait dans le monde de l’art. L’architecture n’était pas mon choix de départ, j’avais plus l’idée de faire de la pein­ture et de la sculp­ture. Mon arri­vée à Paris à 18 ans, m’a per­mis de décou­vrir la vie cultu­relle, la ville…

Nous vivions dans un pays qui n’était pas le nôtre

Au Maroc, le monde cultu­rel était peu pré­sent dans ma vie quo­ti­dienne. Nous vivions dans un pays qui n’était pas le nôtre, un peu en marge. Il n’était pas ques­tion de s’impliquer dans la vie poli­tique. Ce pas de côté, le fait de ne pas être pas ancré quelque part, m’a mar­quée. Nous savions que nous devrions par­tir un jour. C’est impor­tant dans ce que je suis devenue.

Je me suis donc plon­gée avec vora­ci­té dans la vie pari­sienne. Ensuite, j’ai eu des périodes de recul où j’ai essayé de retrou­ver mes racines. Si je suis arri­vée en archi­tec­ture, par une amie, ce n’était pas par choix. Et j’ai ado­ré le sys­tème des ate­liers. J’y ai appris à des­si­ner, je des­si­nais tout le temps, et à faire des pro­jets, et je trou­vais très riche cette idée de mélan­ger dif­fé­rentes géné­ra­tions, de tra­vailler sur les pro­jets des plus anciens. J’aime ce tra­vail en équipe.

Au bout de deux ou trois ans, je me suis posé des ques­tions, il y a eu une période de flot­te­ment. J’avais fait deux cycles d’architecture et c’est alors que j’ai décou­vert le pay­sage. Quand je suis arri­vée en France, la sec­tion pay­sage de l’École d’horticulture de Ver­sailles était fer­mée et l’École de pay­sage de Ver­sailles a été créée en 1975. J’avais un copain d’atelier qui y est entré. Ce qu’il me racon­tait me plai­sait et, après cinq ans d’architecture, je suis entrée à l’École de Versailles.

L’École d’architecture offrait un ensei­gne­ment très écla­té, on appre­nait les uns des autres, en regar­dant. Je pen­sais pou­voir mener de front les deux cur­sus mais assez vite, je me suis ren­du compte que j’avais besoin d’un ensei­gne­ment plus cadré. Il m’a été don­né par la décou­verte du monde végé­tal, qui m’a passionnée.
La ques­tion du pro­jet, je l’avais déjà abor­dée dans mes études d’architecture. Mais j’ai décou­vert des échelles tota­le­ment dif­fé­rentes. Dans un pro­jet de pay­sage, un trait de 5 cm repré­sente 100 m de long. En archi, cela paraît immense ; en pay­sage, c’est tout petit. Cette notion d’échelle a été une autre découverte.

L’École de Ver­sailles était à ses débuts, elle se restruc­tu­rait, on a essuyé les plâtres. Je me rap­pelle des ate­liers avec Michel Cora­joud (1937–2014) et Allain Pro­vost : un mariage contre nature. Certes, ils avaient la culture du pro­jet, mais ils ne disaient pas la même chose. L’autre ensei­gnant était Ber­nard Las­sus. Il y avait peu d’enseignants et déjà des gué­guerres entre pro­fes­seurs. Moi, j’étais avide d’avoir un ensei­gne­ment qui me per­mette de faire mes choix par moi-même.

 

Casa­blan­ca © AJOA

 

Que reste-t-il du Maroc en vous ?

Jac­que­line Osty/ Au Maroc, j’allais au Lycée fran­çais, je menais la vie des Euro­péens, mar­quée par un entre-soi. Comme toute ado, je pro­fi­tais des plages… Une fois par­tie en France, j’y suis reve­nue sou­vent. Mon père était res­té sur place, ma mère était enter­rée là-bas, je l’ai per­due quand j’avais 16 ans.

J’ai eu ensuite envie de décou­vrir ce pays plus pro­fon­dé­ment, dans les années post-68… Je me suis beau­coup bala­dée à pied dans l’Atlas. J’ai décou­vert ces archi­tec­tures typiques, faites de pisé et de pierres, les ksars. J’adorais l’imbrication de ces vil­lages qui pre­naient la cou­leur des rochers sur les­quels ils sont ins­tal­lés et d’où étaient pui­sés leurs maté­riaux : sur un ver­sant, ils pou­vaient être rouge, brique, ocre ou vio­line, et sur l’autre, beige. Tout était ins­crit dans un rap­port de contrastes extrê­me­ment fort entre une nature sèche et une autre culti­vée et irri­guée. Ces contrastes me plai­saient, avec ces formes sobres sculp­tées par la lumière. L’architecture m’a ouvert le regard sur ces pay­sages et sur le bâti.

Je veux pis­ter ce qui fait qu’on est là et pas ailleurs

Des rele­vés de souks furent mes pre­miers plans urbains. Je me rap­pelle celui que j’ai fait lors du mous­sem d’Imilchil, qui voit chaque année une ville de tentes s’implanter dans un pay­sage de mon­tagnes, avec des rues et une orga­ni­sa­tion très précises.

Et puis, dans mon enfance, il y avait le caba­non. On disait : « On va au caba­non », pour par­ler de la plage. Le caba­non était un lieu de convi­via­li­té très fort où tous les week-ends on se retrou­vait avec les copains de mes parents et leurs enfants, dans une atmo­sphère joyeuse et convi­viale. Ce caba­non était plus grand que celui de Cor­bu ! Pen­dant la guerre, il y a eu des bases amé­ri­caines au Maroc, il en est res­té ces formes de 5 mètres sur 5, avec des toi­tures sur­éle­vées, per­chées au-des­sus de pay­sages incroyables, avec la mer devant soi et le cou­cher du soleil tous les soirs.
Tout se pas­sait sur la ter­rasse, à la tom­bée du jour. C’était cela ma vie maro­caine. Comme quoi une uni­té toute simple peut, selon son empla­ce­ment, appor­ter énor­mé­ment de bonheur.

Je reste atta­chée au Maroc. Au début des années 1990, mon père, âgé, l’a quit­té, et je n’avais plus de mai­son. Pen­dant un temps, j’allais à l’hôtel, mais ce n’était pas pareil. J’y reviens de manière régu­lière. Le Maroc a énor­mé­ment chan­gé. Casa­blan­ca s’est embel­lie, il y a les tram­ways, la ville s’est moder­ni­sée, je pense sur­tout au centre-ville. À côté, il y a ces nou­veaux quar­tiers qui n’en finissent pas, d’une archi­tec­ture médiocre. Je regarde la ville avec plus de dis­tance, je vais plu­tôt dans le Sud, mais le lien perdure.

En ce moment, le Maroc me manque. Je suis atta­chée à mes racines, comme tout le monde est atta­ché au lieu de son enfance, à moins d’y avoir vécu des moments mal­heu­reux. Avec mes étu­diants, je com­men­çais tou­jours par leur deman­der d’où ils viennent. Celui qui est de la mon­tagne et celui qui vient de la ban­lieue pari­sienne n’ont pas la même his­toire. C’est pareil quand je conçois un pay­sage : je veux pis­ter ce qui fait qu’on est là et pas ailleurs. Il faut don­ner des repères aux gens. Ce rap­port au loin­tain est impor­tant. Il ren­voie au pay­sage men­tal que nous avons tous en nous.

 

Ensuite, vous par­tez aux États-Unis, pays du grand pay­sage et où l’intervention pay­sa­gère est ancienne. Qu’est-ce que ce séjour vous a appor­té ? 

Jac­que­line Osty/ D’abord, plu­sieurs choses m’ont ame­née aux États- Unis. En pre­mière année de pay­sage, il y avait avec moi une étu­diante amé­ri­caine qui était venue pas­ser un an d’études. J’avais aus­si sym­pa­thi­sé avec Kathryn Gus­taf­son, pay­sa­giste. Je me sou­viens aus­si de dis­cus­sions quand j’étais sta­giaire chez Alexandre Che­me­toff qui me disait : « Il faut oser ! »

Par­mi mes profs d’archi, Marion Tour­non- Bran­ly avait ensei­gné à l’école de San Luis Obis­po, en Cali­for­nie : des liens s’étaient créés avec des étu­diants. À l’époque, j’étais aus­si bran­chée sur la musique amé­ri­caine. J’avais une atti­rance forte pour les États-Unis, je vou­lais voir ces pay­sages qui sont d’une autre échelle que ceux qu’on a en Europe et même au Maroc, où, même si le pay­sage donne un sen­ti­ment d’immensité, il change sur des dis­tances plus courtes. 

J’y ai fait un pre­mier voyage, puis j’ai déci­dé d’y aller faire mon stage de fin d’études. J’ai atter­ri à l’agence SWA, Sasa­ki, Wal­ker and Asso­ciates, à Los Angeles. Lors de mon pre­mier voyage, j’avais décou­vert Cen­tral Park, des pay­sages à Washing­ton, quelques grands parcs, j’étais atti­rée par la grande échelle. Avant de par­tir pour mon stage, j’avais ren­con­tré chez Alexandre Che­me­toff un archi­tecte, Daniel Trei­ber, qui réa­li­sait une étude sur la mai­son cali­for­nienne et son rap­port exté­rieur-inté­rieur. Comme j’allais à Los Angeles, il m’a pro­po­sé de tra­vailler avec lui sur le rap­port de la mai­son et de son jardin.

Los Angeles est une ville à une échelle incroyable, 80 km de large sur plus d’une cen­taine du nord au sud. Mis à part les quar­tiers qui sont dans les col­lines, tout le reste est à plat avec une grille urbaine répé­ti­tive et pour­tant, mal­gré cette forme d’urbanisme, il existe des ambiances et des carac­tères très dif­fé­rents selon les quartiers.

J’en ai par­lé à Alexandre Che­me­toff, il m’a sug­gé­ré de faire une coupe des mon­tagnes jusqu’à la mer et de regar­der : cela m’a ser­vi de fil conduc­teur. J’avais ache­té une grande Old­smo­bile, je me la jouais à l’américaine, et je cir­cu­lais en notant ce que je voyais. Je me suis inter­ro­gée sur les varia­tions : elles tenaient à la taille des par­celles, à la taille et au type de pay­sage, aux formes archi­tec­tu­rales, à la topographie.

La Cali­for­nie reste l’incarnation du rêve américain

La Cali­for­nie reste l’incarnation du rêve amé­ri­cain. Énor­mé­ment d’architectes y ont tra­vaillé. Beau­coup, à l’image de Frank Lloyd Wright avec La Minia­tu­ra, y ont bâti des mai­sons insen­sées. Je suis entrée dans cette his­toire amé­ri­caine par la ville et le pay­sage urbain, indé­pen­dam­ment de ce que j’apprenais dans cette grande agence pay­sa­gère où j’ai décou­vert la manière de conce­voir de nou­veaux quartiers.

Les plans-masses étaient entiè­re­ment des­si­nés par les pay­sa­gistes et non par les archi­tectes. Leur tra­vail sur les voi­ries ne don­nait pas des plans excep­tion­nels en termes d’urbanisme ; sou­vent, ils par­taient d’un grand parc ou d’un golf autour duquel ils orga­ni­saient les mai­sons, avec une cen­tra­li­té et des rues prin­ci­pales. Il y avait tou­jours une entrée, sans que ça soit fer­mé : cela for­mait un sys­tème. Jusque-là, pour moi, le pay­sa­giste était celui qui com­po­sait autour des bâti­ments. Et je décou­vrais des pay­sa­gistes qui des­si­naient des quar­tiers entiers. 

 

Et donc qui fai­saient de l’urbanisme. 

Jac­que­line Osty/ En tout cas, ce type d’urbanisme. L’urbanisme en France est beau­coup plus com­plexe. Eux ont gar­dé cette forme urbaine basée sur la ville de Jef­fer­son (1743–1826), avec une trame qui s’étend du nord au sud, alors que nous avons un urba­nisme lié au ter­ri­toire, qui part du vil­lage en étoile qui s’étend et rejoint une autre étoile. Plus que les jar­dins eux-mêmes, c’est cela que j’ai rete­nu de mon his­toire amé­ri­caine. 

 

Avec en plus la par­ti­cu­la­ri­té de Los Angeles… 

Jac­que­line Osty/ Los Angeles est une ville-ter­ri­toire qui s’est rami­fiée avec le temps. Tout part d’un site avec la mer d’un côté, les mon­tagnes de l’autre. Même s’il est éten­du, le ter­ri­toire géo­gra­phique existe. Par oppo­si­tion à Hous­ton, par exemple, où les nappes s’étendent à l’infini. Je ne dis pas que l’urbanisme de Los Angeles est la pana­cée, mais cela m’a inter­ro­gée sur les déter­mi­nants d’un quar­tier et son rap­port à un ter­ri­toire géo­gra­phique, plus ou moins pré­sent selon qu’on est au bord de la mer, dans les col­lines, où il y a un peu de la topo­gra­phie, dans les val­lons ou dans les crêtes, par rap­port à une ville qui s’étale et où les sépa­ra­tions raciales sont mar­quées. 

Ensuite, je me suis inté­res­sée à Fre­de­rick Olm­sted (1822- 1903), le concep­teur de Cen­tral Park à New York. À Los Angeles, il y avait les fameux park­ways, ces voies pay­sa­gères dont les concep­teurs euro­péens se sont empa­rés avec avi­di­té. Les park­ways étaient de vraies routes-pay­sages d’une grande d’ampleur, pas juste deux routes avec un terre-plein plan­té de quelques arbres. Il s’agissait de relier un quar­tier au centre-ville par le paysage.

L’un de ces park­ways a été des­si­né par Olm­sted à Palos Verdes, à Los Angeles, avec des pistes équestres au milieu : la route est tel­le­ment large qu’on ne voit pas l’autre voie. C’est un mor­ceau de pay­sage en soi. J’ai décou­vert ces conti­nui­tés pay­sa­gères conçues par des pay­sa­gistes et ces routes très des­si­nées, puis bien sûr Cen­tral Park et enfin Bos­ton, avec son sys­tème de parcs en réseau, reliés par les rivières. Bos­ton est l’exemple le plus fort de ces conti­nui­tés d’un ter­ri­toire qui adou­cit, émousse la topo­gra­phie même si elle reste pré­sente. 

On ne fait pas un plan de ville comme un projet

De notre côté, la tra­di­tion de Jean-Claude Nico­las Fores­tier (1861–1930) m’a éga­le­ment influen­cée, celle du sys­tème hauss­man­nien, avec sa hié­rar­chie des boi­se­ments, des bois, des squares, des allées plan­tées ; on a affaire à une décli­nai­son des espaces pay­sa­gers dans la ville qui est riche, mais qui est écrite d’une manière rigide, « à la fran­çaise ». Le pay­sage amé­ri­cain, qui découle du pay­sage anglais, est au contraire dans les courbes, dans la sou­plesse, notam­ment chez Olm­sted. Les arma­tures, les struc­tures pay­sa­gères des­si­naient les fon­de­ments des espaces publics et des conti­nui­tés de la ville.

À cette époque-là, ces pay­sa­gistes conce­vaient des mor­ceaux de ville et des conti­nui­tés pay­sa­gères très fortes. Aujourd’hui, on n’est plus à cette échelle. On fait des ZAC ou des éco­quar­tiers. La fonc­tion du pay­sage dans l’urbanisme est de retra­cer ces conti­nui­tés, ces enchaî­ne­ments de lieux. C’est com­plexe : on ne fait pas un plan de ville comme un pro­jet. De nom­breuses années sont néces­saires et ce n’est pas tou­jours le même qui tient le crayon. D’où le besoin d’une trans­ver­sa­li­té. 

Si je prends l’île de Nantes, le ter­ri­toire est cer­né, c’est une île, c’est un ter­ri­toire en soi qui appar­tient à un plus grand ter­ri­toire, mais dont les limites sont bien défi­nies. L’objectif de l’aménageur, la Samoa, est de ter­mi­ner l’île de Nantes en 2037. Pour conduire son amé­na­ge­ment, il y a eu un pre­mier contrat avec Alexandre Che­me­toff, qui a mis au point un plan-guide et posé des élé­ments, ensuite, Mar­cel Smets et Anne Mie Depuydt pour la deuxième phase, puis, avec Claire Schor­ter, nous avons pris la suite et, dans quatre ans, ce sera au tour de quelqu’un d’autre.

La trans­ver­sa­li­té existe sur le papier, mais il faut la faire exis­ter dans le temps, avec des maî­trises d’œuvre et des pha­sages dif­fé­rents. C’est dif­fi­cile, mais il faut tendre vers cela : en garan­tis­sant ce regard trans­ver­sal, on garan­tit la ques­tion de l’écologie, de la bio­di­ver­si­té, des conti­nui­tés, de la ges­tion de l’eau. 

 

C’est un regret, cette échelle de temps qui échappe au pay­sa­giste ? 

Jac­que­line Osty/ C’est une réa­li­té. Bien sûr, il y a un regret. Si je prends l’exemple du sys­tème de parcs ima­gi­né pour l’île de Nantes, je ne suis pas assu­rée de le ter­mi­ner. Mais si on arrive à mettre en place quelque chose qui s’inscrive dans une conti­nui­té et si c’est assez fort, cela devrait tenir. On ne peut pas avoir la maî­trise de tout. En plus, on est tri­bu­taire des évè­ne­ments. Regar­dez ce qu’on disait avant le Covid ; dans un an, on dira des choses dif­fé­rentes. 

 

Sur l’île de Nantes, avec Claire Schor­ter, vous avez pro­po­sé un sys­tème de parcs qui esquisse une autre logique. 

Jac­que­line Osty/ Alexandre Che­me­toff est arri­vé, il y a presque vingt ans main­te­nant, il a posé un regard : c’est par l’espace public qu’on fait du lien entre des époques, entre des tis­sus indus­triels, fau­bou­riens ou issus des années 1970. Il a réus­si à tra­vailler sur la prise en compte de toutes ces échelles de temps, ou d’architecture, et de dire : on fait avec ce qui existe, et l’espace public est ce qui va faire le lien. Il n’était pas seul.

C’est l’histoire de l’île de Nantes, avec un maire, Jean-Marc Ayrault, un agi­ta­teur cultu­rel, Jean Blaise, un maître d’ouvrage, la Samoa diri­gée par Laurent Thé­ry, puis par Jean-Luc Charles. L’esprit île de Nantes est né à par­tir de ce pre­mier tra­vail avec Alexandre. Ensuite Anne Mie et Mar­cel Smets ont héri­té de la ques­tion de l’hôpital. Ils ont déve­lop­pé la dimen­sion métro­po­li­taine de l’île avec un « méta­centre » regrou­pant équi­pe­ments et infra­struc­tures. 

Nous sommes par­ties de la Loire,
comme le fond d’une histoire

Avec Claire, quand nous sommes arri­vées, il nous a été deman­dé de réflé­chir sur un déve­lop­pe­ment urbain orga­ni­sé autour d’un futur parc métro­po­li­tain, sur 90 ha qui étaient « vierges ». C’est-à-dire des quais, des rails, des archi­tec­tures en bar­dage de l’ancien MIN qui allaient être démo­lies, des sols pol­lués… Nous n’avons pas rete­nu l’idée d’un sys­tème for­mel orga­ni­sé autour d’un parc, comme il était deman­dé, un peu à l’image du parc de Cli­chy-Bati­gnolles, avec une figure urbaine forte.

Nous sommes par­ties de la Loire, comme le fond d’une his­toire pour repen­ser et com­plé­ter la struc­ture de l’île. C’était une évi­dence pour nous d’aller cher­cher l’immensité de ce pay­sage. Et nous nous sommes appuyées sur la figure pay­sa­gère qui relie les deux pointes de l’île qu’avait mise en place Anne Mie. On l’a sim­ple­ment déve­lop­pée, dans un rap­port au ter­ri­toire et à l’histoire des boires de la Loire, pour retrou­ver et infil­trer un sys­tème natu­rel dans un sys­tème construit. Au fond, c’est une forme d’infrastructure verte. Nous avons orga­ni­sé les sur­faces attri­buées au parc métro­po­li­tain d’une manière dif­fé­rente, pour racon­ter l’histoire d’un sys­tème de parcs qui relie les deux extré­mi­tés de l’île. 

Actuel­le­ment, nous tra­vaillons sur l’imbrication du bâti et de la nature dans une struc­ture pay­sa­gère décli­née à toutes les échelles, du pas-de-porte à l’horizon. Claire tra­vaille sur le « grain » urbain, décou­page par­cel­laire et assem­blage des pro­grammes bâtis, typo-mor­pho des bâti­ments… le plein, et moi je tra­vaille sur le sys­tème espaces publics et la trame pay­sa­gère… le vide.

Le quar­tier Répu­blique est en train de se faire : il sor­ti­ra quand nous aurons fini notre mis­sion dans quatre ans. Ce quar­tier aban­donne l’échelle des macro­lots, pour un décou­page plus com­plexe, notam­ment en termes de mon­tage opé­ra­tion­nel, un sys­tème de blocs divi­sés en îlots eux-mêmes divi­sés en lots. La trame urbaine de 120 par 120 des fau­bourgs de l’île a été reprise, divi­sée par quatre, chaque élé­ment consti­tuant un de ces grands îlots, avec plu­sieurs archi­tectes et des pro­mo­teurs, et une mixi­té loge­ment-acti­vi­té, arti­sa­nat-bureau, du petit, du grand, de la petite mai­son de ville… La den­si­té y sera impor­tante. Ce quar­tier, au nord du CHU, répond au quar­tier de la Créa­tion, qui existe déjà et qui est tra­ver­sé par un des parcs. À l’ouest, de l’autre côté du bou­le­vard et du CHU, un autre quar­tier vien­dra plus tard. Mais ce n’est pas nous qui le conce­vrons. 

À la fin de notre mis­sion, nous aurons fait l’un des parcs de pra­ti­que­ment 1,5 km de long qui va tra­ver­ser ces dif­fé­rents quar­tiers et lon­ger des ter­rains qui seront amé­na­gés peut-être dans dix ans. La ville se fait ain­si : des infra­struc­tures vont des­ser­vir l’hôpital, deux nou­velles lignes de tram­way, des nou­veaux bou­le­vards. Nous tra­vaillons sur cette trame, qui relève plus d’une approche de base, même si elle est com­plexe à mener. 

 

Cette imbri­ca­tion entre bâti et nature est au cœur des débats actuels sur la végé­ta­li­sa­tion de la ville, sa den­si­té, des espaces publics repen­sés pour les nou­velles mobi­li­tés. 

Jac­que­line Osty/ Dans notre approche, on bâtit jus­te­ment pour mettre en place ces logiques de parcs de nature. On a besoin évi­dem­ment de végé­ta­tion, d’îlots de fraî­cheur, mais l’idée est de créer des milieux qui favo­risent la bio­di­ver­si­té. On a réflé­chi à toute une topo­gra­phie des quar­tiers, à des sys­tèmes de ges­tion des sols et des eaux. C’est ce que j’appelle « pré­pa­rer le ter­rain » pour la ville, pour la suite. 

 

Parc Mar­tin-Luther-King, quar­tier Cli­chy-Bati­gnolles à Paris © Mar­tin Argyroglo/AJOA

Pou­vez-vous reve­nir sur la concep­tion du parc Mar­tin-Luther-King, à Paris, qui concré­tise une autre approche ? 

Jac­que­line Osty/ Au départ, ce quar­tier fai­sait l’objet d ’un mar­ché de défi­ni­tion, l’équivalent du dia­logue com­pé­ti­tif actuel. Nous étions quatre équipes en com­pé­ti­tion, dont celle com­po­sée de Fran­çois Gre­ther et moi. Ce pro­jet a été ima­gi­né lors des Jeux olym­piques de 2005. On a com­men­cé en 2003 à tra­vailler sur un plan-masse glo­bal. La notion de « parc cen­tral » a été appor­tée par Fran­çois, qui a ima­gi­né que les bâti­ments don­naient direc­te­ment sur lui, sans cir­cu­la­tion de rues autour, en orga­ni­sant des loge­ments et des équi­pe­ments tout autour. 

Ensuite, nous avons tra­vaillé sur la manière d’assurer la conti­nui­té du parc à la ville. Il fal­lait relier l’est et l’ouest et le nord et le sud, et per­mettre la tra­ver­sée quo­ti­dienne du parc. D’où l’idée d’une trame en conti­nui­té avec la trame urbaine, où les allées s’inscrivent dans le pro­lon­ge­ment des rues. En cela, il se dis­tingue des jar­dins hauss­man­niens où l’on fran­chis­sait une grille, pour entrer dans un monde de nature, où se mettre à l’abri des miasmes de la ville dense. 

Notre pro­jet, au contraire, se vou­lait ouvert. Il appa­rais­sait en contra­dic­tion avec le pro­jet ini­tial de faire un vil­lage olym­pique fer­mé sur lui-même, pro­té­gé pour des ques­tions de sécu­ri­té. Nous avons donc tra­vaillé sur cette ques­tion. Au moment du concours, le des­sin du parc n’existait pas, il s’agissait davan­tage d’un agen­ce­ment de sur­faces spor­tives, liées au vil­lage olym­pique. Ces contraintes ont sau­té avec l’échec de la can­di­da­ture de Paris. Du coup, j’ai intro­duit la topo­gra­phie. 

Les gens viennent voir les ceri­siers en fleurs comme au Japon,
c’est magique

Aupa­ra­vant, la ville du Ples­sis-Robin­son m’avait deman­dé de faire un parc sur le modèle du square des Bati­gnolles que j’avais décou­vert à cette occa­sion et qui est voi­sin. C’est un uni­vers pay­sa­ger assez fort avec des rocailles, des col­lines, une topo­gra­phie, des rochers, une cas­cade, une serre. Il était plein à cra­quer, avec de mul­tiples usages : des gens à l’écart pour lire, des endroits plus ou moins ouverts, plus ou moins intimes, des jeux d’enfants, des jeux de boules, des tables de ping-pong.

J’avais été frap­pée par la mul­ti­tude d’usages ins­crite dans un pay­sage de « qua­li­té », même si c’était avec une écri­ture du XIXe siècle. Cela m’a beau­coup inté­res­sée pour pen­ser le parc Mar­tin-Luther- King dans la ville dense, où le rap­pel à la géo­gra­phie est plus effa­cé. 

J’ai d’abord mis en place une topo­gra­phie tech­nique, pour per­mettre les fran­chis­se­ments ; le site est en effet tra­ver­sé par la petite cein­ture et son his­toire est celle d’un rem­blai fer­ro­viaire posé sur une pente natu­relle, avec 5 mètres de dif­fé­rence entre la rue Car­di­net et les bou­le­vards exté­rieurs. Des bas­sins ont été créés de part et d’autre de la petite cein­ture pour la mettre à dis­tance et les fran­chis­se­ments ont été repor­tés sur les côtés avec une mon­tée pro­gres­sive pour pas­ser au-des­sus des voies ferrées.

À l’intérieur du parc, il s’agissait d’installer une topo­gra­phie pay­sa­gère, pour créer des espaces dif­fé­rents, où l’on peut être un peu plus haut ou un peu plus bas, s’isoler ou par­ta­ger. Elle per­met de créer des espaces et d’imbriquer des usages dans des ambiances pay­sa­gères par­ti­cu­lières. Ensuite, il y a l’eau, élé­ment impor­tant chez les pay­sa­gistes, pour créer des milieux différents.

Enfin, pour intro­duire la nature en ville, j’ai vou­lu l’exprimer à tra­vers les sai­sons répar­ties géo­gra­phi­que­ment de manière spec­ta­cu­laire : toutes se mélangent à un moment don­né, mais au mois de mars les gens viennent voir les ceri­siers en fleurs comme au Japon, c’est magique ; à l’automne, cela devient autre chose, avec d’autres cou­leurs très belles. 

 

Com­ment le voyez-vous vivre ce parc ? 

Jac­que­line Osty/ Le parc Mar­tin-Luther-King devait faire 15 ha. Et puis la pro­gram­ma­tion des loge­ments deve­nant plus impor­tante, il est pas­sé à 10 ha. C’était la barre sym­bo­lique qu’il ne fal­lait pas tou­cher. Aujourd’hui, il ne se révèle pas assez grand au vu de l’apport de la popu­la­tion gran­dis­sante du nou­veau quar­tier. Il manque d’espaces libres, de grandes pelouses, alors qu’il est très fré­quen­té. Mais il offre des situa­tions tel­le­ment dif­fé­rentes que les gens y trouvent leur bon­heur. D’habitude, les gens s’expriment quand ils ne sont pas contents. Là, je reçois encore des petits mots pour me remer­cier. C’est rare ! Main­te­nant, il aurait été un peu plus grand, ça aurait été mieux. 

Nous sommes obli­gés de den­si­fier. Mais il faut qua­li­fier la den­si­fi­ca­tion. Quand on fait des séances de tra­vail en ate­lier pour un nou­veau quar­tier, chaque détail d’architecture est pas­sé au peigne fin. On n’a pas le même sou­ci pour les espaces publics. J’aimerais qu’ils soient autant des­si­nés que le reste. L’espace vert coûte, c’est de l’investissement. Pour­tant il faut défi­nir la bonne échelle, la qua­li­té, trou­ver le bon équi­libre entre la den­si­té urbaine et des vides consé­quents. Mon approche est celle-là. 

 

Vous avez un enga­ge­ment fort à l’École de la nature et du pay­sage de Blois. Com­ment voyez-vous cette mis­sion ? 

Jac­que­line Osty/ Je viens de la ter­mi­ner, a près y avoir ensei­gné un peu moins de 15 ans. À l’École de Blois, j’ai d’abord ensei­gné cinq ans avec Cathe­rine Farelle les pro­jets de ter­ri­toires, les plans-pay­sages, les sché­mas direc­teurs. C’était une échelle que je ne connais­sais pas très bien. On tra­vaillait sur des sites réunis­sant 20 à 25 com­munes, pour éta­blir des pres­crip­tions paysagères.

Par la suite, je suis pas­sée au pro­jet urbain, j’étais plus à mon échelle. Nous récu­pé­rions des étu­diants de deuxième année qui avaient fait un peu de pro­jet et nous devions les ame­ner à pen­ser à un emboî­te­ment d’échelles plus com­plexe. J’ai essayé de leur faire res­sen­tir ce passage.

Ce n’est pas tou­jours facile : à Blois, nous tra­vail­lions sur de vraies conven­tions pas­sées avec des maîtres d’ouvrage, les étu­diants sont donc ame­nés à pré­sen­ter leurs pro­jets devant les élus. Il fal­lait leur faire com­prendre que le pro­gramme n’était pas ins­crit dans le pro­jet urbain (il ne s’agissait plus de faire une place, un espace pour les enfants, un autre pour se garer) et mais que le pro­gramme allait se faire en com­pre­nant le site. Il fal­lait apprendre aux étu­diants à poser la ques­tion dif­fé­rem­ment des élus qui vou­laient du « vert » dans leur com­mune. 

À l’école, on reçoit quelques billes, on s’ouvre l’esprit,
mais cet appren­tis­sage doit se pour­suivre en agence

J’ai beau­coup aimé leur apprendre ce pas­sage d’une échelle à l’autre, la prise en compte du ter­ri­toire, de l’échelle du temps, du lieu, et puis de faire des pro­po­si­tions, d’identifier ce qui ne fonc­tionne pas pour amé­lio­rer la ques­tion du pay­sage dans une petite com­mune. Je ne suis pas quelqu’un qui fait des cours magis­traux. À la fin de l’année, quand on voit qu’ils ont com­pris, c’est satisfaisant.

Le pay­sage n’est pas qu’une réponse de pro­jet, avec un bon desi­gn. Bien sûr, il faut savoir com­po­ser et des­si­ner, cela fait par­tie du bagage que tout pay­sa­giste ou archi­tecte doit avoir, mais l’essentiel tient dans cette com­pré­hen­sion des échelles et de leur emboî­te­ment. Avec l’agence, je n’avais mal­heu­reu­se­ment pas le temps de m’investir dans la péda­go­gie de l’école. 

Aujourd’hui, nous sommes 3 000 pay­sa­gistes, en France. Tous ne tra­vaillent pas sur du pro­jet en agence, tant s’en faut. Si la demande de pay­sage conti­nue de croître, on ne sera pas assez nom­breux. La culture du pro­jet est essen­tielle, c’est l’alchimie de toutes les contraintes tech­niques, géo­lo­giques, finan­cières… même si les étu­diants sont moins confron­tés à cette ques­tion-là. Or, dans les écoles d’archi ou dans les écoles de pay­sage, il y a de moins en moins d’heures pour le pro­jet, et de plus en plus d’enseignement universitaire.

Il faut des pra­ti­ciens dans les écoles, même si ce n’est pas facile à tenir. L’apprentissage du pro­jet prend du temps. À l’école, on reçoit quelques billes, on s’ouvre l’esprit, mais cet appren­tis­sage doit se pour­suivre en agence. Les jeunes pay­sa­gistes conti­nuent à se for­mer au moins pen­dant deux ans après leur diplôme.

 

Quelle est votre ville pré­fé­rée ? 

Jac­que­line Osty/ C’est dif­fi­cile de répondre à cette ques­tion. Je ne vais pas tom­ber dans l’extrême d’une ville comme Venise, qui est un pur rêve. J’aime beau­coup Lis­bonne et Mar­seille. Ces villes ont une topo­gra­phie qui crée des sur­prises, des acci­dents qui les rendent atta­chantes. Mar­seille n’est pas la ville la plus tendre, il y existe une forme de vio­lence, mais le site géo­gra­phique est fort. J’ai une grande ten­dresse pour Lis­bonne. Cette ville marie des quar­tiers très dif­fé­rents, une varié­té de rap­ports au fleuve, elle a beau­coup de richesses et une huma­ni­té qui me touchent beau­coup. 

J’aime aus­si beau­coup Rabat, à cause de son homo­gé­néi­té, il y a la mer, le fleuve, une topo­gra­phie assez douce et une har­mo­nie entre l’architecture et le pay­sage, une imbri­ca­tion de l’architecture orien­tale et de l’époque colo­niale avec l’architecture moderne. Par­mi les autres villes que j’ai beau­coup aimées, je pense à Rome à cause de sa stra­ti­fi­ca­tion his­to­rique, de l’épaisseur qu’on res­sent par­tout. Je la pré­fère à Flo­rence : elle est moins par­faite dans son écri­ture, mais tel­le­ment plus vivante. Après, j’aime beau­coup Paris, évi­dem­ment. New York aus­si, une ville tel­le­ment éton­nante par sa déme­sure pour nous Euro­péens. 

 

Vous n’avez pas gar­dé une ten­dresse pour Los Angeles ? 

Jac­que­line Osty/ Si mais on ne peut pas y vivre sans voi­ture, on est dépen­dant d’un sys­tème. Ce que j’ai pré­fé­ré aux États- Unis, c’était l’aventure. Je conseille à tous les jeunes, s’ils le peuvent, de par­tir, d’aller voir ailleurs com­ment les autres vivent. Et puis, je me suis tel­le­ment amu­sée. 

Antoine Lou­bière et Jean-Michel Mestres

 

Pho­to : Jac­que­line Osty © Arnauld Duboys Fresney

 

 

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